« Face à un tel plateau, le podium constituerait un exploit »
Cette fois, on y est. Après un réveillon passé dans la froideur belge, l’équipe Delahaye Renault Team au grand complet, soit plus de vingt personnes, s’est envolée lundi dernier en direction des Emirats Arabes Unis où elle a retrouvé ses deux Mégane Silhouette embarquées fin novembre en direction du soleil (24 degrés le midi) de Dubaï.
Après deux jours d’ultimes préparatifs sur place destinés à l’aménagement du stand, aux différents contrôles et à la décoration des deux voitures (Roger Bertrand de Publiaplic viendra passer une journée sur place pour sticker les nouveaux partenaires avant de retourner directement à Bruxelles !), on passera ce jeudi aux choses sérieuses avec les premiers entraînements libres et surtout la qualification en vue d’un double tour d’horloge dont le feu vert sera donné à 14h locales, soit 11h en Belgique. Avec au départ 90 voitures dont 12 préparées chez nous.
« Il s’agit pour notre équipe d’un triple défi, » avoue Gilles Terlinden, patron du team Delahaye Renault United for Belgium. « Tout d’abord, il s’agit de notre première grande endurance internationale. Ensuite, si nous avons une petite expérience des 24H à Spa avec la Saab Procar, c’est la toute première fois que nous affronterons cette distance avec les Mégane Silhouette championnes de Belgique en Tourisme. Après une simulation réussie de 6h, nous avions facilement remporté les 12H à Spa. Mais ici la distance est doublée. On ne peux pas garantir la fiabilité de nos machines, prévues à la base rappelons pour des sprints, au-delà de la mi-course. Nous abordons dès lors ces 24H dans le même état d’esprit que les 12 heures 2006. Une année pour voir et rejoindre l’arrivée en tirant un maximum d’enseignements pour la suite, notre objectif étant de participer dès 2008 à ce nouveau championnat de 24 heures comprenant, en dehors de Dubaï, les épreuves du Lausitzring, de Budapest et de Valencia. »
Dans cette optique, toute l’équipe DRT prépare ce rendez-vous depuis trois mois comme personne d’autre, en soignant tous les détails, à commencer par la composition des équipages.
« Vu la difficulté pour trouver des bons pilotes avec les budgets nécessaires pour participer à cet événement dans de bonnes conditions, nous avons décidé, ainsi que l’autorise le règlement, de limiter les risques en constituant un équipage de cinq pros (Fred Bouvy et Vincent Vosse rejoints par les anciens pilotes de monoplaces Greg Franchi et Bas Leinders ainsi que par Stéphane Lémeret, soit deux Bruxellois, deux Liégeois et un Néerlandophone) connaissant bien la voiture et l’endurance. Notre stratégie constitue une première du genre. Cela permettra de mieux préparer la course et les réglages lors des six heures d’essais, les pilotes rouleront plus et on usera moins le matériel. Nos champions Fred et Vincent seront chargés du shake down et de la mise au point de l’auto. C’est eux aussi qui prendront le départ. Sur la Mégane 104 noire, les titulaires en début de course seront Vosse et Franchi, tandis que sur la 105 blanche on retrouvera Lémeret et Leinders, Bouvy jouant le rôle de l’électron libre et passant d’une à l’autre. Si une auto est retardée ou connaît un souci, les cinq hommes poursuivront la course sur une seule voiture. Ainsi, on multipliera nos chances de bon résultat. »
Un résultat toujours très aléatoire dans les épreuves de 24 heures, surtout face à un plateau aussi riche en qualité qu’en quantité.
« Il faudra d’abord gérer le trafic avec 90 voitures et des petites Fiesta et Seat diesel autour desquelles les Porsche et nos Mégane devront zigzaguer. Les risques d’accrochage seront très grands, » analyse le quadruple lauréat des 24H de Francorchamps Thierry Tassin, nommé directeur sportif du DRT comme aux 12H de Spa. « Ensuite, le plateau n’est pas celui du BTCS. Le niveau des autos est nettement plus relevé puisqu’on dénombre pas moins de 30 Porsche dont une quinzaine de GT2 nettement plus puissantes et logiquement plus rapides que nos Silhouettes limitées surtout en vitesse de pointe (240 km/h contre 260 km/h). Avec les deux énormes lignes droites du circuit F1 de Dubaï, cela constituera notre handicap numéro 1 et l’on ne doit pas s’attendre à se retrouver dans le Top 10 aux essais. Notre deuxième point faible est notre autonomie d’une heure vingt, parmi les plus faibles. Pour compenser cela, l’équipe et nos pilotes devront effectuer un sans-faute. Il faudra jouer la carte de la fiabilité, choisir la meilleure stratégie et compter sur un des meilleurs équipages du plateau. Il y a 15 heures de nuit. C’est à ce moment-là qu’il faudra faire la différence, attaquer pour essayer de remonter sur le podium ce qui, compte tenu du plateau, constituerait un exploit. Il faut bien se mettre dans la tête qu’on ne va pas là pour gagner, si ce n’est le classement réservé aux neuf Silhouettes. Face à des 997 RSR pilotées par des gars de la trempe d’Alzen, Wendlinger, Lechner, Konrad ou Westbrook, c’est quasi impossible. On ne joue pas dans la même catégorie. Un Top 5 paraît plus raisonnable.»
Un exploit réalisé l’an dernier par Rudy Penders dont la Porsche 996 RS Prospeed n’était pourtant équipée que d’un petit moteur de Cup. « On a tout misé sur la fiabilité et cela a marché, » raconte le concessionnaire Porsche liégeois sur la plus petite marche du podium de la dernière édition. « D’année en année, le niveau de cette course augmente. C’est pourquoi, pour améliorer nous aussi notre résultat de 2007, nous avons décidé de rehausser le niveau de notre matériel en utilisant un moteur de RSR mais aussi de notre équipage puisque Franz Lamot et moi-même serons cette fois épaulés par les Finlandais Michael Forsten et Markus Palttala. Je suis convaincu que nous serons aussi rapides que les 997 RSR et que nous pourrons dès lors briguer une place dans le tiercé final. La victoire est un rêve tout à fait réalisable. Certaines Porsche sont très rapides mais aussi très mal pilotées. On verra plus clair sur les chances de chacun après 6 heures de course. »
Enfin, parmi les nombreuses Porsche Cup, on suivra avec intérêt la progression de la 997 G-Force de nos compatriotes Christian Kelders et Philippe Greish, devenus des habitués de l’endurance. Et des podiums de classe…