La 1200 GS est repensée à cette fin dans les moindre détails. Suspensions à plus grands débattements, garde au sol relevée de deux cm, énorme réservoir de 33 litres (lors d’un plein nous y avons englouti 34,40 litres !), selle plus épaisse, protections diverses (pare-cylindres, barres de protection du réservoir), robuste porte-bagage en inox, bulle plus haute et plus large complétée par des petits reflecteurs, alternateur plus puissant et roues à rayons de série marquent les principales différences entre les deux modèles. Gastounet La 1200 GS était haute, l’Adventure est très haute ! A moins d’avoir le talent de Gaston Rahier, mieux vaut être grand et baraqué pour manœuvrer le bestiau ! A peine ramenée de Bornem, nous chargons la bête pour un voyage de 3.000 km avec passagère et la totale «bagages». Petite parenthèse ici pour remercier le service presse de BMW. Devant notre demande d’essayer l’Adventure avec sa bagagerie et l’indisponibilité provisoire de celle-ci pour cause de trop grand succès, notre Adventure nous fut livrée avec la bagagerie de la 1200 GS, sac de réservoir compris. L’aspect diffère, la robustesse sans doute aussi, en faveur de l’équipement livré avec l’Adventure, mais les capacités restent sensiblement identiques. Une fois chargée, l’Adventure impose le respect et on se sent fort petit a la manœuvrer du bout des orteils… Un peu stressant : c’est vraiment haut et lourd ! Total confort Par contre, les kilos et les angoisses s’envolent dès la mise en mouvement. On se retrouve sur une 1200 GS, avec toutes les qualités de la 1200 GS. Même chargée, la moto se manie avec aisance et agilité. Pour ceux qui la trouvent vraiment trop haute, il est bon de savoir que la selle épaisse s’échange facilement avec celle plus fine de la 1200 GS. Voilà quelques centimètres facilement gagnés, au détriment toutefois du confort moins moelleux pour cause de moindre épaisseur et de jambes légèrement plus repliées. La GS Adventure est vraiment taillée pour bouffer du kilomètre et les étapes de 1200 km parcourus à son guidon en apportent une preuve éclatante. La bulle redessinée, plus large et plus haute, rejette l’air sur le sommet du casque. Votre nuque sera chouchoutée. La contre partie est que, grâce à cette protection accrue, vous vous retrouverez facilement à rouler plus vite qu’en 1200 GS. Attention aux radars ! Voyage au long cours Le gros réservoir, taillé pour les horizons lointains, permet de belles étapes : de 350 km en « avionnant » sur l’autoroute chargé jusqu’à la gueule, à 550 km en se régalant sur les petites routes. Ca laisse de la marge si vous décidez de découvrir la Mongolie l’été prochain… Les suspensions contribuent, avec leurs débattements revus à la hausse au confort impérial prodigué au conducteur et à sa passagère favorite. Même pas peur de rester douze heures d’affilée sur la machine ! Le prix à payer pour ce surcroît de confort se retrouve dans un très léger flottement perceptible à haute vitesse. Ce comportement ne surprendra pas un pilote habitué aux trails ou aux enduros. Il reste tellement mesuré qu’il n’inquiète jamais et n’empêche pas de mener la moto à fond de six. Arsouille La précision et l’agilité dont fait preuve la 1200 GS sur petites routes est intégralement préservé sur l’Adventure. Même les plus grands débattements ne freineront pas votre enthousiasme, grâce au Telelever qui supprime tout effet de transfert des masses et de plongée de l’avant lors des freinages. Le plaisir reste total, et le rythme élevé si vous le désirez. Le moteur affiche un caractère plaisant avec de franches montées en régime, accompagnées du sympathique et inimitable ronflement du flat teuton. Suffisamment rempli pour entraîner la moto chargée sans se traîner, il se montre vif et pétillant pour arsouiller à vide sur les petites routes. Si en plus le revêtement se dégrade, rares seront les motos qui pourront vous suivre sauf sans doute une autre 1200 GS. Intelligence Avec plus de 3000 km parcourus en une semaine à son guidon, nous avons pu apprécier combien les BMW sont pensées pour rouler. Nous n’en voulons pour preuve que l’intelligente commande permettant de baisser le faisceau des phares en charge, la stabilité de la béquille latérale, l’incroyable facilité de la béquille centrale, les rétroviseurs qui reflètent la route et non vos bras, l'ergonomie des commodos au guidon, la clé codée et l’alarme montée en option ou la place pour un « U » sous la selle. A contrario nous déplorons (hormis la hauteur et le poids !) le pavé digital du tableau de bord peu lisible, le klaxon qu’on aurait aimé aussi sonore que sur les 1200 RT ou l’embrayage à sec qui sent vite le chaud si on en abuse un peu trop, ce qui est le cas quand on manœuvre en essayant de ne pas se f… par terre ! C’est peu, par rapport aux énormes qualités de la 1200 GS et de sa déclinaison « Adventure » en particulier. Nous l’avons ramenée chez BMW à regret… La seule question, après y avoir goûté, est : 1200 GS ou 1200 GS Adventure ? Si vous êtes un grand costaud, pas de soucis : le surcroît de poids et la hauteur impressionnante ne vous embarrasseront pas, et vous profiterez d’une moto plus confortable, à la protection accrue. Vous pourrez aussi envisager de solides étapes grâce à l’étonnante capacité du réservoir. La 1200 GS se révèle plus humaine pour les gabarits «normaux», à peine moins confortable et un peu plus précise. On l’aimerait avec trois ou quatre litres de plus dans le réservoir… L’excellence a un prix : 14.300 € + les nombreuses options dont l’incontournable ABS à 1.160 € le bout (gloups) ! © Bruno Wouters