19 mai
On prend un peu de retard: notre ami Alberto, mécanicien bolivien, a oublié de se réveiller. Nous chargeons sans l’attendre le Land-Rover Defender qui nous servira de «camion d’assistance». Nous y fourrons nos bagages, de l’essence pour les motos, du gasoil pour lui-même, des pneus, des pièces de rechange et des outils. Nous partons de chez Maurice vers huit heures et quart. Il nous faut traverser La Paz de part en part et remonter vers El Alto d’où nous prendrons la route d’Oruro.
La Paz
La traversée de La Paz est mémorable. Par sa topographie tout d’abord. La Paz s’est construite dans des failles encaissées entourées de montagnes. Le point de vue est sans équivalent. Les voies « rapides » montent, descendent, tournent sans cesse. Le trafic est incroyablement dense et anarchique. Le principe de base semble être : « je ne regarde que devant moi ». À moto, nous nous régalons, tous nos sens en alerte, prêts à anticiper toutes les manœuvres possibles des véhicules qui nous entourent. Les piétons sont partout, même aux endroits les plus improbables (cette remarque est valable tant en ville qu’en pleine campagne, au milieu de nulle part). Les deux roues sont plutôt rares à La Paz, contrairement à ce que nous avons vu à Cochabamba. Question de climat, sans doute. Cocha jouit d’un été éternel, ce qui est loin d’être le cas dans la capitale…
El Alto
Y a-t-il plus inorganisé que le trafic de La Paz ? Oui ! Le trafic d’El Alto, banlieue pauvre de La Paz qui s’est développée sur le plateau exposé à tous les vents et qui domine La Paz de ses plus de 4000 mètres. Ce ne sont que « truffi », minibus de type Toyota Hiace, taxis, camions-taxis, bus, camions. Il en vient de toutes parts. Ça grouille au point que même à moto nous avons du mal à passer ! Nous roulons près de quinze kilomètres sur la route d’Oruro avant de commencer à entrevoir la fin de cette ville champignon tentaculaire d’une grande misère.
Bloqueos
Les « bloqueos » sont levés, mais il en reste pas mal de traces : carcasses de pneus brûlés, amoncellements de cailloux barrant encore par endroits la moitié de la chaussée, bris de verre ; les barrages étaient nombreux sur la route et les impatients qui tentaient de les franchir en furent visiblement pour leurs frais. Nous croisons une marche de manifestants solidaires d’Evo Morales, leader des « campesinos ». La plupart d’entre eux marche à la feuille de coca. Ils sont quelques centaines, arborant drapeaux et banderoles. Nous arrivons à Oruro vers midi et abandonnons le Land à la seule station venant de recevoir un camion de diesel et où attendent pour faire le plein camions et truffis. Nous partons sur Huari, village dont une bière locale porte le nom.
© Bruno Wouters
Source : Moto-Andina