Le rideau est tombé sur le Belcar Endurance Championship 2010, mais c’est surtout un rideau de pluie que les concurrents engagés aux Van Zon 10 Hours of Zolder ont affronté durant toute la journée : une météo épouvantable a en effet transformé cette épreuve de clôture en un véritable chemin de croix pour tous les participants. Ce marathon s’est terminé par un coup double des équipages Audi : François Verbist et Bert Longin l’ont emporté tandis qu’Anthony Kumpen et Greg Franchi coiffaient la couronne avec… un demi-point d’avance sur leurs valeureux rivaux Maxime Soulet et Marc Goossens.
A Zolder comme ailleurs dans le pays, le menu n’est guère réjouissant quand doivent débuter les festivités : ciel plombé, pluie persistante et parfois violente, bref un temps à ne pas mettre une auto de course dehors. Après l’annulation du warm-up en début de matinée, c’est sur une piste détrempée que se déroulent les qualifications, favorables à Marcel Fässler le renfort de choc enrôlé sur l’Audi R8 LMS n°73 aux côtés de Greg Franchi et Anthony Kumpen.
A l’heure prévue pour le départ, la piste est rendue impraticable par d’immenses flaques d’eau et de véritables ruisseaux, notamment au freinage avant l’épingle du chirurgical. Les services de maintenance du circuit ayant mis les bouchées doubles, le peloton s’élance derrière la safety-car avec une demi-heure de retard alors qu’un premier coup de théâtre s’est déjà produit : sa batterie étant « enrhumée » par l’humidité, la Porsche de Marc Goossens a mis du temps à démarrer et elle navigue au fond du peloton quand le feu passe enfin au vert après 4 tours à allure réduite.
D’emblée, Marcel Fässler donne le ton au volant de l’Audi de pointe. Le pilote suisse est suivi comme son ombre par l’Allemand Marc Lieb (Porsche), François Verbist (Audi) et un Jeffrey Van Hooydonk très entreprenant (Dodge). Hélas au 23e tour, le dernier nommé doit rentrer au stand après une solide frayeur au freinage du Jacky Ickx et il perd le contact avec les meneurs. La pluie redoublant de violence, d’autres concurrents se laissent surprendre par l’adhérence précaire et font connaissance avec les bacs et les murs de pneus. La safety-car intervient deux fois de suite aux environs de la première heure, bousculant la hiérarchie aux dépens des fers de lance du team Audi : « Nous avons commis une erreur de stratégie en ne rentrant pas à la première neutralisation et nous avons perdu 40 secondes supplémentaire en raison d’un écrou de roue récalcitrant », explique Anthony Kumpen.
Dans le camp d’en face, Marc Goossens et Maxime Soulet mènent grand train pour revenir jusqu’au 2e rang derrière François Verbist et Bert Longin (Audi) après 2h30 de course, quand est attribuée une première salve de points au championnat ; ce verdict provisoire permet aux pilotes de la Porsche Prospeed de porter à 3 longueurs leur avance sur Kumpen-Franchi.
Le deuxième quart de l’épreuve voit les ténors creuser l’écart sur une meute qui a perdu la Lamborghini de Lagrange-De Laet-Heyer (suspension). Mais bien malin qui pourrait avancer un pronostic solide dans le match pour le titre puisqu’au terme de la 5e heure, c’est l’Audi de Kumpen-Franchi-Fässler qui apparaît en tête… quelques secondes avant d’échouer dans le bac à sable de la chicane Villeneuve. Si Marcel Fässler reprend très vite sa place dans la ronde, Richard Westbrook a moins de chance… L’Anglais reçoit d’abord un drive through pour dépassement sous drapeaux jaunes puis, alors qu’il vient de purger sa pénalité, il sort de la piste à la chicane Villeneuve et endommage le radiateur de la belle 911 GT3-R. La sanction est immédiate : retour au stand pour une réparation qui coûte neuf tours à Maxime Soulet et Marc Goossens !
L’espoir change définitivement de camp, même si tout peut encore se produire dans ces conditions apocalyptiques : « La voiture part sans cesse en luge sur l’eau, c’est la course la plus difficile de toute ma carrière, » avoue Marcel Fässler. Effectivement, la seconde partie de l’épreuve est marquée par plusieurs incidents frappant des pilotes pourtant confirmés ; ces excursions dans le bac se soldent le plus souvent par la perte d’une poignée de secondes… et un gros coup de stress pour l’équipe au stand. Même l’expérimenté Marc Goossens part à la faute mais loin de renoncer, il repart au combat après avoir laissé un temps précieux dans l’aventure.
Dans les stands, chacun y va de ses supputations concernant l’issue du championnat ; les pronostics restent dans l’ensemble favorables à Franchi-Kumpen qui ne peuvent toutefois se payer la moindre fantaisie puisque le titre pourrait se jouer sur… un demi-point. Devant, François Verbist et Bert Longin y croient un peu plus à chaque tour : cette première victoire 2010, ils la tiennent enfin ! Plus rien ne vient en effet troubler la marche triomphale de l’Audi n°72 dont le jeune Benjamin Bailly n’a finalement pas pris le volant, laissant les deux titulaires s’offrir ce superbe baroud d’honneur.
Dans le clan Audi WRT, le bonheur est complet puisque Greg Franchi et Anthony Kumpen, impeccablement aidés par Marcel Fässler, décrochent une 3e place synonyme de titre pour ce fameux demi-point : « Formidable ! Génial ! Super ! » Grandes tapes dans le dos, bises, pintjes, le triomphe est total pour les troupes d’un Vincent Vosse plus ému qu’il veut bien le laisser paraître. Un an après Jean-François Hemroulle et Tim Verbergt, la marque aux quatre anneaux conserve sa couronne. Les jeunots du clan Prospeed bien guidés par le redoutable Marc Lieb, terminent ces 10 Heures d’anthologie au 2e rang, devant les nouveaux champions et les vice-champions Maxime Soulet et Marc Goossens, évidement déçus mais conscients d’avoir tout donné : « S’incliner d’un demi-point, c’est terriblement frustrant, » analyse « Goofy » qui n’hésite pas à évoquer la plus grosse désillusion de tout son parcours sportif.
On pointe ensuite les étonnants Hollandais Simon Knap et Jochen Habets, vainqueurs en Classe 4 au volant d’une « simple » Porsche 997 GT3, puis Koen Wauters, Jeffrey Van Hoodonk et Raf Vanthoor bien revenus après leurs soucis initiaux. De beaux champions dans les classes Ces 10 Hours of Zolder ont également offert de belles luttes… et de beaux vainqueurs dans les diverses classes et divisions. Dans la classe 4, Chris Matteus et Bert Redant – épaulés par Nico Verdonck et Olivier Van Oost – ont longtemps fait la course en tête mais ils ont échoué derrière Simon Knap et Jochen Habets, impeccables de bout en bout.
Ce verdict n’a cependant pas remis en cause le sacre de Patric et Dylan Derdaele, champions sur la Porsche du Belgium Racing malgré une grosse alerte en début de course (commande de boîte défaillante). Le trio Beckers-Van Samang-Van Samang impose sa BMW 335i en Tourisme pointée à une belle 8e place absolue (d’un souffle devant l’Aston Martin de Moser-Schmetz-Renard-Lémeret), tandis que Patrick Beliën et Dimitri Cuyvers coiffent la couronne aux commandes de leur BMW 120d.
Classement final : 1. Verbist-Longin (Audi R8 LMS) 270 tours ; 2. Ide-Maes-Lieb (Porsche 911 GT3-R) à 2 tours ; 3. Franchi-Kumpen-Fässler (Audi R8 LMS) à 4 tours ; 4. Goossens-Soulet-Westbrook (Porsche 911 GT3-R) à 10 tours ; 5. Knap-Habets (Porsche 997 GT3 Cup) à 12 tours, vainqueurs en Classe 4 ; 6. Wauters-Van Hooydonk-Vanthoor (Dodge Viper) à 13 tours ; 7. Mattheus-Redant-Verdonck-Van Oost (Porsche 997 GT3 Cup) ; 8. Beckers-Van Samang-Van Samang (BMW 335i Coupé) à 15 tours, vainqueurs en Tourisme ; 9. Moser-Schmetz-Renard-Lémeret (Aston Martin DBRS9) ; 10. Bruynoghe-Van Beurden-Lauwers (Porsche 997 GT3 Cup) à 16 tours ; 11. Beliën-Cuyvers (BMW 120d) à 17 tours ; 12. Grouwels-Grouwels (Renault Clio) à 22 tours ; 13. Bouvy-Coens-Kelders (Ferrari 430) ; 14. Franssen-Franssen-Franssen (BMW M3) à 24 tours ; 15. Verhoeven-Verhoeven (BMW M3 GTR) à 25 tours ; etc.
Championnat (officieux) : 1. Franchi-Kumpen 105,5 pts ; 2. Goossens-Soulet 105 ; 3. Verbist-Longin 95,5 ; 4. Maes-Ide 78 ; 5. Wauters-Van Hooydonk 56 ; etc.