Evolution
Complément d’évolution avec la Street Rod qui reprend l’essence de la V-Rod avec une position et une géométrie corrigées, plus « européenne » : chasse ramenée de 38° (!!) à 30°, fourche inversée de 43mm de diamètre, freinage Brembo, repose-pieds en position classique au centre de la moto, garde au sol augmentée, capacité du réservoir passant de 14 litres à 19 litres, roues à bâtons, guidon redessiné et repositionné. Harley nous parle fièrement de nouveau modèle. Disons qu’ils nous présentent une variation de V-Rod plus conforme aux attentes européennes.
Adaptation
Ceci dit, ne crachons pas dans la soupe ! De la gueule à revendre, un prix nettement plus mesuré que la V-Rod, c’est un bon début. La Street Rod abandonne les spectaculaires jantes pleines de la V-Rod, qu’elle troque pour des jantes à bâtons qui ont vraiment de l’allure. L’échappement perd ses lignes fluides et adopte une ligne 2 en 1 en 2 qui dégage l’emplacement des repose-pieds. Attention toutefois de vous couvrir d’un pantalon épais, au risque sinon de roussir vos mollets au contact du tube à chaque arrêt (énervant & douloureux !). La position de conduite, plus conforme aux canons en vigueur de ce côté ci de l’Atlantique, n’est toutefois pas tout à fait satisfaisante. Le guidon placé trop en avant induit une position qui empêche toute lecture du tableau de bord, joli mais minimaliste, la pédale de frein est épouvantable : votre pied repose naturellement sur le bras de la pédale, très déroutant lors d’un freinage, la commande de l’embrayage reste fort dure en usage urbain. Si vous cherchez du réconfort en ensserrant le réservoir, vos genoux buteront sur les tubes du cadre. Bref, pour mettre à l’aise, on peut trouver mieux …
Révolution
Pourtant, elle est capable aussi de rassurer. Longue et basse, elle met à l’aise les petits gabarits qui n’auront aucun problème à mettre les pieds à plat. Le moteur n’a pour tout point commun avec les autres moteurs Harley que le V2. Même l’angle des cylindres (60°) n’est pas le même. Double ACT, 4 soupapes par cylindre, refroidissement par eau, ce moteur est né pour animer la VR1000, moto conçue pour la course et déclinée en quelques exemplaires pour la route (introuvable !). Moteur très puissant (pour une Harley) il perd hélas le caractère Harley. Sa plage d’exploitation étendue (de 2000 à + de 8000 tr/min) et bien remplie manque par contre de caractère. Ca tire, mais on ne s’en rend pas tellement compte. Un peu frustrant… Les vitesses atteintes attestent toutefois de la bonne santé du « révolution » et le châssis, plus « dragster » que roadster (empattement de 1700mm !), affiche une stabilité irréprochable à haute vitesse ! A près de 240km/h compteur sur les autoroutes allemandes, elle semble vissée sur un rail. Quand à vous, le nez dans le compteur pour fendre l’air, vous aurez l’air complètement ridicule, la Street Rod n’est pas destinée à ce genre d’exercice, même si c’est bon de voir qu’il y a sous le (faux) réservoir de quoi répliquer aux insolents !
American Street
Revers de la médaille, l’empattement aussi démesuré que l’angle de chasse (pour un roadster s’entend) ne lui permettront pas de filer la pâtée aux ténors sur les petites routes. La garde au sol en net progrès par rapport à la V-Rod, le centre de gravité très bas, la position de conduite enfin exploitable et des suspensions sommes toutes efficaces apportant toutefois pas mal de satisfaction à l’heureux possesseur de cette machine, qui sera aussi flatté d’admirer sa monture que ravi de la chevaucher. Il appréciera toute la douceur de la transmission par courroie, technique qui chaque fois nous séduit, il pestera certainement contre l’absence totale d’aspects pratiques. L’équipement est d’une rare pauvreté et ne possède même pas le minimum syndical (ne cherchez pas de warning ou d’appel de phare, encore moins une horloge…).
Look at me
Le Street Rod permettra aussi à un pilote d’éprouver l’attachement que lui porte sa belle. Il faudra en effet à celle-ci une fameuse dose d’amour et d’abnégation pour parcourir plus de 100km sur ce qui lui sert de selle. Plus facile d’emballer une jolie poulette que de l’emmener avec ce genre d’assise… cette remarque vaut d’ailleurs pour d’autres Harley avec lesquelles elle partage des caractéristiques plus attrayantes, comme la béquille latérale la plus intelligente du monde de la moto. Que celui qui n’a jamais vu sa bécane se vautrer par terre à cause d’une béquille qui se se replie inopinément lève la main ! Autre qualité : la Street Rod possède d’origine une alarme. Pas suffisant, mais mieux que rien. On attend toujours que les constructeurs fournissent avec leur moto un solide « U » intégré, seul moyen de limiter les risques de vol… Regrets pour les rétros, jolis mais inefficaces.
La Street Rod reflète tout l’intérêt que porte le constructeur américain au marché européen. Le développement de la gamme Buell le confirme.
Son prix de 16995 € ne la met pas à portée de toutes les bourses, mais l’investissement n’est sans doute pas si mauvais, comme c’est souvent le cas avec Harley Davidson.
© Bruno Wouters