Le plein…
Le temps passe, les kilomètres défilent, les réservoirs se vident, il est temps de faire le plein. Nous arrivons dans le village de San Pablo, à l’entrée duquel une station-service semble nous tendre les bras. Nous nous y précipitons, pour entendre le pompiste nous dire qu’il n’y a plus une goutte de gasolina, mais qu’à l’entrée du village, juste après le pont, dans la première maison, il y a de l‘essence en bidons, à cinq bols le litre. Allez zou, on y va. Ha ben non, là non plus, il n’y en a pas. Mais, nous dit ce commerçant, deux maisons plus loin, il devrait y en avoir. Hop, on y va. Le panneau peint à la main indique clairement que « se venda gasolina », il y a de la lumière à l’intérieur. On appelle, on frappe sur le mur en tôle ondulée, on gueule, enfin le patron apparaît, un peu hébété.
… s’il vous plaît
Nous lui demandons s’il possède quelques litres de ce précieux liquide qui nous permettra de joindre Trinidad. Il en a, mais ne semble pas disposé à nous en vendre. Nous rentrons dans la boutique, ou ce qui en tient lieu, et nous dirigeons vers les fûts d’essence. Devant notre obstination, il paraît prêt à revenir sur sa décision. En fait, il est complètement « pété » et c’est d’un pas mal assuré qu’il va chercher un bidon en plastique de dix litres. Pendant ce temps, nous couchons le fût sur le côté et l’ouvrons. Notre commerçant, entretemps muni d’un tuyau souple, commence à siphonner pour remplir le bidon de dix litres. Nous sortons notre appareil photo pour immortaliser la scène. Quand le flash se déclenche, inquiet, notre gars nous demande ce qui se passe. C’est pour mesurer le niveau dans le bidon, affirme Maurice avec assurance. Ah ? Bon ! fait-il simplement…
Pause
Mais nos réservoirs sont pleins et nous assurent donc l’arrivée à destination. La route est décente. Nous filons côte à côte, à 90 miles à l’heure dans la nuit noire entrecoupée de bancs de brume. Un peu plus tard, la passagère d’une des deux motos (hé oui, depuis Santa Cruz, nous sommes quatre sur les motos) n’en peut plus et nous nous arrêtons au bord de la route pour un peu nous reposer. Nous décidons de faire comme les Boliviens et nous nous couchons à même le macadam ! Nous en profitons pour regarder les étoiles et la pleine lune. Plus que 60 km, on repart, on franchit un énième péage routier, poste de contrôle avec pin-up et panneau « Défense d’entrer, c’est ma chambre », on montre une énième fois nos permis de conduire. Nous voilà enfin à Trinidad : premières lumières, premiers véhicules. On ne nous avait pas menti, Trinidad est la ville du deux-roues (il en sort de partout, on ne voit que ça !). Nous avisons un taxi (à deux-roues) pour qu’il nous guide jusqu’à notre hôtel. En chemin, nous ne croisons que des deux-roues, des petites 125 genre Honda CB, mais de fabrication chinoise ou coréenne. L’un d’eux nous dépasse, la passagère assise en amazone, tenant dans ses bras un nouveau né ! Partis vers 15h, nous rejoignons notre hôtel vers 23h30.