Apparue l’an dernier sur le marché, la Tricker reflète une fois de plus l’inventivité de la marque aux 3 diapasons, qui n’a pas peur de défricher de nouvelles pistes. La Tricker ne ressemble à aucune autre et son charme agit immédiatement. Menue, originale selon les canons actuels, elle donne envie de l’enfourcher et de partir à la découverte. Manque de chance, après avoir pris possession de notre Tricker chez l’importateur d’Ieteren Sport, situé à Wauthier-Braine, nous sommes partis à la découverte du ring ! Clairement, elle n’a pas été imaginée pour ce genre d’exercice, et pourtant… Pourtant nous nous sommes calés sur un petit 120 (110 en montée et 130 en descente !) au taquet, en nous faufilant entre les voitures au gré des ralentissements. Contre-emploi Etonnamment, la Tricker ne se désunit pas. Certes, elle flotte un peu, mais réellement rien de méchant, rien de malsain. Un gros bruit de roulement venant des pneus à crampons, un peu de flou, c’est tout. On se retrouve avec des sensations oubliées, celle de notre jeunesse, des petites bécanes guère puissantes… bouffée de fraîcheur et de nostalgie ! Heureusement le ring n’est pas long et la ville s’offre à nous. Quel bonheur ! La Tricker prend tout son sens. Légère, étroite, elle se manie du bout des doigts. Guère plus encombrante qu’une 125, mais 50% plus puissante. Le moteur cube 249cc et développe 19 cv à 7500 tr/min, pour un couple de 18,8 Nm à 6250 tr/min. 125 ou 250 ? Pour mémoire, une XT 125, pour rester dans la marque, développe 12 cv pour un couple de 12 Nm… Résultat, quel que soit le régime ou le rapport engagé, la rotation de la poignée de gaz se traduit immédiatement par une franche relance. Cette disponibilité réjouissante complète merveilleusement l’étonnante agilité de ce petit trail qui se manie à l’occasion comme une trial. C’est une régal de slalomer dans les embouteillages, debout sur les repose pieds, comme dans une spéciale de trial. La position, qu’on soit assis ou debout, est parfaite. Comme sur toute japonaise qui se respecte, toutes les commandes, tant au pied qu’au guidon, sont un régal de douceur et de précision, les cinq rapports passent comme dans du beurre. Le freinage est efficace, mais manque un peu de mordant, dommage pour les stoppies. Les suspensions font parfaitement leur boulot et, en usage normal, ne seront jamais prises en défaut. N’oublions pas que ce n’est pas une bête d’enduro et qu’elle ne doit pas être traitée comme telle. Trial Elle rappelle vraiment les bons petits trails d’antan, si à l’aise en ville, et capables de s’échapper dans les petits chemins. L’ascendance « trial » se marque par la légèreté de l’ensemble, l’architecture caractéristique de la moto, avec sa selle basse et son minuscule réservoir qui remonte vers le guidon, l’aisance avec laquelle elle se laisse guider au ralenti, debout sur les repose pieds… Que ce soit assis ou debout, on a l’impression de la connaître depuis toujours, tellement la position est naturelle et confortable, et nous jouissons sans retenue de sa diabolique agilité dans le jungle urbaine. Une fois posée sur le trottoir, elle se laisse détailler sans honte. L’aspect est flatteur, sympathique, surtout dans sa livrée jaune ou orange, nettement plus fun que le sévère noir. Classe La finition est réellement soignée dans les détails avec un dépouillement, une simplicité rassurante. En effet, l’équipement est réduit au minimum : même pas de témoin de pression d’huile… Un gros regret sur ce genre de machine : l’absence de kick ! Dommage, on voit sa trace sur le carter droit. Les constructeurs se passent depuis longtemps de cet « accessoire » sur les motos. Malgré tout le bien que nous pensons des démarreurs électriques, qui n’a pas pesté contre une batterie affaiblie par une longue inactivité ? Au moment où vous rêviez de profiter d’un petit rayon de soleil longuement attendu, clic, clic, fait le démarreur rendu muet par cette saleté de batterie morte, qu’il vous faudra une fois de plus, remplacer ! Au fond du garage Sur un petit mono de loisir, comme la Tricker, qui devrait avoir sa place dans tout coin de garage au même titre qu’un vélo, on aimerait pouvoir la démarrer dans tous les cas de figure. Citadine idéale, elle ferait aussi les beaux jours de maisons de vacances à la campagne ou à la mer. Bonjour l’ambiance à chaque début de vacances pour partir à la chasse à la batterie ! Autre bémol, le prix. Proposée en 2005 à 3990 euros, la voici affichée pour 2006 à 4290 euros. Sachez qu’on peut acheter pour ce prix là une Suzuki GS500 (4099 euros) ou une ER-5 en ajoutant 200 euros, qu’une CBF 250 ne coûte que 3200 euros et que pour 4249 euros s’offre à vous la Cagiva Canyon 500. certes, elles ne sont pas aussi fun que la Tricker, mais ce sont de vraies motos, dont l’usage est bien plus étendu que pour l’attachante Tricker. Dommage que Yamaha n’ait pas pu (ou voulu) mieux la cibler. Il est vrai qu’elle est sans concurrence sur le marché… © Bruno Wouters