François Piette

2 MRT 2007

Il suffit de presque rien…

La Fazer, présentée en même temps que la FZ1, ne s’en différencie que par son carénage tête de fourche englobant une paire de phares et un petit saute-vent. C’est peu, et c’est beaucoup.

Beaucoup, parce qu’il transfigure l’esthétique travaillée de la FZ1, qui perd dans cette déclinaison beaucoup de sa personnalité et de son caractère. Son regard rentre dans le rang, la banalité de son dessin est affligeante, rien ne distingue plus la Fazer de nombreuses autres motos. Dommage… C’est beaucoup aussi, parce qu’il transforme complètement la perception de la moto. Nous écrivions à propos de la FZ1 qu’elle était trop peu adaptée à un usage fonctionnel, ce n’est plus le cas avec la Fazer. Elle reprend toutes les caractéristiques et les qualités de la FZ1, en y ajoutant un réel agrément au quotidien. Un bel héritage Les prestations du moteur sont connues, et pour cause! Issu de la R1, ce quatre cylindres ne manque de rien: injection, cinq soupapes par cylindre, double arbre. Principales modifications par rapport à l’hypersport: un volant moteur alourdi, des rapports de boîte modifiés, un taux de compression légèrement abaissé. Ça nous laisse quand même 150ch et 106Nm de couple. Le cadre en alu coulé rassure par sa rigidité jamais prise en défaut. Le bloc, fixé très en avant, laisse la place libre à un bras oscillant rallongé, lui aussi en alu coulé. Fourche upsidedown de 43mm et disques de 320mm avec étriers à quatre pistons complètent le tableau. La position de conduite, dynamique, correspond exactement à ce que nous trouvions sur la FZ1. Clône de FZ1 ? Et naturellement, nous retrouvons les mêmes sensations, la même facilité. La Fazer rassure, comme la FZ1. Il est loisible de rouler calmement, sans se mettre en péril, sans s’ennuyer non plus. Hélas, nous retrouvons les mêmes suspensions, décidément trop sèches. Ce qui, à défaut d’être acceptable, pouvait être supportable sur un roadster «jouet», le devient forcément moins au guidon de la Fazer. Toutes les qualités de la FZ1 sont préservées: moteur bien rempli, puissant au-delà du raisonnable mais malgré tout policé et exploitable, donc plus en phase avec l’esprit Fazer que FZ1, châssis rigoureux, capable d’accepter l’improvisation, freinage exemplaire. La Fazer nous paraît plus cohérente que la FZ1. Non! Les reproches que nous formulions au sujet de la Naked (un peu trop sage…) deviennent ici des qualités. A contrario, l’inconfort des suspensions gâche plus le tableau sur la Fazer. Tout de même, il est étonnant de voir qu’un bout de plastique (le tête de fourche !) puisse transfigurer à ce point une moto. La Fazer est capable, contrairement à sa petite sœur, de vous mener des heures durant sans la fatigue du vent, voire de vous emmener loin sur les routes des vacances. Yamaha y pourvoit, en proposant des éléments complétant le carénage ainsi que des valises. Cerise sur le gâteau, la Fazer reçoit, moyennant un supplément de 700€, l’option ABS, un « plus » incontournable pour les grands rouleurs. La Fazer vaut 10990€ hors ABS. Ne manque plus qu’une garde-boue arrière, un vrai! © Bruno Wouters
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