La catégorie des "maxi supermotards" semble née pour satisfaire ceux qui trouvent les roadsters radicaux un peu trop sages, voire ennuyeux. La Dorsoduro s'inscrit parfaitement dans cette lignée. Le style, soigné, reprend les grandes lignes de son aînée, la Shiver, avec son cadre mixte treillis d'acier – platines en alu, et l'on retrouve avec plaisir l'excellent V-twin 750cc, tandis que l'habillage évolue pour épouser plus fidèlement les canons du genre. Notons la plaque-phare (admirablement travaillée, voir le feu de position!), le garde-boue surélevé (d'une totale inefficacité, comme chaque fois!), les amorces de plaques-numéros sur les flancs, découvrant des pots d'échappement magnifiquement travaillés qui enserrent au plus près le feu rouge.

Quel moteur!

De la belle ouvrage, qui exprime à l'envi le côté joueur et énervé de la bête! Premiers kilomètres faciles, malgré une hauteur de selle conséquente (870mm!). Pour le reste, excellente position de conduite, donnant envie d'en découdre! Le moteur pétille merveilleusement, exprimant son enthousiasme dès les plus basses rotations. Capable de reprendre en enroulant à partir de 2.000 tr/min, il faut preuve d'une belle énergie sur toute la plage exploitable. On savait le petit twin d'Aprilia plein d'entrain, c'est encore plus vrai dans la Dorsoduro qui, si elle rend 3ch à la Shiver, bénéficie d'un couple un peu plus généreux (8,4 kgm vs 8,25) mais au régime bien plus favorable de 4.500tr/min au lieu de 7.000! Rajoutez à cela une démultiplication plus courte et vous comprendrez qu'il n'est pas nécessaire de passer en mode sport pour avoir du fun.

Ride by Wire

Pour rappel, la Dorsoduro hérite elle aussi du "Ride by Wire", qui gère électriquement la commande des gaz. Comme sur la Shiver, trois modes sont proposés. "Rain" pour les débutants ou les conditions climatiques peu favorables, "Tourisme" et "Sport". Le choix de la cartographie "Sport" n'apporte en réalité pas beaucoup de sensations en plus de la "Tourisme". Si le moteur paraît peut-être plus vif, ce n'est guère marquant, mais on sent la progression de celui-ci plus saccadée à régime constant. La position "Tourisme" se montre satisfaisante dans la plupart des situations, et permet s'exploiter sans frustration les excellentes dispositions du twin, qui réagit à la moindre sollicitation de la poignée de gaz. Le 750cc offre ici le meilleur de deux mondes: la puissance et la vivacité d'un gros cube, avec toutefois la facilité et l'accessibilité d'une cylindrée plus réduite. On s'amuse et on se réjouit à chaque sollicitation, sans jamais se faire déborder: plaisant et rassurant.

Du fun, pas du pratique!

Résultat, une moto légère, plutôt menue (hormis sa hauteur de selle), très vive et amusante à mener. On se sent l'envie de sortir le pied à chaque virage! Le châssis accompagne le moteur avec efficacité, hormis en situation limite, où on la sent se démunir un peu, la faute sans doute à un amortissement un peu raide, et une détente trop rapide. Rien d'inquiétant, mais assez pour générer une relative imprécision. La Dorsoduro se rattrape avec un freinage au top, précis et mordant, des commandes simples et précises, et un appétit de virages réjouissant. Reine des villes, elle pèche par l'absence d'aspects pratiques. Pas de protections, pas de rangements. Aprilia propose bien en option des valises latérales, de quoi ranger quelques dossiers, mais vos interlocuteurs seront peut-être interloqués en vous voyant débarquer à vos rendez-vous. Autre lacune, la capacité du réservoir limitée à 12 litres. Vous ne traverserez pas la France de nuit!! La Dorsoduro sera vôtre contre un chèque de 8990€, ou 9690€ avec l'ABS.