Essais

processus d’envoûtement !

C’est qu’il aura fallu mesurer mes mots, avant d’avertir notre photographe du prochain périple ! Côte d’Opale et Alfa Romeo cabriolet auront suffit à motiver les troupes, Julie aura bien le temps d’apprendre que la belle Italienne approche les 45 ans, avec les quelques incommodités que cela suppose… Pourtant, notre vieille dame (l’Alfa…) aura su jouer les séductrices !
  • Piette François
  • 05 juin 2011
  • Alfa Romeo
Avantages et inconvénients
  • Boîte d’enfer
  • Confort honorable
  • Facilité de conduite
  • Ligne envoûtante
  • Moteur d’enfer
  • Sonorité évocatrice
  • Caprices électriques
  • Carrosserie exposée
  • Cher
  • Corrosion endémique
  • Entretien exigeant
  • Freinage médiocre
  • Rigidité

Conflit de génération !

Julie n’est certes pas née avec un carburateur Weber dans le berceau. Lectrice assidue de Cosmopolitan et fan de bars urbains branchés, elle regarde d’un œil suspicieux ma dernière monture : une splendide Alfa Romeo Duetto de 1966, d’un vert on ne peut plus pétant et suintant bon l’essence et l’huile chaude ! L’aventure étant pour elle, un concept d’un cinglant ridicule réservé aux âmes en mal de vivre, difficile d’entamer ce périple sans une once d’appréhension… D’autant que mon légendaire sens de la compassion aura suffi à donner le ton : « Va falloir rentrer tôt : les phares ne fonctionnent pas »… Ambiance…

Un brushing ? Quel brushing ?

C’est parti pour l’autoroute ! Partant de Bruxelles, décision fût prise de prendre l’autoroute jusque Gand, puis de bifurquer vers Courtrai avant d’entamer les petites routes. Les cent premiers kilomètres ne sont donc pas les plus jouissifs, d’autant que l’isolation au vent est digne d’un jet-ski ! Heureusement, les bruits de vent sont suffisants pour couvrir les grognements saugrenus venant de ma droite… Plus convaincue par le chauffage transformant l’habitacle, pourtant au grand air, en étuve, Julie tente à grands coups de capuchons et autres vestes enveloppantes de se protéger des bourrasques latérales… Adieu brushing…

Pour ma part, le bonheur est déjà présent : le tableau de bord a de quoi émerveiller le plus dépressif des croque-morts, avec des petits cadrans cerclés de chrome orientés vers le conducteur, un volant en bois véritable et une belle bande verte rappelant la couleur de la voiture ! Tout cela fleure bon l’Italie des années 60 ! Entre les gros camions aux allures de gratte-ciels, les monospaces mazoutés gris et autres engins insipides, l’Alfa joue les starlettes, avec sa ligne divine, dessinée par un Pininfarina au meilleur de sa forme !

De Ypres à St Omer…

Arrivés à Ypres, les oreilles sifflantes, le visage joyeusement fouetté par le vent et la calvitie naissante (ça, c’est pour moi) mise à point par un soleil généreux, nous décidons de continuer notre périple par les petites routes. Jusque Saint-Omer, l’Alfa se fait docile entre feux rouges, ronds points et autres joyeusetés urbaines… Il est grand temps de réveiller tout ça !

Puissance et gloire !

Enfin, alors que nous poursuivons notre route vers Coulombry, les routes entament un élégant   ballet entre les collines naissantes, donnant au paysage toute sa puissance. Et de puissance, fichtre bleu, il en est également question sous le capot : le 4 cylindres Alfa passe du grondement rauque des bas régimes à un timbre rageur au-delà des 3.500 tr/min ! Expressif, musical et d’une incroyable disponibilité, ce moteur est une pure merveille ! Il pousse à n’en plus finir, en dépit de ses 45 années bien sonnées !

Face aux réalisations anglaises contemporaines, principalement conçues sur des bases archaïques, pour ne pas dire agricoles, l’Alfa représentait un véritable festival technique : moteur tout alliage, 110 chevaux pour une cylindrée de 1,6 l, double arbre à cames en tête, boîte à 5 rapports… Mais là où notre Italienne nous rappelle son âge, c’est au sujet du comportement : cette propulsion à essieu arrière rigide a le tempérament pittoresque : ça rue dans les brancards ! L’arrière sautille, la caisse se tord, la direction ne semble que peu réceptive à mes injonctions et les freins de notre exemplaire ont une efficacité toute relative ! Au moins, cette rigidité de loukoum ramolli a le mérite de tenir notre joyeux équipage éveillé…

A Selles !

Passé Coulombry, notre chevauchée sauvage se poursuit vers Selles, Bournonville, Wirwigne et, enfin, Boulogne sur Mer. Les paysages se font dès lors somptueux et l’air marin finit de titiller notre appétit ! Et pas que le nôtre : les 110 poulains hennissant sous le capot demandent eux aussi, leur ration d’avoine de compétition !

Boulogne sur Mer, c’est non seulement une charmante station balnéaire, mais également un centre-ville pittoresque, où il fait bon vivre au ralenti. Une bonne table ne semble pas trop compliquée à débusquer, restera à prononcer correctement les spécialités locales sans vous ridiculiser devant le serveur : Potjevlesch, Hachepots… Une cuisine pas forcément légère, mais aux saveurs agréables ! Voire au fumet décapant, dans le cas du Goyere, tarte au maroilles, ce fameux fromage propre à réveiller Toutankhamon !

« Calais par la côte »

Equipage requinqué, il est grand temps de remonter vers Calais ! « C’est trop beau », s’exclame l’artiste devant la mer jouant à cache-cache entre les vallées. Un spectacle ravissant qui prend une saveur toute particulière au volant de l’Alfa ! C’est le moment de prendre quelques clichés, l’occasion pour notre Juju nationale de jouer à l’acrobate pour la photo idéale et pour moi, de constater que cette direction n’est pas si lourde…

Notre Duetto semble dans une forme olympique, les 110 canassons ont probablement le museau titillé par des pouliches appétissantes, et c’est un régal d’enchaîner les vitesses sur ces petites routes surfacées au laser ! Le ronflement rauque du « bialbero » trouve un écho orchestral dans les rues encaissées des villages traversés et les relances sont tout aussi gratifiantes ! Même Julie semble apprécier !

Ça souffle au large !

Wimereux, Ambleteuse, Wissant, tous ces villages prennent une teinte estivale, sous ce soleil brillant qui plus est relevé par la teinte flash de notre belle italienne… Pourtant, arrivés au Cap Blanc-Nez, nous voilà à jouer les cerfs-volants, tant les bourrasques sont violentes ! « Vive le vent, Vive le veeeeeent » s’égosille la Juju, frappée en pleine poire par une impétueuse rafale ! Un petit cliché souvenir, et nous voilà sur la route de Calais…

Une pompe, où ça, une pompe ?

Cette fois, ça devient franchement critique. Avis aux distraits, sur l’autoroute entre Calais et Jabbeke, les pompes sont aux abonnées absentes ! Reste à en trouver une tant que nous sommes dans Calais : l’aiguille de la jauge indique le grand vide ! Comme les stations essence ne sont pas encore reconnues comme patrimoine national et que, par conséquent, le panneautage les ignore, il ne nous reste plus que les locaux pour en dégoter une ! Ce qui n’est pas une mince affaire : ni Julie, ni moi, n’avons fait Ch’tit deuxième langue ! Non, ce n’est pas une légende, mais un peu de bonne volonté et beaucoup de chance nous auront finalement mis sur la voix du Salut…

Séparation douloureuse…

Le chemin du retour ne sera qu’une formalité : les 170 kilomètres d’autoroutes sont avalés avec gourmandise par l’Alfa, dans un confort, ma foi, assez honorable. Même la photographe, pourtant peu habituée aux remue-ménages d’un ancêtre, a fini sous le charme envoûtant de la belle… Une consommation d’huile quasiment nulle, une consommation d’essence raisonnable (un petit 8 l/100 km), un agrément de conduite enivrant et une ligne sculpturale : cette Alfa réussit un quatuor magique ! Après cette chaleureuse aventure, il ne reste plus qu’à rendre les clés au Classic ClubArrivederci, bella ragazza !
 

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À propos de l'auteur : Piette François
Source ©: Alfa Romeo.

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