Tous les ingrédients de son aînée s'y retrouvent: le châssis Softail qui donne l'illusion d'un cadre rigide en camouflant son amortisseur sous le châssis, les roues pleines dorénavant perforées en périphérie, le réservoir d'huile sous la selle, le réservoir Fat Boy emblématique, l'énorme phare posé sur sa nacelle ou les repose-pieds en demi lune montés sur silentblocs.

Belle à tomber

La Special manie avec un goût extrême le noir et le chrome, le brillant et le satiné. Sur notre modèle d'essai le réservoir, les garde-boue, le phare et sa nacelle et les supports du garde boue arrière étaient recouverts de noir brillant, tandis que cadre, réservoir d'huile, filtre à air et fourreaux de fourche optaient pour le noir satiné. Moteur et échappement mixent noir et chrome, tous deux satinés. Le résultat est à la hauteur des espérances: cette Harley est à tomber. Aucune faute de goût, une classe folle. Comme quoi la sobriété sied à une Harley-Davidson! Hormis ces détails cosmétiques, la Fat Boy Special reçoit un guidon étroit mais de gros diamètre et une selle creusée, au plus grand bénéfice de la position de conduite, particulièrement agréable.

Mensurations respectables

La Fat Boy ne vole pas son nom et malgré l'équilibre de sa ligne, ses mensurations impressionnent. Presque 2.40m de long, dans les 340 kg tous pleins faits, ça cause, et ça intimide! La position de conduite rassure pourtant, le guidon étroit tombe naturellement sous les mains. Le poids imposant ne se ressent qu'à l'arrêt. Une fois mise en mouvement, la Fat Boy, grâce à un centre de gravité placé très bas, paraît plus légère qu'elle ne l'est. Prudence donc à basse vitesse de ne pas se laisser abuser par une trop rapide confiance. La masse est bel et bien présente et pourrait mettre le néophyte en difficulté lors d'une manœuvre trop audacieuse.

Cool attitude

Ceci dit, la conduite de la Fat Boy Special procède d'une savante alchimie mêlant plaisir de conduite et cool attitude. On se surprend à enrouler sur le couple en profitant des vibrations distillées par le V-twin monté rigide dans le cadre, mais équipé d'un balancier d'équilibrage pour les maintenir à un niveau acceptable. Rares sont les motos aussi satisfaisantes à allure raisonnable. Nul besoin de jeter un œil au compteur pour vérifier si vous ne risquez pas de perdre votre permis. Parfaitement à l'aise en ville si vous acceptez les limites de son gabarit (n'espérez pas suivre les zazous en Booster!), délicieuse sur la route où vous vous régalerez du reflet du ciel dans le cuvelage du phare, elle n'avouera ses limites que sur l'autoroute où, exposé à la pression du vent vous risquez de trouver le temps un peu long. Un monde parfait? Presque…

Revers de la médaille

Les Harley n'ont jamais construit leur réputation sur leur garde au sol, leurs performances ou leur freinage, ce qui se vérifie une fois de plus avec la Fat Boy Special. Nous n'avons sans doute pas pris un seul virage sans racler les très confortables repose-pieds en demi lune, ce n'est pas la brave dame qui a fait un bond en l'air en entendant le bruit du raclement des repose-pieds sur le macadam qui nous contredira, alors que nous tournions à angle droit dans une rue de la ville à une allure plus que sénatoriale! Le freinage ne brille guère par son mordant, et il faut tirer sérieusement sur le levier pour obtenir un ralentissement convenable. Reconnaissons que le frein arrière remplit bien son office et qu'il ne faut pas hésiter à le solliciter plus que de coutume sur une moto!

J'en veux une!

Pas d'ABS, même en option, cette technologie étant réservée à la gamme Touring. Le bloc de 1584cc, fort agréable à l'usage au demeurant, n'affiche pas un comportement particulièrement explosif, préférant user de son couple sur les basses rotations, en manifestant un réel inintérêt à monter dans les tours. Rien de rédhibitoire mais ça donne envie d'aller puiser dans les kits "Screamin'Eagle" pour obtenir un supplément d'âme qui siérait à ravir à cette Harley parmi les plus désirables, malgré un prix élitiste de 20.495€!!