Grosse embardée pour le projet belge de permis à points. Pourtant, en novembre dernier, tous les feux étaient au vert, les ministres de la Justice, de la Mobilité et de l’Intérieur s’étant mis d’accord sur un cadre commun. Seulement voilà, le permis à points est, bien malgré lui, au cœur d’une véritable bataille politique, à tel point que libéraux et socialistes francophones ont déclaré que le projet était « mort et enterré ». Pour rappel, le permis à points figure pourtant dans l'accord de gouvernement de la Vivaldi, qui en fait la base de « l’approche structurelle contre la récidive persistante » au volant.
Le dernier des Mohicans
La Belgique fait figure d’exception sur le Vieux Continent. En effet, elle est l’un des rares pays européens à ne pas avoir instauré le système de permis à points. En parallèle, notre pays fait aussi partie des mauvais élèves en termes de mortalité routière avec 56 tués par million d’habitants en 2019, contre 51 pour la moyenne européenne.
Un "projet alternatif"
En revanche, PS et MR ont déposé, ensemble, un contre-projet de lutte contre la récidive routière. Un "projet alternatif" qui insiste sur la nécessité d’identifier plus précisément les récidivistes, d’augmenter les contrôles sur les routes, d’accentuer la sensibilisation et de mettre l’accent sur les peines alternatives et le durcissement des sanctions en cas d’accident grave.
Pour les deux partis francophones, le projet actuel comporte trop de lacunes : pas le bon moyen pour lutter contre la récidive, pas efficace pour faire baisser le nombre de morts sur les routes et, enfin, l’exemple français démontrerait qu’il n'empêchera pas les conducteurs sanctionnés de rouler sans permis. Enfin, pour certains citoyens, « être privé de véhicule, c'est risquer la mort sociale ». Globalement, le projet ne tiendrait donc pas compte de la réalité des personnes dont la voiture reste un incontournable au quotidien pour les déplacements privés et professionnels, dans les zones périurbaines notamment.
Et la suite ? Le projet de permis à points demeure soutenu par les partis flamands ainsi que par Ecolo, soit cinq partis de la Vivaldi sur sept. Nul doute que celui-ci fera donc l’objet de nouvelles discussions d’ici peu.