Trapue et vivace, la Mini tressaute avec ses suspensions très (trop) dures. La compteur kilométrique est presque aussi grand que la voiture mais cela fait partie de la légende. Le confort à bord est certes digne du XXIe siècle, mais il ne faut pas s'imaginer pouvoir sillonner confortablement toute l'Europe à 4 adultes dans une si petite voiture.
À l'aise en ville, rapide sur autoroute, elle n'est cependant pas un vraie routière d’autant que des bruits d’air sont très présents à plus de 100 km/h. Les petites routes et les longs trajets fatigueront les passagers perpétuellement secoués par les sursauts de la voiture qui, plutôt que d'avaler les irrégularités, a choisi de les hoqueter. Du coup, on rebondit. C'est vrai, cela fait kart. C'est vrai on s'amuse beaucoup en ville, mais il faut bien se rendre à l'évidence : la Mini est une super... deuxième voiture. Ou alors on est sans enfant et avec les reins solides. Le coffre est ridicule mais le rabattement de siège se fait en 3 secondes (chrono en main). Facilité indispensable tant il est vrai que cette opportunité sera surexploitée sur les parkings de supermarché ou lors d'un mini-trip en amoureux !
Créée en 1959 par Sir Alec Issigonis, la Mini doit répondre à une philosophie : 4 personnes, un coffre et un moteur dans moins de 3,10 m, la version originale a eu un succès phénoménal, tant sous l’appellation Morris qu’Austin et Austin Rover. Ayant pu effectuer quelques tours de roue à bord d’un modèle de la fin des années ’80 (merci Maureen et Bruno), on notera que le confort était très rudimentaire, mais qu’en fin de compte, les passagers arrière avaient un peu plus de place pour les genoux que maintenant. La nouvelle Mini versus BMW répond à la philosophie originale : elle est étriquée, mais son niveau de confort a nettement été revu à la hausse… le prix aussi. Les matériaux choisis et la design lui donnent un charme un fou. Cosy, la Mini souffre cependant de petites mesquineries ! On a déjà parlé de l’espace arrière ridicule, à partir du moment où le conducteur et le passager avant mesurent plus de 1,70 m. Le coffre est petit de chez www.petit.com mais les sièges se rabattent très facilement. Le pire c’est cet espace sous la console centrale. On imagine qu’il y a là un bac de rangement. Et bien, nada ! Juste deux barres verticales chromées et pas la moindre barrette pour créer un espace de rangement… Déjà qu’il n’y en a pas beaucoup ! On s’est aussi cogné sur la vitre de la porte car il n’y a pas de montant et comme la voiture est assez basse, on baisse la tête et poc ! on la cogne.
Heureusement, le conducteur, lui, peut s’amuser. Certes, la Mini tressaute et la conduite demande un peu de concentration, mais quel plaisir à partir du moment où l’on veut s’amuser en conduisant. On peut la bousculer dans les virages, la tenue de route est épatante. La version One s’essouffle rapidement et manque de reprise, le Diesel, moins puissant encore, est plus économique que réellement sportif. Les versions Cooper, non essayées, semblent sur le papier, plus ludiques et plus adaptées au choix dynamique de la carrosserie et des suspensions. Néanmoins, le moteur essence de la Mini One émet un doux ronronnement et propulse aisément la voiture en ville, une fois la quatrième passée, cela devient plus difficile. Sa tenue de route, heureusement, la rend particulièrement agile et prompte à engager un virage à allure immodérée. Le volant permet une bonne prise en main et la direction est précise. Le freinage enfin est puissant avec beaucoup de mordant.
Un autre atout fabuleux de la Mini nouvelle génération, comme l’ancienne d’ailleurs : son pouvoir séducteur. Tel un aimant, elle attire les regards et la conversation. On veut la toucher, s’y asseoir. Elle est belle, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Le tableau de bord mi-moderne mi-traditionnel est un magnifique trait d’union entre le présent et le passé. Les boutons à bascule, les cadrans ronds, le grand cadran central, le moteur quasi à l’air libre une fois le capot relevé donnent son cachet identitaire à la p’tite bourgeoise. Car la Mini s’est embourgeoisée au grand dam des fans de la version traditionnelle. Pourtant la Mini n’est pas une mauvaise voiture, loin de là. Elle a les défauts d’une voiture qui a une âme. Car finalement, une voiture trop parfaite devient lassante. La Mini, on l’aime parce qu’on peut l’appeler par un petit surnom, se fâcher sur ses réactions tout autant que la louer pour son ardeur. Bref, une voiture coup de cœur à acquérir en connaissance de cause.
NDLR : la version essayée était une Mini One avec, notamment, volant cuir et pack rangement
© Olivier Duquesne