François Piette

17 SEP 2005

En pleine crise identitaire ?

Volkswagen aimerait que Seat vende plus et soit plus rentable. Espérons pour les Espagnols que l’arrivée de Luc Donckerwolke et le design réussi de la León vont relancer la mécanique. Sinon… En tout cas, la Toledo est presque similaire à l’Altea. Drôle d’idée ?

Poussée dans le dos par Škoda et obligée de jouer sur un autre créneau : l’auto emoción, Seat doit à tout prix faire jouer son Latin touch. Malheureusement pour la Toledo, on est resté un peu dubitatif face à son design et à son esprit. Le choix d’une carrosserie trois volumes à peine affirmé est étonnant, surtout pour une voiture du Sud, région où l’automobiliste moyen est friand du coffre arrière. Il n’est pourtant pas d’habitude chez nous de parler d’esthétique en essai, mais ici c’est immanquable. La ligne avant est plutôt sculpturale et cela se poursuit jusqu’au montant C. Après, l’adjonction d’une « malle » donne du popotin à la Toledo. Il faut s’y faire. Cocoon Ceci dit, la Toledo, longue de 4458 mm, est une championne en habitabilité et en espace disponible pour les bagages. On a vraiment de la place pour les jambes et la tête tant à l’avant qu’à l’arrière. Pas étonnant compte tenu de sa hauteur de 1572 mm et son empattement de 2578 mm. Un sentiment de cocooning bien sympathique. Le style intérieur est sobre mais finalement agréable malgré quelques matériaux limites. Pour sa part, la modularité est mieux que celle d’une berline tricorps classique mais en même temps elle n’est pas exceptionnelle. Il faut dire qu’avec un faux air de monospace, on est tenté de l’imaginer avec des sièges qui partent en tous sens. Non, ici la banquette arrière se contente de se rabattre en 40/60. De quoi quand même proposer 500 litres dans un coffre accueillant et fonctionnel avec un faux plancher. Néanmoins, on retrouve des espaces de rangement originaux comme celui sous la tablette cache-bagages. Essence ou Diesel Notre essai a été double : une Toledo 1.9 TDI de 105 chevaux et une Toledo 1.6 de 102 chevaux. Le bloc Diesel TDI a montré de la générosité, à l’inverse du groupe essence qui, en prime, est gourmand en carburant. Vous l’aurez compris, pour peu que l’on roule quotidiennement, autant se laisser séduire par le gasoil. Le 1.9 TDI développe 77 kW et permet de passer de 0 à 100 km/h en 12,4 s et d’atteindre 183 km/h. Les reprises sont aidées par un couple de 250 Nm disponible dès 1900 tr/min. Cette motorisation accouplée à une transmission à cinq rapports bien étagée s’avère agréable, sauf pour le bruit caractéristique du TDI utilisant des injecteurs-pompes et un turbo à géométrie variable. La consommation de 4,5 litres de moyenne est de bon aloi. Contrairement à celle de 6 litres, mais qui dépasse les 10 litres en ville, du 1.6 essence. Avec ce bloc sous le capot, la Seat atteint les 100 km/h après 12,9 s, mais les reprises sont plus délicates puisque l’Espagnole ne peut compter que sur 148 Nm de couple disponible à 3800 tr/min. La transmission permet heureusement de faire illusion pour sortir toute l’énergie des 75 kW de puissance. La vitesse de pointe de ce modèle est de 181 km/h. On s’est un peu ennuyé à son bord au point qu’on se demande si Seat va arriver à vendre beaucoup de 1.6 essence ! Le 1.9 TDI est moins assommant et offre la polyvalence suffisante pour conduire à l’aise sans craindre un manque de punch en cas de besoin. Bon châssis Le tarage de suspension est réglé au millimètre ce qui donne un comportement précis à une Toledo qui reste généralement confortable sur tout revêtement. Le châssis repose sur les mêmes trains roulants que ceux l’Altea : Pseudo McPherson, à triangle inférieur et barre stabilisatrice à l’avant ; essieu multibras et ressorts hélicoïdaux à l’arrière. Ajoutons à cela une direction précise et il est difficile de louper la corde. D’autant que la motricité profite de la fermeté de suspension et de la tenue de route de l’Espagnole. On a bien pu en juger vu le déluge qui est tombé sur notre tête durant les essais. Ce comportement sain rassurera et s’adapte bien à la motorisation d’environ 100 chevaux. Par contre, les essuie-glace planqués dans les montants de pare-brise – comme l’Altea – laissent parfois des traces. La visibilité est aussi dramatique aux ¾ avant et à l’arrière pour les crénaux. Autant dire qu’en ville, il faut souvent avancer le torse pour voir si rien n’arrive sur le côté. Au moins on peut se rassurer avec un freinage mordant, profitant d’un double servofrein. Routière Le comportement routier, le confort des sièges, la place à bord et le volume de coffre disponible nous permet de la qualifier de grande routière. Elle appréciera tout autant l’autoroute que les courbes des nationales… à condition de ne pas avoir l’esprit joueur et sportif. Saine et agréable, elle n’admettra pas la conduite sur les chapeaux de roue à cause d’une motorisation 1.9 TDI et 1.6 essence un peu faiblardes. Il est possible que les 2 litres soient plus musclés. Sorte de version longue de l’Altea, la Toledo ne se reconnaît de sa sœur qu’à l’arrière avec sa bosse. Un choix esthétique étonnant qui rend délicat le positionnement de ce modèle : berline haute ou pseudo-monospace. Selon Seat, c’est une berline traditionnelle surélevée. © Eric Spitzer & Olivier Duquesne
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