François Piette

2 OKT 2006

Cachez ce style que je ne saurais voir!

Variante obligée de la ER6-N dans une catégorie où chaque modèle se décline aussi dans une version assagie et carénée, la ER-6F se démarque de ses concurrentes par un carénage intégral.

Joliment dessiné, il n’en prive pas moins la ER-6 d’une bonne part de son caractère et de son originalité. La ER-6F, affichée à 6790€, soit 500€ de plus que sa petite sœur, rentre dans le rang en s’affublant d’un regard banal et d’une peau gommant les traits saillants d’un design qui avait valu à la ER-6N le prix de la plus belle moto du monde, catégorie Naked. Exit aussi le tableau de bord digital remplacé par un combiné compteur-compte tours analogique en plastique noir mat, bien banal lui aussi, et pas plus complet pour autant. C’est vrai qu’on prend goût à l’affichage digital précis de la vitesse… Le jeu des différences Pour le reste, pas de différences, ou presque. On se retrouve sur la même moto. Les seuls changements autres qu’esthétiques touchent à d’infimes variations de réglages de géométrie et de suspension avant. La position de conduite reste parfaitement identique, le guidon restant le même sur les deux versions. On retrouve donc ses marques immédiatement, tableau de bord mis à part, le réservoir joliment travaillé et la selle bien dessinée mettant tout de suite le pilote à l’aise. Le moteur affiche bien entendu le même brio et les mêmes qualités dans les deux cas de figure. Il n’y a décidément pas photo : ce bicylindre affiche une bonne volonté et un caractère à mi-régime qui manquent cruellement aux quatre pattes de même cylindrée, le rendant tellement plus agréable à l’usage. Du bon Les amateurs de performances ne devraient pas être trop déçus : en montant les rapports à 10.000 tr/min, la ER-6 fait mieux que se traîner et affiche, dans les deux versions, un très correct 220 km/h compteur qu’elle semble pouvoir maintenir indéfiniment, plus longtemps en tout cas que le pilote couché sur le réservoir… Les qualités routières, elles aussi, restent entièrement préservées d’un modèle à l’autre. La version carénée reste aussi saine à grande vitesse qu’agile en ville ou sur route. Le duo ne lui fait pas peur, les suspensions offrant un relatif confort, hormis des réactions un peu sèches sur mauvais revêtement. Du très bon La version essayée ici était nantie du freinage ABS. Pour un prix relativement modique, de plus en plus de constructeurs offrent maintenant sur des modèles relativement basiques cet équipement de sécurité dont on aurait tort de se priver, tant il apporte une sérénité de conduite par tous les temps. L’ABS fourni en option sur la Kawa ER-6 fait de l’excellent travail. Autant il déclenche assez facilement sur le frein arrière qui avait une tendance au blocage assez prononcée, autant il ne gomme pas les sensations sur les freins avant. Vous serez toujours libre d’effectuer de magnifiques stoppies, sans le déclencher, avec l’assurance de ne pas bloquer votre roue en cas de perte d’adhérence. A 600€, surtout ne vous en privez pas ! La preuve est ici donnée que vous pouvez « rentrer » dans les freins et maîtriser votre ralentissement, l’ABS n’étant là que pour éviter le pire, sans interférer dans votre manière de freiner. Un « plus » incontestable. Du moins bon Comme sur la ER-6N on peste de temps en temps contre la boîte de vitesse un peu lente : difficile parfois de rentrer les rapports à la volée les uns après les autres, on regrette que les rétros, toujours aussi inefficaces, ne se rabattent pas aisément pour remonter les files tant l’agilité de la moto le permet, mais au final, l’agrément qu’apporte la ER-6F vaut largement celui de sa sœur Naked. Alors, laquelle choisir ? L’heure du choix Contrairement à d’autres concurrentes qui accompagnent l’ajout d’une tête de fourche par un changement de guidon induisant une autre position de conduite et donc une autre perception de la machine, ici la différence reste essentiellement visuelle. Nous n’avons pas pu tester la ER-6F par mauvais temps pour juger de sa protection aux intempéries mais le carénage paraît fort étroit pour protéger beaucoup les jambes et, sauf à se coucher le nez dans la bulle, la protection proposée par le haut du carénage nous parait peu sensible. La bulle haute proposée en option améliore peut-être les choses, mais d’origine, la pression du vent sur le torse et les épaules reste importante. Le choix sera donc à faire de goût personnel. Pour notre part, le choix sera vite fait : nous plébisciterons le style plus personnel de la version Naked, plus originale, sans faire l’impasse sur l’option ABS, jamais frustrante et tellement rassurante ! © Bruno Wouters
Advertentie
Advertentie
Advertentie