Le bloc de 2720 cm³ à 24 soupapes est le nouveau V6 turbodiesel développé conjointement par PSA et Ford. En fait, il semblerait que les Français ont apporté leur expertise et Ford les moyens industriels. Toutefois, les ingénieurs Jaguar ont posé leur pierre à l’édifice pour développer un moteur raffiné, souple et à l’acoustique irréprochable. Le résultat de cette collaboration, et du travail félin, a été étrenné dans cette nouvelle Type S. Une fois la clé de contact enclenchée, on apprécie immédiatement le silence. Cela sera confirmé dès les premiers tours de roue. C’est incroyable de voir à quel point les bruits extérieurs sont absents dans l’habitacle. Jaguar montre là qu’il garde un noble savoir-faire. Pas de bruits désagréables et très peu de vibrations venant du capot. Un délice... Le secret Il n’y a pas eu d’équivoques dans l’esprit des concepteurs du moteur. La S-Type se devait d’avoir un V6. Cette architecture ouvre déjà la voie à une conduite épurée tout en offrant de la puissance. L’AJD-V6 est à rampe commune de seconde génération. L’injection directe multiple se passe à pressions élevées pouvant aller jusqu’à 1650 bars. Les injecteurs piézoélectriques sont en outre capables d’effectuer 5 injections par cycle moteur. Voilà une solution qui diminue les claquements désagréables de certains Diesel. La conception du bloc utilise de la fonte graphique compacte (CGI). Ce matériau est plus résistant que la fonte traditionnelle. On note aussi que les ingénieurs ont opté pour un carter à double paroi, des supports moteurs hydrauliques et des couvre-culasses composites avec isolant élastomère. Outre l’utilisation du CGI, le poids a été réduit avec les culasses et pistons en aluminium dont la forme de la tête a été particulièrement étudiée. Ils favorisent la maîtrise de la combustion et diminuent les consommations et les émissions. Jaguar indique d’ailleurs que la S-Type 2.7D consomme, en transmission manuelle, 7,1 litres en cycle mixte et diffuse 189 g de CO2 par km. Vivacité Son look bourgeoisement top est couplé à un groupe pouvant compter sur deux turbos. Chaque rangée de cylindres a droit à son turbocompresseur à géométrie variable associé à un système de refroidissement des pistons par aspersion d’huile. De quoi offrir une puissance 207 ch (152 kW) à 4000 tr/min. La Jaguar peut passer de 0 à 100 km/h en un peu plus de 9 secondes et atteint 230 km/h. Des performances bourgeoises, par rapport à certains concurrents, mais largement alléchantes. Le carburant utilisé permet aussi un couple de 435 Nm disponibles dès 1900 tr/min. Lors de notre parcours, la boîte automatique ZF à 6 rapports s’est montrée coopérative via un bon étagement. On retrouve la grille en J typique de la marque. Cette BVA se marie parfaitement avec les capacités et le caractère du moteur. Elle apporte de la tranquillité dans la conduite que l'on peut mener à train de sénateur ou à un rythme plus mordant. La plupart des approches mécaniques et esthétiques datent du face-lift de 2002. Toutefois, la suspension a reçu de nouveaux réglages. Elle favorise le confort et emmène l’équipage en toute sérénité, malgré quelques bruits parfois. De plus, elle n’empêche pas une forte sensibilité au vent latéral… L’ensemble garde aussi le comportement typique d’une grosse propulsion. Pour sa part, la direction assistée se montre trop légère. Confort en bon goût La S-Type se montre aussi à son avantage pour la position de conduite « nickel » et dans des sièges excellents. Malgré tout, les passagers arrière pourraient toujours se plaindre d’un espace peu généreux pour les jambes. À l’inverse du coffre plutôt honnête avec un volume allant de 400 à 810 L. On regrettera toutefois une hauteur un peu limite pour les bagages encombrants. On notera que les petites retouches 2004 améliorent l’allure générale et l’ambiance à bord. Notre voiture avec un décor où prédominaient le vert et la ronce de noyer. On a aussi beaucoup apprécié la qualité des informations du GPS. Il faudrait que les instruments de bord suivent d’ailleurs son exemple car certaines informations des écrans LCD sont parfois difficiles à lire. Globalement, cette S-Type gasoil est séduisante pour son moteur inaudible et son allure prestigieuse. Certains détails de finition pourraient encore être améliorés mais l’habitacle est particulièrement accueillant. Économe, la S-Type voit son autonomie altérée par un réservoir un peu juste. Mais l’important c’est surtout le portefeuille… Alors tant pis s’il faut passer un peu plus souvent chez le pompiste. Question deniers, le prix de cette Jaguar est « raisonnable » en regard d’autres voitures concurrentes du même standing. Ceci dit, les options restent d’un niveau qui peut rebuter parfois. © Lionel Hermans & Olivier Duquesne