Un look ravageur Sublime est-il un mot suffisant pour décrire la Brutale ? Pour ceux qui en douteraient encore, songez que son papa n'est autre que Massimo Tamburini, celui dont la main a tracé la Ducati 916 et la MV F4. La machine reprend la base de la F4 avec cependant une boîte à air différente. Pour le design, « Massimo » a tombé le carénage, ce qui laisse apparaître le cadre treillis ainsi que le bloc moteur. Au premier regard, impossible ne pas tomber sous le charme de la bête. La liste des pièces appelant au regard est si longue que nous ne nous plierons qu’a un court et non exhaustif exercice d’énumération : l’emblème MV frappé sur les cylindres, le carter d’embrayage et le réservoir, drapeau italien sur le pontet de guidon, tiges de rétroviseurs carénées. Même l’optique avant est belle. Il faut dire que Massimo est allé chercher son inspiration en Allemagne, chez une certaine Porsche 911. Enfin, la brutale 910 reprend les coloris de la 750 (rouge et noir) et le nouveau logo sur le réservoir mais avec des combinaisons différentes. Un moteur revu à la hausse Petite histoire du moteur : le moteur 1000 cc de la F4 1000 étant trop grand pour se loger dans l’écrin de la Brutale, c’est donc tout naturellement le bloc de la Brutale 750 qui a servi de base pour cette version. La course a été rallongée tout en reprenant l’alésage de la 1000 F4S. Le reste des pièces moteur provient de la F4 1000 et permet ainsi un gain de poids. Le moteur de la 910 ne pèse que 2,637 kg de plus que celui de la 750. C’est principalement un travail de développement sur la F4 1000 qui a permis cette augmentation de performances. Précisons aussi que le moteur de la 910 est équipé de la boîte de vitesse extractible qui provient des Cagiva de GP. Au niveau des performances, le nouveau moteur de la 910 dépasse largement celui de la 750 aussi bien en termes de couple que de puissance maxi : le couple est passé de 7,9 mkg à 10500 tr/min pour la 750cc à 9,8 mkg à 7900 tr/min pour la 910. Côté augmentation de puissance à mi-régimes, par rapport à la petite sœur 750, on retrouvera les gains respectifs suivants ; +21 cv à 5000tr/min, +24 cv à 7000 tr/min et +29 cv à 8000 tr/min lorsque la 910 délivre sa puissance maxi (136 cv). Côté consommation, on regrettera le caractère « glouton » de ce moteur qui nous a fait nous arrêter à la pompe plus qu’il ne faut. Une caractéristique du moteur regrettable et ce malgré la présence d’esprit des ingénieurs d’avoir doté la belle d’un réservoir d’une contenance de 19 litres. Enfin, terminons cette description moteur par une touche mélomane : en plus d’être beau, le chant de la ligne d’échappement Lafranconi est un délice dès les plus bas régimes. Inutile donc de faire les frais d’un nouvel échappement. Vous y perdriez en argent, en beauté en en sonorité. Des performances démoniaques C’est donc ici que nous attendions la nouvelle mouture de la MV, et une fois de plus, les sensations sont au rendez-vous. La vivacité du moteur déclenche une vague de plaisir. Et la passion s'enflamme jusqu'à 13 000 tr/mn. La cartographie d'injection est parfaite, la boîte plus courte que celle de la F4, et les accélérations démoniaques. Un étagement plus que serré des rapports permet de démarrer jusqu’en 4e ! Malgré sa disponibilité, ce 4-cylindres ne s’éveille qu’à partir de 7 000 tr/min. Si le couple est présent en dessous de ce régime, on ne le sent pas autrement qu’en termes de facilité de conduite. La vitesse de pointe théorique de 250 km/h ne sera pour sa part que très rarement atteinte. La Brutale n’est pas faite pour se « taper la bourre sur autoroute ». Son manque (pour ne pas dire son absence totale) de protection vous envoie sur la planète Mars dès que vous dépassez les 180 km/h. Les sensations que vous procureront la Brutale sont d’avantage à aller chercher dans les belles courbes sinueuses de la vallée mosane. Côté tenue de route, la Brutale se montre rapidement maniable à souhait et donne rapidement la sensation d’être au guidon d’un vélo à moteur. Il faut dire que son empattement de 141 cm y est pour quelque chose. Au rayon tenue de route, rien à signaler (enfin presque) : la Brutale se place avec toute la neutralité et la précision requises tant que le revêtement est bon. Sur mauvais revêtement en sortie de courbe, des amorces de guidonnage peuvent se manifester. Équipement Certains détails différencient la Brutale 910 de sa petite soeur (certains proviennent d’ailleurs de la F4) : Reposes pieds réglables par excentrique, démontage rapide de la couronne et nouveau pneu avant en 120/70 ZR 17. Lors de notre essai, l’instrumentation a rencontré plusieurs problèmes d’électronique que nous attribuons à un court-circuit. Nous regretterons par ailleurs le manque de lisibilité de l’écran LCD ainsi que l’absence d’une jauge à essence. Le cadre de la nouvelle Brutale 910 est réalisé en tubes d'acier et est aujourd'hui le seul cadre de ce type à équiper un quatre cylindres. Il offre un avantage considérable en termes de compacité, accès mécanique et rigidité. Le monobras a pour sa part été dessiné par les ingénieurs du Centre de Recherche Cagiva. La suspension avant est assurée par une fourche hydraulique inversée Marzocchi Magnum de 50 mm de diamètre, réglable en compression, détente et pré charge. Cette fourche dispose d'un système de démontage rapide de la roue. Le T de fourche inférieur canalise par son dessin l'air vers le radiateur. À l'arrière le mono amortisseur Sachs dispose également d'un triple réglage. Le freinage est à la hauteur des performances : deux étriers Nissin F4 à 6 pistons opposés de diamètre différents associés à deux disques de 310 mm. Le frein arrière est également un étrier Nissin F4 à 4 pistons opposés et un disque de 210 mm. Coût Il vous en coûtera 16 160 € pour prendre possession de ce roadster diabolique, une somme que nous jugeons relativement élevée non pas au regard de la qualité générale de finition mais d’avantage au regard du prix moyen du marché des roadsters. Reste que vu les sensations procurées, on aurait envie de ne pas compter… © Lionel van Dongen