Jean-Francois Christiaens

12 JUN 2024

Essai : Ford Mustang Dark Horse, l’étalon métissé

En plus de ses versions GT, la 7ème génération de Ford Mustang démarre sa carrière aussi en Dark Horse. Un cheval sauvage issu des grands espaces américains mais… dressé à l’européenne ! Un métissage intéressant ?

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La version Dark Horse accentue efficacement le penchant sportif de la Ford Mustang sans nuire à sa polyvalence. Mais l’Europe tempère le pur-sang américain à coup de régulations."

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Ford a visiblement décidé de frapper un grand coup avec sa 7ème Mustang du nom. Il faut dire qu’elle se situe au cœur de la stratégie de la marque pour réaffirmer clairement son A.D.N. américain de ce côté du monde. Pour son lancement en Europe, qui coïncide avec le 60ème anniversaire de l’iconique sportive, Ford la propose non seulement d’emblée dans ses exécutions GT découvertes dernièrement en Coupé et Cabriolet, mais aussi dans cette inédite version plus sportive baptisée Dark Horse. Capable de jongler entre les balades et les sorties « pistes » occasionnelles, cette dernière se présente comme un compromis entre les Mustang GT plus routières et la future Mustang GTD, bien plus radicale et avide de circuits.

Design

Contrairement à la GT, la Dark Horse ne se décline pas en cabriolet. Son penchant plus sportif impose exclusivement la silhouette de coupé Fastback. Si elle reprend bien sûr la ligne générale « nostalgique » clin d’œil à la première Pony Car de 1964 des autres Mustang 7ème du nom, la Dark Horse se distingue par plusieurs détails spécifiques. À l’avant, les phares LED sont notamment assombris et entourés d’une bande noire. La calandre, noire brillante, présente aussi des « narines » trapézoïdales spécifiques. On retrouve également des jupes latérales spécifiques ainsi qu’un aileron arrière fixe. Il surligne une poupe clairement plus musclée que celle de la GT, s’offrant aussi un diffuseur inédit ainsi que des sorties d’échappement assombries.

Le Mustang de face !

La Dark Horse s’offre aussi des logos exclusifs montrant le Mustang… de face. Une position inédite pour l’équidé en 60 ans de production ! Si elle existe aussi en d’autres coloris, notons que la Mustang Dark Horse s’offre cette teinte métallisée exclusive Blue Amber sans supplément de prix. Et si on souhaite vraiment se démarquer du reste de la harde, on peut aussi opter pour le pack « Dark Horse Appearance » réservé au « cheval foncé ». Facturé 1.500 €, il combine un toit noir à des étriers Brembo en bleu foncé et flanqués d’un logo Grabber en bleu vif.

Expérience

En Dark Horse, la Mustang s’offre bien sûr aussi quelques spécificités de design dans son intérieur. Notamment l’apparition d’une plaquette numérotée sur sa planche de bord. Mais on découvre aussi de nombreuses surpiqûres bleues et des éléments en finition « Black Alley », rendant les chromes foncés. Autre détail spécifique incontournable : la présence d’un levier de vitesses en titane bleu anodisé si on opte pour la boîte manuelle.

Pour le reste, cette Dark Horse part au même grand galop que les autres Mustang de sa génération vers la révolution digitale. Sa planche de bord est ornée d’une grande dalle en V, composée d’un double écran. L’écran situé devant les yeux du conducteur, de 12,4 pouces, présente une excellente résolution et un niveau de personnalisation poussé. Le deuxième écran, de 13,2 pouces, intègre le dernier système d’info-divertissement SYNC4 de Ford, compatible avec Apple CarPlay et Android Auto sans fil ainsi qu’avec des mises à jour « Over-the-Air ».

Et pour les conducteurs qui envisageraient d’immortaliser les ruades de leur Dark Horse sur circuit, on trouve des prises USB intégrées au ciel de toit pour alimenter des appareils fixés au pare-brise (caméra, enregistreur de données, etc.). Comme les Mustang GT, la Dark Horse dispose aussi d’un frein à main électronique permettant de brûler plus facilement du pneu pour épater la galerie. S’il simule l’apparence d’un frein à main mécanique conventionnel, une fois le mode « Drift » sélectionné au tableau de bord, il bloque les roues avant. Ce qui permet de brûler les pneus arrière sur place, ou en formant des « donuts », en toute décontraction…

Places arrière d’appoint

Malgré ses dimensions plutôt généreuses (4,81 m), la Mustang se profile plutôt comme une sportive 2+2 qu’une véritable quatre places. Les passagers arrière devront en effet voyager avec la tête collée sur la vitre du hayon. Ces places sont plutôt réservées pour des enfants ou de courts dépannages que pour de longues cavalcades. Le coffre présente, en revanche, un volume acceptable, même si les 381 l annoncés sur papier n’ont rien de très impressionnants pour un modèle de ce gabarit.

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Conduite

La Dark Horse conserve le V8 5.0 l atmosphérique des Mustang GT mais lui offre un traitement de faveur lui permettant de respirer à plein naseaux. Avec ses nouveaux arbres à cames et son admission permettant de faire entrer plus d’air frais vers ses bronches, ce V8 Coyote peut alors développer jusqu’à 507 ch… au pays de l’Oncle Sam.

Filtre à particules castrateur

En Europe, l’ajout obligatoire d’un filtre à particules sur sa ligne d’échappement a toutefois obligé les ingénieurs à recalibrer le bloc. Il développe alors « seulement » 453 ch. L’évolution par rapport à la Mustang GT de 446 ch n’est donc, a priori, pas flagrante… D’autant plus que le couple maximal reste fixé à 540 Nm dans les deux cas. Et comme la Mustang Dark Horse ne profite (malheureusement…) pas d’une cure d’amaigrissement par rapport à la GT (1.837 kg contre 1.836 kg), elle n’avance pas des performances sensiblement plus explosives sur papier. Elle sauve tout de même la face de justesse grâce à des démultiplications plus courtes pour ses boîtes de vitesses, surtout en automatique (10 rapports) avec un 0 à 100 km/h couvert en 4,4 s contre 4,9 s pour la GT. Mais la différence est moins sensible avec la boîte manuelle à six rapports : 5,2 s contre 5,3 s. La Dark Horse abandonne toutefois la boîte Getrag de la GT au profit d’une boîte Tremec renforcée.

Pur-sang plus agile

La Dark Horse profite néanmoins de liaisons au sol spécifiques plutôt taillées pour correspondre au style de conduite européen. Certes, à nouveau, l’Europe castre un peu ce cheval sauvage en empêchant de commander son pack « Handling » optionnel de ce côté du monde pour des raisons d’homologation. Mais les liaisons au sol spécifiques de la Dark Horse « de base » changent déjà le visage de la Mustang en conduite sportive. Notamment sa suspension active MagneRide, offerte ici en série, au calibrage inédit. Elle permet de mieux contenir les mouvements de caisse de la ‘Ricaine en conduite soutenue sans devenir caricaturale. Bon point aussi pour son train avant qui devient plus vif en entrée de courbe, gommant une bonne partie de l’impression de lourdeur de la Mustang GT à l’inscription. La Dark Horse est clairement plus vive que la GT, mais sans devenir trop radicale ou désagréable pour un usage quotidien. On aurait juste apprécié que sa commande de boîte manuelle soit mieux guidée. Elle réclame de bien décomposer les mouvements en conduite vraiment sportive.

Prix

Prix Ford Mustang Dark Horse 2024

Si Ford propose sa Mustang GT en coupé Fastback à partir de 58.460 €, il faut ajouter un supplément de 11.800 € pour jouir des services de la Dark Horse. Soit un prix catalogue de 70.260 €. Mais rappelons que la Dark Horse profite en série de l’amortissement MagneRide facturé 2.100 € sur la GT. Dans les deux cas, pour disposer de la boîte automatique, il faut ajouter 3.000 € en sus. Le supplément de prix exigé par rapport à la Mustang GT se justifie surtout pour les clients à la recherche d’un véhicule sportif au comportement plus précis. Tant en GT qu’en Dark Horse, la Mustang offre quoiqu’il en soit un rapport prix/performance/équipement alléchant. Mais il faudra bien sûr aussi composer avec une fiscalité et un appétit dignes d’un bloc de 5.038 cm³ sans hybridation…

Verdict

En version Dark Horse, la Mustang 2024 conserve le côté « brut » et sauvage de la lignée… tout en gagnant sensiblement en efficacité et précision. On prend alors encore plus de plaisir à cravacher son guttural V8 aux borborygmes caractéristiques sur des petites routes sinueuses. Avis aux dresseurs les plus exigeants.

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