Bruno Wouters

1 MEI 2006

Voyage à motocyclette : la Bolivie (11)

21 mai Les nouvelles sont mauvaises. La Paz est bloquée, il n’y a plus d’essence, Santa Cruz est en ébullition et il n’y a plus d’essence non plus. A Sucre, tout baigne à peu près, nous remplissons les réservoirs des deux motos, mais nous ne trouvons pas de diesel! Nous prenons la route de Tarabuco, en nous arrêtant à chaque virage pour admirer le paysage. Après cinquante kilomètres, chance, nous trouvons du diesel en bidons, nous en prenons vingt litres. Le réservoir sera quasi plein (80 litres) et nous avons un bidon de 100 litres. On peut voir venir. Nous prenons encore cinq litres d’essence pour compléter les motos. Dans le Land, nous tenons encore trente litres d’essence pour les motos. La route est très agréable, et rappelle un peu celles du Massif Central. Très variée, avec des enchaînements de virages ininterrompus. Que du plaisir ! Quarante miles de bonheur jusqu’à Tarabuco, petit patelin sympa, puis piste vers Vallegrande. Petite pause à Tomina où nous bifurquons pour éviter Padilla. Nous parcourons la piste qui monte jusqu’à un col. À l’approche de celui-ci s’accrochent quelques lambeaux de nuages. Passé le col, changement complet de climat, on passe sur le versant est, et visiblement, l’humidité amazonienne y reste accrochée. On n’y voit pas grand-chose, le fin crachin se colle à la visière du casque que nous devons relever. La température a baissé de plusieurs degrés. Bon appétit Nous descendons jusqu’à Serrano, patelin un peu sinistre sous le ciel gris. Nous découvrons un « comedor » où « l’almuerzo », repas du midi, se compose d’une soupe épaisse comme entrée, suivie comme « secundo », plat principal, une assiette composée de tripes et de pommes de terre en sauce, le tout accompagné de riz. Délicieux et roboratif, pour six bolivianos ! Avant de sortir, un petit tour aux « baños », et là, le choc. En ouvrant la porte on arrive dans une arrière-cour ouverte sur le jardin avec à cinquante centimètres de la porte des WC une table couverte de viande en vrac, autour de laquelle tournent deux ou trois chats à l’affût de la bonne affaire… Nous ressortons prestement, mais un peu ébranlé, pour nous rendre compte que le réservoir d’une des deux motos fuit. Nous repartons à deux sur notre moto vers Vallegrande, dans l’espoir de retrouver le Land qui nous a loupé à Serrano. Maurice reste pour réparer la moto. Nous quittons Serrano sous la pluie et attaquons la piste qui au bout de quelques kilomètres s’avère être un enfer. Ça colle La piste est recouverte d’une couche de boue gluante qui bourre complètement les sculptures de nos pneus trails, les transformant illico en « slick ». La moyenne s’en ressent et, quand nous arrivons à rouler, nous atteignons péniblement dix à quinze miles/h. Sinon c’est au pas, les pieds par terre. Un moment, nos traces zigzagantes passent à quatre-vingts centimètres du précipice, ce qui fera beaucoup rire Maurice, pris dans la même galère, une fois son réservoir réparé. Chaque fois que nous croisons ces incroyables piétons boliviens surgir de nulle part, nous leur demandons s’ils ont vu passé le Land. Nous avons droit à toutes les réponses possibles et chacun de nos interlocuteurs est un poème à lui tout seul. Visiblement la coca et l’alcool ne sont pas toujours bien supportés… © Bruno Wouters

Source : Moto-Andina
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