En 1999, TVR présente la Tuscan. Un missile routier, affiché à un prix défiant toute concurrence, au style unique et surtout, animé par un tout nouveau 6 cylindres en ligne promettant près de 400 chevaux ! La presse, enthousiasmée par le caractère « old-school » de cette brute, s’empresse de préciser que le bolide briton est capable d’enfumer quelques prestigieuses supercars pour une fraction du prix ! L’affaire semble entendue, mais les journalistes précisent tout de même que la maîtrise de la chose n’est pas donnée…

Etalon sauvage

TVR rompt avec sa tradition de V8 (ex-Rover) pour un tout nouveau moteur maison, un 6 cylindres en ligne de 3,6 ou 4 litres. Les amateurs craignaient une perte de caractère, mais dans les faits, ce fût tout l’inverse ! Ce 6 cylindres atmosphérique déborde de vie et de puissance, annonçant entre 350 et 400 chevaux selon les versions. Et avec moins de 1,1 tonne, les performances sont météoriques, en dépit de l’antique boîte manuelle à 5 rapports qui y est accouplée.

Le comportement ? Aussi sauvage que le moteur ! Ultra directe, la direction pointe un museau qui ne demande qu’à engager dans la courbe. A l’arrière, les roues motrices ne demandent qu’à déborder le train avant, en dépit du pont autobloquant. D’une rare brutalité et dénué de toute aide électronique, le comportement demande beaucoup de doigté pour être apprivoisé. Y compris à allure relativement modérée !

Hélas…

Mais ce n’est pas tant le caractère impétueux de la machine qui freinera les ventes, que les difficultés de la firme à exporter son modèle hors du marché britannique. Mais surtout, la Tuscan a rapidement souffert d’une exécrable réputation en matière de fiabilité. Une réputation hélas… tout-à-fait justifiée ! Les premiers moteurs explosaient au bout de quelques dizaines de milliers de kilomètres dans le meilleur des cas… Quant à l’électronique, ce n’est qu’une vaste preuve de l’étendue de l’humour britannique. Et ne parlons même pas de la finition ou de la résistance anticorrosion du châssis.

A quel prix aujourd’hui ?

Alors que les sportives voient leur valeur grimper en flèche sur le marché de l’occasion, les TVR se contentent d’une douce évolution de leur cote. Certes, ça monte, mais pas de manière aussi brutale que du côté de la concurrence. Comptez environ 30.000 € pour un exemplaire en conduite à droite en état moyen (à fuir) et plus de 50.000 € pour un beau véhicule, en conduite à gauche (très rare). Le marché anglais réserve de nombreux exemplaires à environ 25.000 €, mais l’historique est souvent flou et… il faudra faire homologuer le bestiau en Belgique, ce qui n’est pas une mince affaire considérant la disparition de la marque !

Fiabilité

Les TVR n’étaient pas fiables hier, elles le sont beaucoup plus aujourd’hui ! De nombreuses officines, principalement britanniques, proposent aujourd’hui une révision complète du moteur, doublée d’une fiabilisation. Inutile de dire que c’est absolument indispensable, le moteur d’origine étant incapable d’encaisser plus de 30.000 km. La facture se voit forcément alourdie de quelque 10.000 € environ. Petit bonus : vous pourrez en profiter pour grappiller encore quelques chevaux, même si cela n’est pas vraiment nécessaire. Reste le problème de corrosion et d’électronique, toujours préoccupant aujourd’hui. Comptez entre 2.000 et 5.000 € de frais de maintenance annuels… Si vous trouvez le spécialiste !

Conclusion

La TVR Tuscan, c’est la Mata Hari des sportives. Belle, aguicheuse, d’un tempérament ensorcelant, mais également capable de vous ruiner, voire de vous éjecter de la route. Si sa cote peut paraître abordable par rapport à des engins similaires, gardez une solide enveloppe de côté au cas où. Et ne déprimez pas à la première déconvenue : nous vous avons prévenus ! Mais une balade estivale sur une route sinueuse, dans le tonnerre d’échappement, aura vite fait de vous faire oublier ces désagréments…