La presse internationale a relayé des informations alarmistes pour le constructeur britannique MG-Rover qui serait au bord de la faillite. En tout cas, la production s’est arrêtée à Longbridge, faute de fournitures.
Le 7 avril, MG Rover a demandé l’aide du gouvernement britannique pour permettre au groupe de tenir jusqu’à la possible conclusion d’un accord avec la société chinoise SAIC (Shangai Automotive Industrial Corporation). Il faut dire que les négociations avec la compagnie de Shanghai sont plutôt complexes et que ce « feuilleton » a vécu de multiples péripéties. Dernièrement, les Chinois ont fait savoir qu'ils n'avaient pas « confiance dans la solvabilité future de MG Rover. Il n'existait donc pas de perspective raisonnable d'accord. […] Nous avions prévenu qu'il n'y aurait pas d'accord si Phoenix Venture Holdings n'était pas en mesure de garantir la solvabilité de MG Rover sur une période de deux ans. Cette garantie n'a pas été apportée. »
Aide du gouvernement
MG-Rover avait appelé son gouvernement à l’aide. Celui-ci a fait savoir qu’il était prêt à accorder une aide d’urgence de 40 millions de livres pour honorer les créances et pour permettre la poursuite de négociations avec SAIC. C’est du moins ce qu’a annoncé à la BBC radio Patricia Hewitt, secrétaire d’état au commerce et à l’industrie. Il faut dire que les autorités britanniques font tout pour permettre la joint-venture, avec notamment la présence d’une délégation en Chine. Mme Hewitt précisait d’ailleurs que « le gouvernement restait prêt à fournir un financement relais de plus de 100 millions de livres, mais sans accord il n'y avait pas de possibilité d'un prêt relais. » Elle indiquera toutefois que « SAIC n’a pas vu ses inquiétudes dissipées » par cette promesse du gouvernement de Tony Blair. Lequel met les bouchées doubles, d’autant que fermer le dernier « vrai » grand constructeur anglais va coûter entre 6000 et 10.000 emplois. Un coup dur à 3 semaines d’élections législatives !
Histoire tumultueuse
MG-Rover avait été rachetée par BMW en 1994. Mais les Allemands ont lâché le groupe en 2000 par manque de rentabilité et de productivité. C’est un groupe d’homme d’affaires britanniques, le Phoenix Venture Holdings, qui empêcha la fermeture du constructeur il y a 5 ans. Ils ont acquis MG-Rover pour 10 livres mais ont surtout récolté beaucoup de dettes. Toutefois, MG n’a pas réussi, malgré de gros efforts, à retrouver l’aura du passé. Et si Rover a gardé une clientèle fidèle, son classicisme n’a pas réussi à faire décoller les ventes. Dommage ! D’autant que la subtilité MG-Rover qui déclinait le même profil avec deux caractères différents à coup de réglages de suspension et de décor intérieur, offrait un paysage unique dans le monde automobile. On pourrait aussi évoquer l’aventure Cityrover, une Tata européanisée qui a été maintes fois annoncée, mais pas encore distribuée. Pourtant, en Belgique, les chiffres de vente des MG et Rover sont plutôt bons ces derniers mois. En attendant, le groupe Rover Belux a fait savoir que les entretiens des véhicules étaient toujours réalisés. Toutefois, plus aucun bon de commande n'était signé, en attente d'informations de Grande-Bretagne.
Production interrompue
En tout cas, l’usine de Longbridge est déjà à l’arrêt. Simplement parce que les fournisseurs refusent de livrer leurs marchandises de peur de ne pas être payés. Les chaînes ont donc été arrêtées par manque de fournitures. Vu la situation, MG-Rover a diffusé un communiqué ce matin indiquant que le conseil d’administration a demandé à Price Waterhouse Coopers d’étudier les finances de la compagnie et d’établir la viabilité ou non du groupe. Avant de se mettre en faillite ? En tout cas, le communiqué se terminait ainsi : « C’est un moment profondément difficile pour tous et nos pensées vont envers les travailleurs et leurs familles. Nous voulons remercier chacun pour sa loyauté et son engagement dans cette période très pénible ». Cet audit à la limite du concordat, est-il une manœuvre pour relancer les discussions avec Shanghai ? Ou pour attirer de nouveaux intéressés ? Nous, en tout cas, on serait déçu de voir disparaître les Rover et les MG.
Update : MG-Rover est placé en administration judiciaire, première étape vers la faillite... Mais le groupe demande à son personnel de venir travailler lundi !
Update : le gouvernement britannique a accordé, dimanche, un prêt de 6,5 millions de livres (9,5 millions d'euros). Cela a permis à la production de reprendre ce lundi. Mais le sursis est de courte durée. À MG-Rover de trouver à tout prix cette semaine, une solution et un repreneur éventuel.
Update : dans une lettre au cabinet d'audit PricewaterhouseCoopers (PWC), rendue publique ce mardi, les quatre dirigeants de Rover réunis au sein de la holding Phoenix Venture proposent l'ensemble des actifs de la holding - cash, actions et biens immobiliers - soit un montant de 49 millions de livres (71 millions d'euros). Cela doit permettre la survie du groupe et éviter le licenciement immédiat des 6000 membres du personnel.
© Olivier Duquesne
Source : MG-Rover