Honda nous livre avec sa dernière-née du tout bon Honda, pensé, abouti, efficace. Certaines motos paraissent une évidence. La CBF 1000 F compte parmi celles-ci. Pourtant, à première vue, elle ne laisse pas un souvenir impérissable. Discrète, « propre sur elle », équilibrée certes, mais pas franchement sexy ni révolutionnaire. Un aspect très classique, déjà-vu puisque très proche de la CBF 600 qui elle-même faisait déjà dans la discrétion.La seule différence se situe au niveau de l’assemblage du tête de fourche avec le réservoir, et de l’ajout d’un échappement sur le flanc gauche. Seule audace pour cette moto destinée à plaire (ou ne pas déplaire !) au plus grand nombre, une livrée orange métallique Bombay du meilleur effet. Pour le reste, la CBF 1000 F vise un public mature, plus sensible à la discrétion et l’efficacité de tous les jours qu’à un style tapageur et pas toujours fonctionnel. De 600 à 1000 Si la CBF 600 F fait déjà preuve de beaucoup de qualités et d’intelligence, elle est toutefois desservie (comme tous les 600 quatre pattes) par un moteur sans attrait, en tout cas dans l’usage pour lequel ce genre de motos est destiné. Ces 600 sont creux et inexpressifs jusqu’à un régime bien trop élevé pour un usage courant sur route. Rien de tout ça dans le cas de la CBF 1000 F. Le moteur provient de la CBR 1000, heureusement revisité pour perdre en puissance et gagner en couple. Mission réussie. Si le chiffre de 98 ch paraît décevant en ces temps d’inflation, le ressenti devrait plaire au plus grand nombre. Largement suffisante pour un usage normal, cette cavalerie reste exploitable et gratifiante en toute circonstance. La CBF 1000 F fait preuve d’une bonne santé à tout moment, sans jamais mettre son pilote en difficulté, ou au contraire le frustrer. Just Fit Evidence est le maître mot de la CBF. Dès la prise en main, dès les premiers tours de roues, son conducteur a l’impression de l’avoir toujours connue, toujours chevauchée, quelle que soit son expérience. Son gabarit, plutôt mesuré grâce à son ascendance « 600 », ne laisse pas deviner un poids respectable de 228 kg à sec, soit 252 kg tous pleins faits. Cette masse, qui paraît énorme et pourrait faire peur, est très trompeuse : à aucun moment son conducteur ne la perçoit. Honda a repris son concept «just fit» sur la CBF 1000 F, à savoir la possibilité d’adapter la moto à toutes les morphologies, grâce au réglage en hauteur de la selle sur trois positions, la possibilité d’avancer ou de reculer le guidon en inversant les «risers» et la bulle ajustable sur deux hauteurs. Tous ces réglages rendent la CBF accessible à tous. Et de fait, une fois en selle, difficile de ne pas s’y sentir bien. La trop faible capacité du réservoir (19 litres), un des rares défauts de la machine, devient ici un avantage en permettant aux jambes d’enserrer au mieux la moto. Résultat de cette moto intelligemment développée à partir d’une 600, elle fait preuve d’un équilibre et d’une agilité étonnante, et le poids bien réel de cette moto ne se ressent à aucun moment. CBS-ABS Châssis agile et équilibré, moteur puissant et progressif, freinage au-dessus de tout reproche avec le système CBS-ABS. Pour rappel, lorsque la pédale de frein est actionnée, le système CBS qui équipe la CBF commande le frein arrière mais aussi le piston central de chaque étrier avant à trois pistons, via une valve de répartition. Quant aux pistons extérieurs des étriers avant, ils sont actionnés classiquement par une pression sur le levier droit. En complément du CBS, la CBF bénéficie (en option, n’hésitez pas !) de l’exceptionnelle assurance offerte apportée par l’ABS. La plus infime amorce de blocage d’une roue (révélé lorsque apparaît une différence de vitesse entre les deux roues) conduit le système à intervenir de manière extrêmement rapide (5x par seconde) sur la pression exercée par les étriers sur les disques. Cette intervention permet de maintenir une force de freinage optimale et de garantir un freinage progressif et efficace sans blocage des roues. Un must pour qui se destine à rouler par tous les temps. Cette facilité de conduite est soutenue par un agrément moteur réel. À quoi donc peut servir une cavalerie qui n’apparaît que dans une plage de régime restreinte et haut placée sur une moto conçue pour satisfaire le plus grand nombre, et dans le plus grand cas de figures ? Du couple Au contraire, un moteur coupleux dès les plus bas régimes apporte un tel agrément, un tel plaisir de tous les instants, qu’à aucun moment le pilote ne regrettera les choix du constructeur. Ce moteur est capable de repartir sans sourciller depuis son régime de ralenti (1000 tr/min en 6ème !) jusqu’à la zone rouge. Dès 2500 tours, on le sent reprendre avec vigueur, le gros de la cavalerie déboulant entre 5.000 et 8.000 tr/min. Inutile de vous dire que vous ne vous inquièterez jamais de savoir dans quel rapport ou à quel régime vous vous trouvez. Une simple rotation de la poignée de gaz et vous repartez. Que du bonheur, vraiment ! Le châssis de la CBF 600, à peine retouché, n’est jamais pris en défaut. Agile, maniable et précis dans toutes les situations, il fait preuve d’une remarquable stabilité jusqu’aux plus hautes vitesses, soit aux environs de 240 km/h tout de même… Peu de défauts Difficile de trouver le moindre défaut à cette intelligente bécane. Pas moche, à défaut d’être spectaculaire, saine et équilibrée, maniable et stable, puissante sans être violente, rassurante à tous moments grâce à un des meilleurs systèmes de freinage sur le marché, relativement confortable et adaptée à toutes les morphologies, présentée à un tarif très mesuré (8990 € avec l’ABS ) au prix d’une finition peut-être un peu légère, on ne pourra lui reprocher que des broutilles. Parmi celles-ci, une transmission par chaîne (à défaut d’un cardan, pourquoi ne pas lui doter d’une courroie moins fastidieuse à entretenir) ou une autonomie un peu réduite. Notre consommation a oscillé entre 6,75 et 7,75 litres au 100. Avec 19 litres dans le réservoir, vous devrez vous arrêter tous les 250 km, bien avant que vous ne vous soyez lassé. © Bruno Wouters