Miguel Galluzzi nous explique en préambule que ce centre délocalisé à Pasadena, au nord de Los Angeles, permet de "sortir de la boîte", en humant l'air du temps et les nouvelles tendances, qui souvent naissent sur la côte ouest des Etats-Unis.

Notre interlocuteur nous décrit ensuite le fonctionnement du centre, les dessins en 3D, envoyés en Italie pour validation par les ingénieurs et façonnage des pièces, les caméras 3D qui permettent de visualiser le projet de part et d'autre de l'océan, et la rapidité de décision qui en découle. Quatre personnes suffisent à Pasadena. Seul souci: le décalage horaire! C'est le matin en Californie, le soir à Noale ou Pontedera...

Progrès technologiques

Le maître des lieux nous explique alors combien le design dépend des progrès technologiques, en citant en exemple l'apparition en grande série du cadre en aluminium des premières GSX-R, ce qui a véritablement révolutionné le petit monde de la moto. Il nous parle ensuite des LEDs qui restent trop coûteux pour pouvoir s'affranchir de l'éclairage classique sur une moto.

Nous abordons dans la foulée la moto électrique. Il ne cache pas son intérêt pour la récente Harley-Davidson LiveWire, mais souligne au passage la perception qu'en a la clientèle Harley: les jeunes adorent, les vieux détestent! Ici encore, pense-t-il, la technologie ne permet pas encore d'offrir des machines attractives.

Galluzzi nous confie ensuite son étonnement face aux dérives du marché. Comment en est-on arrivé à ces monstres puant la testostérone qu'on nous propose aujourd'hui? Pour notre homme, les motos doivent redevenir plus amusantes et excitantes, certainement pas plus puissantes! Le plaisir de conduite ne se résume en effet pas à un simple rapport entre le poids et la puissance.

La première fois

Galluzzi observe cette première génération de jeunes "who don't care about cars", et qui privilégie le vélo, les rollers ou les transports en commun, et qui se préoccupe aussi de l'avenir de la planète. Et si cette jeunesse là s'intéresse à la moto, elle n'a certainement pas les moyens d'y consacrer les mêmes sommes que leur vieillissants aînés.

Le PADc (Piaggio Advanced Design Center) a donc pour objectif de travailler sur des motos plus humaines, abordables financièrement, agréables, faciles à conduire et, enfin, joliment dessinées, ce dont l'Italie s'est fait une spécialité.

Galluzzi nous raconte alors l'expérience vécue par son fils, qui possède une Ducati S4 RS. C'est haletant et épuisé qu'il arrivait toujours à la maison, alors qu'il ne revenait que de son école! Pour l'anniversaire de son épouse, Miguel offre à sa femme une V7. Le fiston, qui se gausse des quelques malheureux 50 ch offerts par la petite Guzzi, l'emprunte un jour, pour revenir à la maison rayonnant! Il avait découvert les paysages, l'environnement, un autre plaisir de conduire!

Simplicité

Le patron du design conclut sa démonstration en nous avouant que les constructeurs sont allés trop loin avec leurs produits, et se sont détournés d'une partie de la clientèle. Il prend alors pour exemple le succès de la BMW R nine T, avec pourtant un "package" technologique beaucoup moins ambitieux que celui des produits phares de la marque!

Il en veut encore pour preuve la mode du café racer ou du scrambler, mise en exergue par de nombreux blogs ou magazines spécialisés: un retour à la simplicité, à la pureté, à l'essence même de la motocyclette, conclut-il! La moto reste un achat romantique, le sentiment de liberté qu'elle procure reste toujours aussi fort, il suffit d'y avoir goûté…

Et pour donner ce goût à la jeunesse, Miguel Galluzzi répète que la moto doit redevenir abordable, une moto se résumant à un simple mot: "simplicité". Le bonheur n'est-il pas dans la simplicité? C'est en tout cas ce que pensent de plus en plus de gens qui veulent replacer l'humain au centre des préoccupations. Une simplicité que réclame une frange de plus en plus large de la population, dans la vie comme pour la moto!