La marque anglaise, rachetée par VW, autrefois liée à Rolls-Royce (propriété de BMW), est maintenant seule dans les murs de Crewe depuis le déménagement de son « nouveau » concurrent. Maison de prestige, elle a toute une tradition concernant les noms de modèle et la couleur du “B” ailé.
Le premier modèle Bentley a créé la surprise par le choix de son nom. Au Salon Automobile de Londres de 1919 les visiteurs ont découvert une voiture baptisée “Bentley 3 litres”. Or à cette époque, les véhicules étaient systématiquement désignés par leur puissance fiscale. Mais le fondateur de la marque, W. O. Bentley, refusait de se plier à un système de calcul qui aurait mis en avant l’alésage de 80 mm de son moteur et non sa course exceptionnelle de 149 mm. La désignation “Bentley 16 ch” aurait été peu flatteuse ! Dès lors, de la 3 litres d’origine datant de 1921 à la 4,25 litres de 1936, les Bentley ont systématiquement porté le nom de leur cylindrée, même si la Bentley 4,5 litres suralimentée était officieusement baptisée Bentley “Blower”.
Mk juste avant la guerre
La Bentley Mk V voit le jour en mai 1939 peu avant l’ouverture de l’usine de Crewe. Mais ce modèle ne fut produit qu’à 11 exemplaires à cause du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale. Pourtant, ce fut la première voiture construite sur un châssis conçu pour accueillir les caisses des Bentley et des Rolls-Royce de différentes tailles. Plusieurs prototypes Bentley et Rolls-Royce ont été envoyés au Canada en 1940 pour les sauver d’une éventuelle défaite anglaise. Après la guerre, Bentley lança la Mk VI fabriquée selon le même principe.
R, S, T
La remplaçante de la Mk Vi en 1952 aurait logiquement dû s’appeler la Mk VII, mais elle fut baptisée type R. Elle débuta ainsi la série des voitures désignées par une seule lettre, R, S et T, qui continuera jusqu’en 1980. On ne connaît pas exactement le motif de ce changement, puisque la type R était essentiellement un développement de la Mk VI, mais la lettre R fut adoptée car il s’agissait de la lettre suivante dans la séquence du numéro de châssis.
Vive la France
Le nom de Continental, donné aux caisses des berlines 2 portes faisant l’objet de commandes spéciales, rappelle les beaux jours du grand tourisme. La Corniche, également associée à Rolls-Royce, et l’Azure évoquent le temps des cabriolets sur la Côte d’Azur. D’autres noms donnés aux Bentley depuis 1980 rappellent également la France. Plus particulièrement la piste du Mans où Bentley a construit sa légende avec ses exploits en course dans les années 20. Mulsanne et Arnage rappellent de célèbres virages et Hunaudières, un concept car, la grande ligne droite. La Bentley Brooklands des années 90 rend hommage à la piste britannique où les Bentley Boys ont battu de nombreux records du tour.
Le B ailé caméléon
Il n’y a pas que la désignation des Bentley qui a évolué au fil du siècle. L’emblème aussi a évolué. W. O. Bentley a introduit les emblèmes de radiateur sur ses 3 litres et l’illustrateur F Gordon-Crosby aurait conçu le “B” ailé. Le bleu, le rouge et le vert ont été utilisés sur les modèles 3 litres — généralement, le rouge s’appliquait aux modèles Speed et le vert aux Supersport. La Bentley 6,5 litres présentait un emblème bleu et la Speed Six un emblème vert. Les Bentley 4,5 litres, dont les Bentley Blower, arboraient un “B” blanc sur un fond noir. Des emblèmes jaunes, blancs et mauves auraient également été utilisés pour des commandes spéciales. Les versions 8 litres et 4 litres suivantes furent dotées d’un emblème bleu, mais lorsque la production fut transférée à Derby en 1931, l’emblème noir a prévalu. Cette pratique a continué à Crewe jusqu’à l’introduction de la Mulsanne en 1982 — les voitures suralimentées seraient désormais dotées d’un emblème rouge.
Couleur selon le caractère
Aujourd’hui, quatre couleurs d’emblème sont utilisées pour évoquer l’image et les caractéristiques de conduite propres à chaque modèle, une pratique qui débuta avec la gamme Continental. Le vert est synonyme de “pur sang”, symbolisé par la Continental R et l’Arnage, les “piliers” de la marque. Le rouge, représenté par l’Arnage Red Label, est synonyme de “passion”. Le noir est associé à “l’audace” et aux valeurs les plus nobles des voitures de sport, telles que la Continental T ou la Continental GT. Le bleu met l’accent sur l’élégance et le luxe. C'est donc la seule couleur qui pouvait convenir au cabriolet baptisé Azure.
© Olivier Duquesne
Source : Bentley