La gueule de l’emploi
Ce qui est sympa avec KTM, c’est qu’ils savent dessiner des motos qui ne ressemblent pas aux autres ! Le reste est affaire de goût, mais ses lignes taillées à la serpe, son sautevent caractéristique, son petit cul encadré par 2 pots inox biseautés, sa mécanique bien mise en valeur ne laissent planer aucun doute : ça va causer !
Top niveau
Lorsqu’on détaille le bestiau, on ne regrette pas le détour : il n’y a que du beau, que du bon sur cette bécane ! Cadre tubulaire au chrome-molybdène, les italiens aussi sont friands de cette technique qui n’a pas grand-chose à envier aux cadres alu point de vue efficacité, fourche inversée de diamètre 48 réglable en précharge, compression et détente, et suspension arrière monoshock réglable en pré-contrainte et détente, de chez White Power, bras oscillant en alu extrudé, freins Brembo, commandés par un maître cylindre radial, tout comme l’embrayage, durites acier, guidon Renthal à diamètre différencié en alu, réservoir en polyamide, échappement en acier brossé inox, injection Keihin à double papillon…
Le moteur, directement dérivé du bouilleur apparu sur l’Adventure voit ici sa capacité augmentée de 50cc par allongement de la course et de l’alésage, pour cuber 999cc. La puissance atteint désormais le chiffre respectable de 120cv pour un poids tous pleins faits de moins de 200kg, ça se présente plutôt bien !
Start your engine
La hauteur de selle surprend un peu : 855mm ! pas nécessaire d’avoir le bras long pour conduire une SuperDuke, mais les grandes jambes aident pas mal au feu rouge. Pourtant, la position de conduite ne soulève aucun reproche : la géométrie guidon-selle-pédales est parfaite. Le guidon assez large et relevé met en confiance. Voila de quoi maîtriser la cavalerie, on apprécie les maîtres cylindres radiaux, on reste un peu penaud devant le tableau de bord, tristement cheap et bariolé d’orange. Pas vraiment dans le ton par rapport à la somme de matos de qualité réunie sur la moto. Les courts échappements émettent un son viril, vigoureux, avec la retenue nécessaire au respect des normes (et des voisins). Respectueux mais valorisant, ce n’est pas le cas de toutes les motos…
Orange attack
Embrayage et boîte 6 vitesses comme on les aime, nets, précis, ce moteur accepte de reprendre avec vivacité dès 3000tr/min voir 2000tr/min sur les petits rapports, pour s’envoler jusqu’à la zone rouge à 9000tr/min. l’Autrichienne a du tempérament, et pas qu’un peu ! Quel plaisir de voir s’envoler l’aiguille du compte-tours ! On en redemande, et on rentre les vitesses au moindre ralentissement, rien que pour le plaisir de relancer la machine. Rétrogradage à la volée jusqu’en première, sans la moindre amorce de dribblage de la roue arrière. Les freinages « sauvages » n’en sont que plus plaisants, et la conduite sur route mouillée que plus rassurante. La géométrie ramassée du châssis (23,5° d’angle de chasse) associée à la légèreté de l’ensemble, donnent une moto très joueuse et très précise. KTM ne nous déçoit pas !
À donf
Des critiques ont fusé dans la presse au sujet de la stabilité de la SuperDuke à grande vitesse. Avons-nous eu un modèle particulièrement bien réglé ? KTM a-t-il revu sa copie ? Toujours est-il qu’a aucun moment nous n’avons ressenti le moindre flottement, ou une quelconque instabilité. Les vitesses atteintes ont surtout permis de mesurer à quel point le sautevent porte mal sont nom. Le pilote en prend plein la figure, et n’aura aucune envie de maintenir des vitesses qui sont, hors les autoroutes allemandes, complètement prohibées. On en viendrait presque à trouver la SuperDuke raisonnable…
Stunt
Non, c’est pour rire ! avec elle vous serez le roi du stunt : wheelies et stoppies sont sa spécialité ! Pour en revenir à la stabilité, tout au plus lui reprochera-t-on de ne pas aimer les revêtements irréguliers et bosselés de certaines petites départementales, terrain de jeu rendant les trajectoires imprécises et poussant assez rapidement le pilote à rendre la main, d’autant qu’il sera solidement secoué.
Chaud derrière
Et tant qu’on en est aux reproches (mais en fait, sont-ce vraiment des reproches ?) N’espérez pas faire partager vos joies et votre enthousiasme à un quelconque passager. Il tentera certainement de vous étrangler pour faire cesser son supplice au plus tôt ! Et n’espérez pas le remplacer par un quelconque paquet, rien n’est prévu pour l’attacher, vu l’implantation des pots. De toutes façons, les échappements dégagent une telle chaleur que rien ni personne ne supportera de rester derrière vous ! Rien de prévu non plus pour transporter un antivol, et ça, c’est plus gênant vu le niveau d’attractivité de la bête. Le réservoir de 15 litres, facile à remplir, se vide hélas assez rapidement. Il n’y a pas à dire, les motos n’ont pas progressé dans le domaine de la consommation, contrairement aux voitures. Cette remarque ne vise pas la SuperDuke en particulier, rares sont en effet les motos affichant des consommations raisonnables.
Père Noël
Les constructeurs considèrent peut-être avec raison que les motards ne sont que des grands enfants ne regardant guère à la dépense pour s’offrir le jouet de leurs rêves… Et c’est vrai, la KTM est un fameux jouet ! Il est peut-être temps de songer à écrire au Père Noël, un beau cadeau de 11.990 € au pied du sapin ne se refuse pas !
© Bruno Wouters
Crédit photos : G. Freeman, G. Lheritier, H. Peutzer, F. Montero et H. Mitterbeuer