Essais

Luxe et volupté

Essayer une nouvelle Rolls-Royce constitue déjà une expérience à part entière. Mais lorsqu’il s’agit d’une version cabriolet, un beau jour d’été, et qui plus est dans la plus chic des stations de la côte belge, cela prend des allures de pèlerinage.
  • Piette François
  • 14 août 2007
  • Rolls-Royce
Avantages et inconvénients
  • Amortissement (filtration)
  • Finition de qualité
  • Onctuosité de la boîte
  • Silence
  • Souci du détail
  • Consommationé
  • Design contestable
  • Poids/inertie
  • Tarif astronomique
Pour passer inaperçu à Knokke le Zoute au mois de juillet, vous avez deux solutions. Soit vous roulez en Porsche, soit vous vous déplacez en voiturette de golf électrique. Nous, on a choisi une Rolls-Royce. Mais pas n’importe laquelle. La Phantom Drophead Coupé que l’importateur belge nous a confié, le temps d’une matinée aussi ensoleillé que mémorable. Et au volant d’un tel engin croyez-moi, même au Zoute, on se retourne. Il faut dire que les richissimes propriétaires de cette station super sélect n’ont pas encore pu se l’offrir. Non pas qu’ils n’aient pas 500.000 euros devant eux (c’est le prix de la voiture !), mais les délais d’attente sont actuellement de trois ans ! Du coup, tous les regards convergeaient vers le Spirit of Ecstasy trônant fièrement sur la calandre. Et la place m’as-tu vu (Albert Plein) n’avait jamais aussi bien porté son nom… Les Belges aiment les Rolls Un petit mot tout d’abord sur les endroits du monde où l’on roule le plus en Rolls, histoire de vous réserver une petite surprise. Le premier marché, on le trouve à Beverly Hills, aux Etats-Unis. Ensuite viennent l’Asie, le Moyen Orient et l’Angleterre. Et en Europe Continentale, devinez quoi ? C’est la Belgique qui arrive en tête ! En 2006, douze commandes ont été signées (8 berlines et 2 cabriolets). C’est plus qu’en France ou même qu’à Monaco. Bien entendu, toutes les voitures achetées en Belgique ne circulent pas sur nos routes (elles se retrouvent aussi en Hollande et au Luxembourg). Mais tout de même… Et l’arrivée de ce nouveau modèle devrait encore booster les ventes, d’autant que ce n’est pas le prix d’achat de 400.000 euros hors TVA et sans option qui devrait constituer un frein à ce niveau. Entièrement nouvelle Cette Drophead Coupé est directement déclinée du prototype 100EX qui avait été dévoilé en 2004 pour célébrer le centenaire de la marque. Durant les deux tours du monde qu’elle entreprit, la 100EX rencontra un tel succès que la décision fut prise, à l’automne 2005, de la mettre en production. Et voilà comment, deux ans plus tard, je me retrouvais au volant du deuxième nouveau modèle commercialisé par Rolls-Royce depuis le rachat de la marque par BMW en 1998. Pour les designers de Goodwood, il était hors de question que la Drophead Coupé ne soit « que » la version décapotable de la Phantom. Résultat : chacun des panneaux extérieurs de la Drophead est nouveau, inspiré du style de la Phantom, mais avec des proportions soigneusement étudiées pour épouser parfaitement la nouvelle structure plus courte de 25 cm que celle de la Phantom. Evidemment, vu la minutie du travail d’assemblage, il faut du temps pour faire naître une Drophead : 350 heures ! Héritage allemand oblige, le châssis est fabriqué au centre BMW de Dingolfing, où chaque élément est soudé à la main avec une tolérance d’à peine 0,1 mm. L’un des problèmes les plus épineux auquel les ingénieurs ont dû faire face concerne la proximité du capot en acier brossé optionnel et des ailes avant en aluminium. Ces deux matériaux sont en effet rarement utilisés dans un même assemblage en raison des effets de corrosion qu’entraîne l’aluminium sur l’acier. L’équipe de développement eut alors l’idée d’intégrer une DeLorean des années 80 (rappelez vous le film « Retour vers le futur » !) au processus de test en raison de sa structure acier/aluminium comparable. L’art du camouflage Originale, cette Rolls-Royce de l’extrême l’est dès le moment de monter à bord. Il faut en effet savoir que les portes s’ouvrent à l’envers. Le but est de faciliter la montée et la descente des passagers arrière, mais aussi de renforcer la rigidité, traditionnel point faible des cabriolets, en permettant l’utilisation d’un pilier A continu. Une fois assis, il faut quelques minutes pour faire le tour de toutes les subtilités de cette impressionnante anglaise. A commencer par les parapluies intégrés dans les ailes avant et disponibles lorsque les portes sont ouvertes. Ils sont conçus en téflon pour sécher rapidement. Derrière le volant volontairement ultramince pour être manipulé du bout des doigts, je remarque l’absence de compte-tours. Il est remplacé par un cadran circulaire badgé « power reserve » : son rôle est d’avertir en continu le conducteur de la puissance encore disponible. Amusant, mais totalement inutile. Pour le reste, l’instrumentation de bord relève de l’art du camouflage. Tout est dissimulé, à commencer par l’écran multimédia qui se cache derrière la montre et bascule lorsqu’on a besoin de lui. Il est commandé par un joystick similaire à celui de l’i-Drive de BMW, mais dont l’utilisation a été simplifiée. Sous l’accoudoir central, on trouve l’ensemble des boutons (et il y en a) destiné au réglage des sièges, alors que deux boutons situés sur les contre-portes permettent de fermer électriquement les portières. En matière de communication, la voiture est équipée d’un système Bluetooth, et un clavier de numérotation est dissimulé dans un tiroir coulissant du tableau de bord. Ah oui, j’oubliais : le système audio comporte 15 enceintes… Bois et alu Vous l’aurez compris, le souci du détail est ici poussé très loin. Y compris dans le choix des matériaux d’ailleurs puisque toutes les surfaces de l’habitacle sont conçues pour résister à la pluie. A commencer par les sièges qui sont dépourvus de tout repli afin d’offrir une surface lisse sur laquelle les traces d’humidité peuvent être aisément éliminées. Les clients Rolls-Royce détestant les imperfections, il faut pas moins de 17 bêtes pour recouvrir l’habitacle de cuir. Pour le reste, les clients ont le choix entre des finitions en bois ou en aluminium. Les teintes de ces deux matériaux sont d’ailleurs utilisées pour les principales options disponibles sur la Drophead. La première concerne le capot et le montant A en acier brossé rappelant le style classique de la Phantom des années 20 et 30. La seconde se situe au niveau du panneau de couverture arrière en teck, un matériau choisi pour ses qualités de robustesse, d’imperméabilité et de durabilité. Composé de plus de 30 pièces de bois soigneusement huilées, ce panneau conserve un aspect non traité comparable à celui que l’on retrouve sur les bateaux de plaisance. Le charme des gouttes Qui dit cabriolet, dit forcément capote. Du moins dans l’esprit des responsables de la marque pour lesquels « il n’y a rien de plus romantique que d’être au volant d’un cabriolet un soir de pluie et d’entendre les gouttes s’écraser sur la capote ». Pas question donc de toit rigide escamotable, d’autant qu’il fallait conserver un maximum de place dans le coffre afin de pouvoir caser les sacs de golf… Cela dit, l’isolation acoustique et thermique de ladite capote est parfaite, et la partie intérieure est constituée d’un mélange de laine et de cachemire. On a connu pire… Tapis volant Mais de capote nous n’avons pas eu besoin, profitant de l’une des rarissimes journées ensoleillées de cet été. Contact. Zut, ça ne démarre pas ! Mais si, le moteur tourne me glisse mon voisin. Ah bon, sans compte-tours, impossible de s’en rendre compte, du moins dans l’agitation de la place Albert. On est assis haut dans cette Drophead, et c’est tant mieux car vu les dimensions du véhicule, il est préférable de voir le bout des ailes. La boîte automatique à six rapports est d’une onctuosité absolue et aucun à-coup ne se fait sentir. Même constat en matière de suspension : les amortisseurs à air donnent l’impression d’être sur un tapis volant. Rien ne bouge, rien ne vibre, preuve que le travail effectué sur la rigidité porte ses fruits. Comme prévu, je manipule le volant à deux doigts. Etrange, je n’ai pas envie d’accélérer. On est bien à cette allure. Mais bon, faut tout de même voir ce qu’elle a dans le ventre. La réponse est un V12 de 6,75 litres de cylindrée d’origine BMW. Avec 453 chevaux et 720 Nm de couple dont 75% sont disponibles juste au-dessus de 1.000 tr/min, il convient parfaitement à cette Rolls. Et si l’on veut se décoiffer, il y a moyen. Cet énorme bateau de plus de 2,6 tonnes est en effet capable de passer de 0 à 100 km/h en moins de 6 secondes, et de rouler à 240 km/h. Mais dans ces conditions, on est largement au-delà des 17 l/100 km qui fut notre consommation moyenne durant notre balade à faible allure…

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À propos de l'auteur : Piette François
Photos ©: Manufacturer. Source ©: Rolls-Royce.

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