Essais

Alfa Romeo 4C Spider vs Porsche 718 Boxster S : Quatre, ça suffit ?

Quatre cylindres, c’est suffisant pour offrir des sensations ? Tout dépend du quatre cylindres en question. Ou alors de la voiture dans laquelle il se trouve. Démonstration de cette double théorie grâce aux 4C Spider et 718 Boxster S.

  • Christiaens  Jean-Francois Christiaens Jean-Francois
  • 01 juillet 2016
  • Porsche
Porsche Boxster
    Alfa Romeo

      Vingt ans après son apparition au catalogue, le modèle « d’accès » à l’univers Porsche retourne vers le futur en abandonnant ses gros moteurs atmosphériques au profit d’une toute nouvelle génération de quatre cylindres turbo. On a beau argumenter que cette manœuvre n’a rien d’un sacrilège tant l’histoire de Porsche est intrinsèquement liée aux quatre pattes, restons honnêtes : la technique sert avant tout à répondre aux homologations. Sur ce plan, la manœuvre est réussie. Les 718 Boxster et 718 Boxster S affichent des consommations moyennes en baisse de près de 15% par rapport aux précédents Boxster / Boxster S à six cylindres atmosphériques. Ok, mais côté performance alors ?

      4 kg/ch

      A priori, on ne devrait tout de même pas être déçu. Histoire de conserver un rapport poids/puissance comparable avec la 4C Spider, on a effectivement retenu le 718 Boxster siglée S pour notre comparatif. Son nouveau 2.5l développe alors 350 ch et assure, compte tenu du poids de la voiture tournant autour des 1.400 kg, un rapport poids/puissance d’environ 4kg/ch. Pas mal.

      Cela dit, même si à côté, le 1.750 cc de 240 ch de la 4C Spider passerait presque pour un bloc chétif, il assure un rapport poids/puissance encore inférieur à 4 kg/ch. C’est qu’ici, même si le Spider pèse environ 45 kg de plus que le coupé, le moteur n’a pas beaucoup plus de 900 kg à animer. Voilà une journée qui s’annonce bien !

      Exubérance

      Histoire de retomber les pieds sur terre deux minutes, parlons tarif. Côté prix, à priori, nos deux engins se tiennent aussi dans un mouchoir de « porsche » : le Boxster S se négocie à partir de 71.934,5€ si l’on retient la boîte à double embrayage PDK. Soit quasiment le même tarif que celui exigé par Alfa pour son Spider 4C (73.200€, avec la boîte DCT de série).

      Mais le coupé ne s’affiche-t-il pas « seulement » à 51.1500€ ? Si. Mais compte tenu du succès rencontré par cette super-car en miniature et sa cadence de production limitée, la marque italienne n’a pas hésité à gonfler massivement la note pour la version découvrable. Bon, cela dit, Porsche ne pourrait pas vraiment jeter la première pierre. Au final, options comprises, « notre » 718 dépassait la barre des 100.000€. Ah oui, tout de même…

      Jouet

      A sa décharge, disons qu’elle peut alors s’envisager comme la seule voiture du ménage. Si vous n’avez pas d’enfant et un conjoint compréhensif, bien sûr. Elle se montre assez pratique à l’usage avec ses deux coffres (150l à l’avant, 125l à l’arrière), ses espaces de rangement et puis tous ses attributs dignes d’une voiture haut de gamme du 21ème siècle. L’insonorisation est également excellente (sauf peut-être les bruits de roulement) et le filtrage des suspensions étonnant.

      Il ne faut pas plus de quelques dizaines de mètres pour se rendre compte que l’Alfa 4C Spider imposera de recourir à un autre « déplaçoire » pour ses trajets quotidiens. Passons encore sur le coffre rikiki (110l, mais complètement rempli une fois la toile déposée manuellement) et les espaces de rangement aux abonnés absents. Mais le chahut qui règne à bord, l’exiguïté du poste de conduite et l’absence de direction assistée useront finalement les nerfs, même des puristes ! Sans parler de la visibilité périphérique inexistante et du caractère sautillant de la suspension aux basses-vitesses.

      Petite furie !

      Quittons la périphérie bruxelloise pour nous rendre vers des espaces de jeu mieux adaptés à ces petites furies. En chemin, on apprécie l’excellente souplesse du 2.5l Boxer Porsche. Avec son couple maxi de 420 Nm ( !) dès 1.900 tr/min, il ne manque pas de souffle, on s’en doute ! Le petit moteur italien se montre moins rond et plus caractériel. Mais compte-tenu du poids à animer, les 350 Nm qui arrivent à partir de 2.200 tr/min ne semblent pas vraiment à la peine. Par contre, une fois qu’on lâche la bride, le petit moteur italien change de visage et se transforme en véritable bête sauvage !

      Bien en main

      Une fois titillé, le moteur Alfa devient effectivement aussi brutal qu’un bloc de compétition et, dans un concert de hard-rock rythmé des « tchhhhh » de la soupape de décharge, il propulse la petite barquette d’un virage à l’autre. Les bruits en tous genres deviennent encore plus marqués (évitez les routes à gravillons si possible !). Mais avec le couteau entre les dents, cela participe plutôt à l’ambiance « racing » qui règne à bord. Du coup, les absences d’assistance pénalisantes en ville ne posent ici plus problème.

      Au contraire : on dose parfaitement son freinage (si l’on possède un mollet un peu musclé tout de même…) et le niveau d’adhérence du train avant remonte en ultra-haute fidélité dans le creux des mains. Par contre, attention à ne pas lâcher le volant : le moindre défaut dans le revêtement induit un tiraillement plutôt viril dans la direction. C’est qui le maître à bord, finalement ?

      Trop simple ?

      La Porsche 718 Boxster S offre un autre type d’agrément en conduite sportive. Elle se révèle tout aussi rapide. Même plus. Les limites d’adhérences semblent encore plus éloignées que celle de la 4C en conduite vraiment sportive. Par contre, la décontraction avec laquelle la Porsche surmonte les difficultés force le respect. On atteint des vitesses supersoniques sans jamais transpirer.

      Le moteur turbo permet de gagner encore en performances par rapport au précédent flat-six. Mais il poursuit dans la même tendance à lisser les sensations. On ne ressent plus le coup dans le bas des reins quand le moteur atteint des régimes himalayens comme par le passé. Mais diable : ce petit « gonflé » assure des prestations encore plus soutenues que celles de la 911 Carrera ! Le respect se perd…

      Conclusion

      En ville, on pleurait pour quitter l’habitacle spartiate de la 4C Spider pour s’installer confortablement dans le cocon de la 718 Boxster S. Mais, sur les petites routes, on pleurait pour remonter à bord de notre petite furie italienne. Mais je suppose que repartir avec une 718 Boxster S pour ses déplacements quotidiens et posséder une Alfa 4C Spider dans son garage pour le week-end serait un peu trop exagéré, non ? Ah oui, je m’en doutais. Alors, que choisir ? Pfffff… Est-ce qu’on peut avoir des boules Quies et un abonnement à une salle de sport si l’on achète la 4C ?

      Lire plus:

      Christiaens  Jean-Francois
      À propos de l'auteur : Christiaens Jean-Francois Jean-François Christiaens est journaliste automobile depuis 2005. Passionné par tout ce qui roule, il prend autant de plaisir à découvrir une voiture électrique que de rouler dans une hypercar. Mais son cœur penche tout de même plutôt vers l’univers des petites bombinettes héritières de l’ère GTI. Quoique dorénavant, un bon break confortable ne le laisserait pas indifférent. C’est ça, vieillir ?
      Photos ©: Jean-François Christiaens.

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