La piste est humide, chez Ferrari, on annonce même de la pluie pour 14h20 et au baisser du drapeau, les McLaren s’envolent emmenant avec eux une meute de fous furieux. Le premier à tirer son épingle du jeu est Trulli. Il aurait pu ravir la seconde place à Raikkonen, mais il a su rester “raisonnable“ et pensait bien ramener des points précieux pour Toyota. Alonso, tout aussi raisonnable que l’Italien se contente de suivre. Derrière par contre, on se chamaille et l’un des animateurs est Fisichella. L’auteur du troisième temps réel des qualifs s’est lancé dans un sprint effréné. A trop en vouloir et à la stupeur de son team, il finira par perdre le contrôle de sa Renault et de finir sa course dans la pile de pneus au sommet du Raidillon. Ayant déjà frôlé l’incident à 1 km de là, à la sortie de Blanchimont, on peut dire qu’en montant sur le vibreur et tenant compte du réglage de sa monoplace avec peu d’appui (331 km/h en pointe), il a eu ce qu’il méritait. Le propos est certes dur, mais le constat est là d’autant qu’il se devait d’aider son équipier et surtout Renault. Dans le même style, mais parce qu’il avait raté son départ, Ralf Shumacher sera l’homme du jour ! Après avoir perdu 2 places, il prendra le meilleur sur Button avant d’être le premier à ravitailler (10e tour). A ce petit jeu te de par l’intervention de la safety car suite à l’escapade de “Fisico“, le voilà 2e du GP ! Villeneuve qui, à l’inverse, n’a opté que pour un seul ravitaillement, se retrouve 4e !
Touche pas ma monoplace !
On aurait pu croire les esprits calmés après la première valse de ravitaillement, mais ce fut en fait bien pire. La première victime est Schumacher. Le pilote Ferrari ayant parié sur un réglage pluie se montrait régulier avant de se faire percuter par la BAR Honda de Sato au freinage de la Source ! Il avait un bon coup à jouer quand on voit la 5e place finale de son équipier Barrichello ! Le pliote Allemand le fera bien comprendre à Sato d’une bonne tape sur le casque ! Qu’il se rassure, il ne fut pas le seul ! Alors que Monteiro hisse sa Jordan Toyota à la 8e position, Coulthard explose le moteur de Red Bull Racing en sortie de chicane et de répandre son huile jusqu’à la Source. Heureusement, il gardera bien sa droite et la trajectoire ne sera pas trop souillée. Ferrari perd une voiture, voilà une très bonne affaire pour Toyota qui a là l’occasion de ravir la 3e place au championnat constructeur ! La joie fera place à l’énorme déception de voir Trulli sortir de la piste à 9 tours de l’arrivée après avoir éviter Monteiro qui a confondu les boutons de son volant ! Au lieu d’enclencher un petit boost, il se retrouve limité à 80 km/h. Trulli l’évite, se retrouve dans les pneus, c’est fini. Tout comme ce le sera pour Montoya ! A quatre tours de l’arrivée et alors qu’il est second du GP, il est victime de la mésentente d’avec Pizzonia. Le pilote Williams BMW, alors en slick, harponne la roue arrière droite de la McLaren et de finir l’un et l’autre au fin fond du “pif paf“ !
Les matches nuls du championnat constructeur
Fisichella sortant au Raidillon, Renault perd la tête du championnat jusqu’à ce que la McLaren Mercedes de Montoya ne soit sortie par Pizzonia ! Matche nul !
Sato (BAR Honda) se loupant sur la Ferrari de Shumi, il hypothèque ses chances de bien paraître et surtout offre des points faciles à … Toyota ! Jusqu’à ce que Trulli se sorte sa Toyota bien malgré lui ! Matche nul !
Et s’il n’en reste qu’un !
De tous les lièvres en lice, Raikkonen s’est montré le plus constant et mène méritoirement sa MCLaren Mercedes à la victoire. Il reporte le sacre de l’Espagnol Alonso qui “promène“ sa Renault un peu comme “tortue“ depuis quelque temps en se contentant d’être dans les points. Sa sagesse toute relative, comme dans la fable, lui rapporte les honneurs de la 2e place. A la troisième place, on retrouve le lièvre anglais Jason Button. Sa qualif n’a pas été extraordinaire, mais il s’est transcendé tout au long de la course et après nous avoir offert le plus beau dépassement du week-end, dans le “double gauche“ et par l’extérieur s’il vous plaît, sur la personne de Villeneuve (l’homme qui monte le raidillon en travers), il se valorise pour son employeur qu’il ne voudrait quitter ! A la 4e et 5e place, on retrouve respectivement Webber (Williams BMW) et Barrichello (Ferrari). Tous deux ont été transparents, mais ils sont là ! Ils devancent d’audacieux Villeneuve (à voir dans le raidillon) et Ralf Schumacher. Villeneuve, de par sa stratégie à un arrêt, Ralf pour son choix de pneus slicks ! Il le fera trop tôt, perdra toutes illusions de podium en visitant les pelouses des Combes, Massa essayera lui aussi, mais perdra carrément pied et laissera le point de la 8e place à Monteiro et sa Jordan Toyota !
En attendant, si le “lièvre“ Raikkonen gagne une bataille, la “tortue“ Alonso n’a pas perdu la guerre ! C’est là l’essentiel !
Classement final
1 Raikkonen - McLaren-Mercedes 1h30:01.295
2 Alonso – Renault + 28.394
3 Button – BAR Honda à 32.077
4 Webber – Williams BMW à 1:09.167
5 Barrichello - Ferrari 1:18.136
6 Villeneuve – Sauber 1:27.435
7 Shumacher R. – Toyota 1:27.574
8 Monteiro – Jordan Toyota à 1 tour
© Patrick Hayot
source : F1