Arnaud Henckaerts

17 NOV 2022

Essai : Alfa Romeo Tonale plug‑in hybrid Q4 : esprit, es‑tu là ?

Le Tonale est un modèle important pour Alfa Romeo. En embarquant un groupe hybride rechargeable, il devient même presque crucial : en effet, les avantages fiscaux auxquels il a droit, devraient renforcer son attrait sur le très important marché des véhicules de société. Mais cette version a-t-elle plus à offrir que de faibles émissions de CO2 ?

PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Avant l’arrivée du nouveau Tonale, la gamme Alfa Romeo était pour le moins limitée avec les seules Giulia, une berline agréable mais dont le segment est en déclin, et Stelvio, un SUV à l’allure sportive mais qui doit se passer de l'électrification… Ce SUV compact, que nous avons pu essayer précédemment, devrait donc sauver la marque, même si cela signifie renier quelque peu la traditionnelle nature sportive de la marque… Ce constat, nous l’avons adressé aux versions standards qui nous ont laissé quelque peu sur notre faim en matière de performances et de sensations de conduite.

Un pas vers l'électrification complète

Tout n’est pas perdu : Alfa promet un Tonale plug-in hybrid Q4 plus pimenté. La marque elle-même décrit son tempérament comme « sportif et efficace ». En effet, si le SUV à traction intégrale développe une puissance totale de 280 ch, il affiche également, selon la norme WLTP, des émissions de CO2 de 26 g/km et une consommation mixte de 1,14 l/100 km.

Le Tonale est la toute première voiture rechargeable d'Alfa Romeo. Mieux vaut tard que jamais, mais la marque veut rattraper rapidement son retard avec son plan « zero to zero » : de 0 % d'électrification pour le Tonale à 0 % d'émissions en 2027, date à laquelle la marque prévoit de ne vendre que des modèles 100 % électriques. Elle sera ainsi l'une des premières marques traditionnelles à franchir le pas. Cela signifie également que ce Tonale PHEV n'aura pas une longue carrière.

Jeep italienne

Alfa Romeo a beau appartenir au groupe Stellantis, sur le plan technique, le Tonale ne partage pas grand-chose avec ses cousins de chez Peugeot, Citroën et Opel. En termes de technologie, le SUV italien partage surtout ses éléments avec le Jeep Compass 4Xe qui, soit dit en passant, est construit à Melfi, en Italie. En clair, sous le capot, on retrouve le 4 cylindres « MultiAir » turbo de 1,3 litre et 180 ch, ainsi qu’un moteur électrique de 90 kW et 250 Nm.

La batterie lithium-ion de 15,5 kWh permet de parcourir officiellement plus de 80 km (69 km en cycle mixte) en ville sans consommer une goutte d'essence et ce, jusqu'à une vitesse de 135 km/h. Alfa Romeo annonce un temps de recharge de deux heures et demie avec une capacité de 7,4 kWh (5h30 sur une prise standard de 220V). Selon les Italiens, cela devrait permettre à l'Européen moyen, qui parcourt quotidiennement 35 km dont 14 en ville, de ne s'arrêter que rarement à la station-service. Avec un plein d'essence et une charge complète, le Tonale PHEV devrait être capable de couvrir plus de 600 km en une seule traite.

Lourd mais efficace

La batterie permet d'abaisser le centre de gravité et d'obtenir une répartition quasi optimale de la masse entre les essieux avant et arrière (53 %-47 %)… En revanche, elle plombe un engin qui n’était déjà pas très léger : le poids à vide est annoncé à 1.835 kg, dont 125 kg pour la seule batterie.

Chez Alfa Romeo, « Q4 » signifie « transmission intégrale ». Dans ce cas précis, il n'y a toutefois pas de connexion entre les roues avant et arrière, mais un système « by wire » : les roues avant sont entraînées par le moteur essence (via une boîte automatique à 6 rapports), tandis que le moteur électrique entraîne les roues arrière. À plein régime, les deux moteurs délivrent leur pleine puissance de 280 chevaux au total, ce qui permet un 0 à 100 km/h en 6,2 secondes et une vitesse de pointe de 206 km/h. Enfin, sachez que le Tonale PHEV récupère l'énergie cinétique au freinage pour recharger la batterie, mais vous pouvez aussi choisir de le laisser en « roues libres ». Il est également possible de maintenir le niveau de charge de la batterie pour préserver la conduite entièrement électrique à un moment ultérieur.

DNA

Sur cette version PHEV, la manette « DNA » a un gros impact sur l'expérience de conduite, bien plus que sur les autres versions. Sur le mode « A », pour « Advanced Efficiency », il ne faut pas en attendre des performances fulgurantes. Ce mode est recommandé pour une utilisation urbaine avec une gestion favorisant la conduite 100% électrique. Sur le mode « Natural » (N), le Tonale est plus réactif, bien que la boîte de vitesses gâche le plaisir en favorisant les bas régimes. En outre, elle se montre assez hésitante lors des fortes accélérations...

Si vous désirez exploiter le plein potentiel du Tonale PHEV, optez pour le « D » de « Dynamic » qui recalibre la réponse à l'accélérateur, la direction, la boîte de vitesse et le contrôle de stabilité. Dans ce cas, le Tonale se fait bien plus alerte face aux injonctions du pied droit… Toutefois, et contrairement au mode précédent, la boîte laisse ici le moteur mouliner à hauts régimes. Combinez cela à la sonorité terne du moteur MultiAir et vous vous lasserez sans doute rapidement de ce mode… Bien sûr, vous pouvez toujours recourir aux palettes derrière le volant pour calmer l’orchestre mais en utilisation quotidienne, ce n'est bien sûr pas l’idéal.

Bonne tenue de route mais direction trop légère

Les voitures d'essai étaient toutes équipées d'amortisseurs réglables (de série sur la Veloce, en option sur l'Editione Speciale). Sur le mode « D », ces amortisseurs sont d’office réglés sur le mode le plus ferme, ce qui rend les trajets du quotidien assez peu confortables. Heureusement, un bouton permet de retrouver un peu de souplesse en toutes circonstances, en ce compris sur le mode dynamique. Dans tous les cas, le Tonale aborde les courbes avec douceur, sans trop se pencher, et via un train avant réactif face aux sollicitations du volant. Regrettons simplement une assistance trop marquée et un ressenti trop artificiel.

En guise de bouquet final, nous avons pu effectuer quelques tours sur la piste de Balocco, là où sont testées et développées toutes les voitures de la marque (ainsi qu'une série d'autres marques du groupe Stellantis). Le Tonale PHEV a alors pu montrer tout son potentiel : les amortisseurs en position ferme rendent le Tonale agile et neutre sur le parcours sinueux. Sur cet asphalte parfaitement lisse, les 4 roues digèrent parfaitement les 280 chevaux.


Nous n'avons pas prêté attention à la consommation dans ces conditions, mais lors des trajets sur un parcours varié combinant autoroutes, ville et routes de montagne, la consommation dépassait à peine 5 l/100 km. En calmant son pied droit et en gérant mieux les réserves de la batterie, il est certainement possible de faire nettement mieux. Le Tonale PHEV devrait donc se montrer assez doux en termes de coûts à l’usage… Tablez néanmoins sur un prix de 51.000 € pour l'Edizione Speciale, disponible immédiatement, et de 55.500 € pour la Veloce.

Conclusion

Avec 280 ch, le Tonale PHEV n’est pas brutal, mais extrêmement doux et efficace. Avec son moteur électrique sur l’essieu arrière, le SUV jouit d’une transmission intégrale qui le rend efficace par tous les temps. Regrettons toutefois que la direction ne soit pas plus communicative et consistante… La bonne nouvelle concerne l’autonomie sur le mode électrique : elle permet non seulement de contenir la soif du moteur, mais promet également une fiscalité plus légère ! Hélas, pour faire des économies, il faut payer un prix costaud…


?

PUBLICITÉ
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ