Au côté du pick-up Ranger, la famille d’utilitaires Transit constitue l’un des grands piliers de Ford en Europe. Un pilier repris sous l’étiquette Ford Pro qui va, lui aussi, participer à la vaste électrification du catalogue de la maison américaine. Dans le format compact, on trouvera en effet bientôt le tout nouveau E-Transit Courrier qui sera lancé en 2024, dans la foulée du moyen E-Transit Custom attendu d’ici peu sur nos routes. Deux modèles qui viendront renforcer l’offre de Ford dans le domaine du véhicule utilitaire électrique pur, actuellement déjà représenté chez nous par ce grand E-Transit. Pour être complet, notons aussi que le grand pick-up électrique F-150 Lightning (que nous découvrions dernièrement) arrive doucement aussi en Europe, dans un premier temps prioritairement en Norvège.
Intégration intelligente
Si on oublie, bien sûr, le lettrage spécifique du modèle mis à notre disposition affichant fièrement son sevrage de tout carburant fossile, l’E-Transit ne se distingue pas fondamentalement des autres Transit. L’intégration des organes nécessaires à la mobilité électrique se fait, en effet, en toute transparence. D’ailleurs, comme les Transit thermiques, l’E-Transit est proposé en diverses configurations (fourgon, double cabine et châssis-cabine) et longueurs afin de répondre à tous les besoins. De plus, la batterie ne rogne pas sur le volume exploitable. Certes, le plancher de chargement est relativement haut. Mais l’E-Transit présente, en fait, les mêmes caractéristiques que les Transit thermiques propulsions.
Côté design, on notera tout de même la présence de détails bleutés sur sa calandre. Une calandre qui intègre également la connectique de recharge. Vu l’encombrement du véhicule, ce positionnement nous a paru assez pratique à l’usage durant notre semaine d’essai. Il suffit, en effet, de se garer le « nez » à proximité de la borne pour pouvoir s’y brancher facilement. Mais on notera tout de même que Ford équipe intelligemment son E-Transit d’un très long câble 32 A (8 mètres). Voilà qui est également pratique au cas où il ne serait pas possible de se garer perpendiculairement à la borne.
De série l’E-Transit dispose d’un chargeur triphasé de 11,3 kW et peut digérer la recharge rapide en courant continu jusqu’à 115 kW. La batterie intégrée dans son soubassement offrant 68 kWh utiles, il faudra donc tabler sur une immobilisation d’environ 8h pour une charge complète sur une wallbox. Ou seulement 34 minutes pour récupérer de 15 à 80 % de charge sur une borne rapide en cas de besoin.
Fée électricité
Un autre détail spécifique qu’offre l’E-Transit se nomme « Pro Power Onboard ». Un accessoire très pratique pour les professionnels. Au-travers de prises installées tant dans l’habitacle que dans la zone de chargement, on peut brancher différents consommateurs électriques jusqu’à la puissance confortable de 2,3 kW. De quoi alimenter pendant des heures de l’outillage varié à partir de l’électricité stockée dans la batterie haute-tension. Et ce tout en configurant/surveillant facilement la consommation d’électricité de l’ensemble via la grande tablette tactile centrale.
Info-divertissement de pointe
Quand on se glisse à bord du E-Transit, on découvre en effet l’impressionnante tablette tactile (12 pouces) du système d’info-divertissement de pointe SYNC 4 de Ford. Il intègre toutes les fonctions modernes attendues de nos jours (Apple CarPlay et Android Auto sans fil, navigation connectée, etc.) ainsi que de nombreuses fonctions pratiques à l’usage. Comme la caméra 360° facilitant grandement les manœuvres. Les fonctionnalités offertes comprennent aussi la recherche et le paiement faciles pour la recharge, la surveillance des véhicules via Ford Telematics ou l’application FordPass Pro. Mais aussi l’accès au système connecté FORDLiive qui augmente la productivité en réduisant le temps d’immobilisation et le coût de maintenance.
Plus globalement, Ford soigne aussi l’équipement de série de cet E-Transit pour rendre son usage confortable par tous les temps avec par exemple un pare-brise dégivrant électriquement, des sièges chauffants, une climatisation automatique, etc.
Enfin, sur le plan pratique, notons que la présence du levier de sélection de marche rotatif permet de dégager un espace confortable pour le troisième passager, installé au centre. Ses genoux ne gênent pas ici le maniement du levier de vitesses comme c’est souvent le cas sur les utilitaires thermiques équipés d’une boîte manuelle.
Puissance au choix
Si tous les E-Transit disposent de la même généreuse batterie (68 kWh nets), les clients ont le choix entre deux motorisations. La version d’accès, comme le modèle mis à notre disposition, dispose d’une machine électrique développant 135 kW (184 ch). La version « high power » porte la cavalerie disponible à 198 kW (269 ch). On notera tout de même qu’on dispose du même généreux couple de 430 Nm sur les deux variantes. La configuration mécaniques est également identique dans les deux cas : le moteur électrique est intégré au centre d’un essieu arrière spécifique (avec roues indépendantes) et anime exclusivement les roues postérieures.
À l’usage, la motorisation électrique d’accès se révèle déjà très agréable. En l’absence de boîte de vitesses, les évolutions dans le trafic s’effectuent en souplesse. Autre avantage indéniable de la motorisation électrique par rapport aux utilitaires diesel équivalents : on profite d’un appréciable silence de fonctionnement et de l’absence totale de vibration. Voilà qui se montre très reposant à l’usage. Si le couple de la version d’accès lui permet déjà d’offrir des relances toniques, on remarquera tout de même que les performances se « lissent » au fur et à mesure que le rythme s’accélère. La version plus puissante devrait offrir plus d’allonge sur les grands axes.
Enfin, notons que la nouvelle architecture de suspension de l’E-Transit lui confère un autre avantage par rapport aux utilitaires thermiques équivalents. Même à vide ou faiblement chargé, il offre un filtrage efficace et évite le côté « sautillant » des essieux arrière rigides conventionnels.
Cela n’empêche toutefois pas l’E-Transit d’afficher une charge utile confortable, puisqu’elle atteint jusqu’à 1.758 kg pour le fourgon et jusqu’à 2.090 kg pour le châssis-cabine.
Autonomie ?
Si l’on envisage l’achat d’un utilitaire électrique, se pose bien sûr la question de son autonomie. Officiellement, l’E-Transit avance un rayon d’action allant jusqu’à 317 km, ce qui en fait clairement l’une des références de sa catégorie. Dans la pratique, on peut tabler sur facilement plus de 250 km en conduite anticipative. Et, au minimum, environ 230 km même en conduite plus exigeante avec une consommation moyenne réelle qui reste sous la barre des 30 kWh/100 km (29 kWh/100 km dans notre cas). Ce qui, vu le gabarit de l’engin, reste impressionnant.
Prix Ford E-Transit
Ford offre une dotation de série complète à son E-Transit proposé avec la ligne Trend. Au-delà des équipements de confort et d’infodivertissement déjà relevés, on pointera aussi le démarrage sans clé, le régulateur de vitesse, l’alerte de franchissement de ligne, etc. Les prix varient bien sûr en fonction de la configuration retenue, mais notons que l’E-Transit débute à partir de 56.825 € HTVA en Fourgon L2/H2 pour la version de 135 kW avec une MMA de 3.500 kg. La variante équivalente plus puissante (198 kW) réclame un supplément de 2.225 € HTVA. À titre de comparaison, notons que le Transit équivalent avec le moteur 2.0 l turbo diesel de 170 ch en boîte automatique démarre à 39.110 € HTVA. La différence de prix à l’achat entre les deux motorisations est, bien sûr, sensible. Mais outre un coût au kilomètre inférieur pour la variante électrique, notons également que selon les calculs effectués par Ford, l'E-Transit permet de réaliser des économies sur le coût total d'exploitation, avec notamment aussi des coûts de réparation et d'entretien jusqu'à 40 % inférieurs à ceux d'un véhicule diesel équivalent. Enfin, sachez que la batterie est couverte par une garantie de 8 ans / 160.000 km.
Notre verdict
L’utilitaire électrique avance de nombreuses qualités pour convaincre à l’usage : silence et souplesse de fonctionnement ; possibilité d’alimenter des outils électroportatifs ; coût à l’usage limité et possibilité de pénétrer sans problème dans les zones de basses émissions. Certes, le prix d’achat reste pour le moment encore supérieur à celui d’un modèle équivalent thermique. Mais cette dimension se voit déjà en partie contrebalancée par un coût total d’exploitation sensiblement inférieur.