Déjà réduite à la base à vingt minutes, l’unique séance qualificative en vue des 1000 km de Spa n’a pas permis aux concurrents revendiquant la pole position de boucler plus de trois ou quatre tours lancés. Disputée sous un grand ciel bleu, la « qualif » réservée aux prototypes a en effet dû être interrompue à deux reprises au drapeau rouge suite aux sorties de pistes, au même endroit (le gauche Schumacher également appelé « speaker corner »), de la Lola-Mazda de Jean de Portales puis de l’autre Lola LMP2 du Français Olivier Pla. De quoi faire durer le suspense durant près d’une heure durant laquelle les Audi R10 TDi trônèrent longtemps en tête, Allan McNish, parmi les premiers à s’élancer, et Mike Rockenfeller, étant parmi les seuls à pouvoir boucler un tour rapide avant la première neutralisation.

Mais sous le drapeau à damier, Stéphane Sarrazin délogea in-extremis la marque aux anneaux de la première place avec un chrono de 1.58.069, soit deux secondes de mieux que la pole de 2007. A douze secondes seulement de la pole de la Ferrari de Kimi Raikkonen l’an dernier en F1.

« Cela a été chaud avec les accidents. Mon premier train de pneus a ainsi été ruiné, mais avec le deuxième j’ai pu boucler un bon tour, sans aucune erreur, » se réjouissait le Français très content des réglages de sa 908 HDI FAP. Au contraire de son équipier Marc Gené loupant pour 8 centièmes une première ligne 100% Peugeot. « Je suis un peu déçu, c’est vrai, » avouait l’Espagnol épaulé par Nicolas Minassian et Jacques Villeneuve. « Mon auto n’était pas parfaitement réglée pour l’exercice du tour le plus rapide. J’ai sousviré deux fois. Cela devrait aller mieux en course. »

Heureux de briser l’hégémonie aux essais des « Lionnes » en s’intercalant au 2e rang à 7 dixièmes, Allan McNish (Audi) prévoyait une épreuve très serrée : « De manière réaliste, dans des circonstances normales, j’évalue notre retard sur Peugeot sur un tour qualif à une seconde. Nous avons progressé depuis Monza. Mais le principal, c’est la course. Et là nous avons une belle carte à jouer. »

Car en plus de consommer un peu moins de diesel et donc d’effectuer des relais un peu plus longs, les Audi, capables de suivre le rythme en piste, sont généralement plus rapides lors des ravitaillements : « Nous évaluons notre handicap à 5’’ par arrêt, » estime Bruno Famin, directeur sportif de Peugeot. Avec six à sept « pitstops » programmés sur la durée des 1000 km, cela donne un petit avantage théorique d’une demi minute aux R10 avec Capello-McNish dans le rôle de lièvres lancés à l’assaut de Peugeot et de la victoire, et les jeunes Rockenfeller-Prémat chargés d’assurer les points et leur leadership au championnat.

Vanina Ickx première Belge

Derrière les quatre protos d’usine, on retrouve logiquement la Lola Aston-Martin de Mucke-Charouz (à quatre secondes et demi tout de même), première dans l’officieuse catégorie essence, puis les deux Pescarolo-Judd.

Pas très content du set-up de sa Porsche RS Spyder, le Hollandais volant Jos Verstappen, 8e au général, s’offre néanmoins sa 3e pole consécutive en LMP2 devant la Lola-Judd de Belicchi et la Zytek de Vergers. Seul Belge à prendre le volant lors de la qualification, Didier Theys doit se contenter du 13e chrono, le 4e en LMP2. Mais le pilote de la Porsche Spyder Horag s’estimait néanmoins heureux après avoir évité de justesse l’épave en perdition de Pla.

Passé juste sous la barre des 2.07, le Nivellois de Phoenix Arizona sera devancé sur la grille par la Pescarolo-Judd Rollcentre de Vanina Ickx dont l’équipier portugais Joao Barbosa a été crédité d’un bon 2.05.9, soit la 10e meilleure performance absolue.

En progrès constants depuis le début du week-end, Julien Schroyen et les siens sont passés entre les mailles du filet et ont su éviter les incidents pour s’élancer du 21e rang pas loin devant l’Aston-Martin de Garcia-Enge (25e), la plus rapide en GT1. Suivaient dans la catégorie Grand Tourisme la Corvette de Luc Alphand, la Lamborghini de Kox et la Corvette C6-R que partagent Sébastien Dumez avec notre compatriote Stéphane Lémeret, se plaignant de n’avoir pu boucler qu’une quinzaine de tours depuis le début du week-end.

Enfin en GT2, la bagarre entre Ferrari et Porsche s’annonce aussi somptueuse que celle entre Audi et Peugeot aux avant-postes avant seulement 16 centièmes entre la Ferrari de Bruni-Bell et la Porsche de Lieb-Davison. Une raison de plus pour ne pas rater le départ de cette 3e manche de la Le Mans Series, ce dimanche à 12h50 sous le soleil de Francorchamps.

« Avec ce temps, le rythme va être effréné et il va y avoir beaucoup de casse je crains, » prévoyait l’organisateur Pierre Delettre espérant aussi que le public répondra nombreux à l’appel de 43 bolides offrant un spectacle fabuleux de plus de 5h.

La grille de départ : 1.Lamy-Sarrazin-Wurz (Por-Fra-Aut/Peugeot 908 HDi FAP) 1.58.069 ; 2. Capello-McNish (Ita-GB/Audi R10 TDI) à 0.636 ; 3. Gene-Minassian-Villeneuve (Esp-Fra-Can/Peugeot 908 HDI FAP) à 0.718 ; 4. Prémat-Rockenfeller (Fra-All/Audi R10 TDi) 2.727 ; 5. Mucke-Charouz (All-Tch/Lola Aston-Martin) à 4.441; 6. Collard-Boullion (Fra/Pescarolo-Judd) à 6.640; 7. Primat-Tinseau (Sui-Fra/Pescarolo-Judd) à 7.132 ; 8. Verstappen-Van Merksteijn (P-B/Porsche RS Spyder) à 7.772 (1ers LMP2); 9. Belicchi-Pompidou-Zacchia (Ita-Fra-Fra/Lola-Judd) à 7.811 ; 10. Barbosa-V.ICKX-Forsten (Por-BEL-Fin/Pescarolo-Judd) à 7.849 ;… 13. THEYS-Lienhard-Lammers (BEL-Sui-P-B/Porsche RS Spyder) à 8.886 (4ème LMP2) ; 21. Ojjeh-Gosselin-SCHROYEN (EAU-Fra-BEL/Zytek 07S) à 13.200 ; 25. Garcia-Enge (Esp-Tch/Aston Martin DBR9) à 18.005 (1ers GT1) ; 28. LÉMERET-Blanchemain-Dumez (BEL-Fra-Fra/Corvette C6-R) à 19.929 (4ème GT1); 30. Bell-Bruni (GB-Ita/Ferrari 430) à 23.136 (1ers GT2)