L'histoire est en marche, et Audi remet le couvert en 2000 avec la première RS4, bâtie sur le break A4. Impressionnante avec ses ailes élargies et ses boucliers largement percés, elle se distingue par une finition exemplaire, mais surtout par son V6 de 2,7 L développant 380ch! Suit en 2006 la RS4 B7, la première RS4 à se voir déclinée non seulement en break, mais aussi en berline et en cabrio. Exit le V6 turbo, place à un prestigieux V8 atmosphérique de 4.2 L, portant la puissance à 420ch! La boîte reste manuelle, à six rapports.

La RS4 B8 de 2012 garde le V8 atmosphérique, porté cette fois à 450ch, mais contrairement à la B7, la B8 revient aux sources: elle ne sera disponible qu'en break « Avant » Le 0 à 100km/h est abattu en 4,7 secondes et la vitesse, bridée artificiellement à 250km/h, peut atteindre 280km/h.

Quatrième génération de la RS4, cinquième en comptant la mythique RS2, l'Audi RS4 Avant "B9" a été présentée cet automne dans les allées du salon de Francfort. Révolution ou simple retour aux sources, elle abandonne le V8 atmosphérique de 4.2 L pour un V6 2.9 L biturbo à boîte automatique à la puissance identique de 450ch.

Retour en arrière, pas vraiment en fait, si on tient compte que la RS4 a maigri de 80kg dans le passage d'une génération à l'autre et qu'elle a vu bondir son couple de 430 à 600 Nm, justifiant de facto la présence de la boîte automatique Tiptronic à huit rapports, à même d'encaisser sans faiblir ce couple généreux. Les chiffres ne mentent pas, et cette cinquième génération de familiales pressées avance un flatteur 0 à 100km/h abattu en 4,1 secondes… Correct, pour un break accusant 1.790 kilos!

Agressive, avec discrétion

Dès le premier regard et comme pour les générations précédentes, cette Audi en impose, sans en faire trop. Pas d'appendices disgracieux, mais d'énormes jantes (19 ou 20 pouces) remplissant à merveille des arches de roues discrètement élargies, des prises d'air conséquentes entourant la statutaire calandre Single Frame reconduite, des suspensions rabaissées et quelques détails plus discrets qui ne parleront qu'aux connaisseurs. Pas d'inquiétude, vous continuerez à passer pour un bon père (une bonne mère!) à la sortie de l'école!

Attendez toutefois d'avoir tourné le coin avant de faire parler la poudre, sous peine de ruiner instantanément votre belle réputation! Parce qu'elle « avoine » furieusement, cette RS4, surtout nantie comme l'était notre machine d'essai! Hé oui, nous sommes bien chez Audi, et il s’agira de mettre la main au portefeuille pour obtenir le meilleur de votre investissement de départ (84.700€)! Foncez pour le pack RS dynamic à 6.000€, qui comprend la direction dynamique, le différentiel Sport, le châssis Sport RS Plus avec Dynamic Ride Control (DRC), les phares DEL Matrix et la vitesse de pointe portée à 280km/h.

Du coup, et pour faire bonne mesure, optez pour les freins céramique à 6.100€. Là, vous aurez l’essentiel pour jouir du potentiel de cette Audi ! Après, ce sera à discrétion, avec des packs Confort (sièges et rétros électriques, un peu de son, pour un petit 1.936€), carbone et aluminium (4.065€), jantes en alliage léger de 20’’ (3.300€ pour 15kg de moins sur la balance)… Faites-vous plaisir, le tarif compte 38 pages!

Ça souffle !

Mais revenons à notre RS4, qui rejoint la RS2 dans ses liens avec Porsche : le downsizing du V8 au V6 est pioché dans les étagères Porsche, puisqu’on retrouve ce 2.9 L sous le capot de la Panamera, avec toutefois d’autres définitions. Sous le capot de la RS4, ça ne rigole plus, et avec le couple camionesque de 600Nm omniprésent de 1.900 à 6.000trs/min, le V6 biturbo ne laisse guère le loisir au précédent V8 de se faire regretter : ça pousse, et tout de suite ! La poussée est incroyablement vigoureuse et constante, une poussée étonnamment exploitable en toutes circonstances grâce à un châssis incroyable d’efficacité, en tous cas quand vous avez coché les bonnes cases sur le bon de commande.

Ce break de 1.800kg se fait gazelle dans les merveilleux enchainements de courbes andalouses. Il s’inscrit avec gourmandise dans chaque virage avec une motricité jamais prise en défaut. L’expertise d’Audi en transmission Quattro n’est plus à démontrer, et le différentiel Sport, actif entre les essieux et sur l’essieu arrière, balance avec précision la puissance sur la bonne roue. Les suspensions DRC travaillent sur les amortisseurs et les ressorts interconnectés contiennent les mouvements de caisse en limitant le tangage et le roulis.

Rugir ou ronronner ?

Notre RS4 était équipée des freins en céramique, un « plus » coûteux, certes, mais ô combien rassurant ! Le freinage est redoutablement puissant et endurant : de quoi calmer les ardeurs des 450ch, particulièrement expressifs ! De la belle ouvrage assurément, et pas ennuyeuse pour un sou, avec de jolies petites dérives ne nuisant en rien à cette bluffante efficacité : ça va vite, ça va très vite, et on en redemande avec ce moteur bourré de couple et cette boîte automatique incroyable de réactivité.

Le Drive Select permet de choisir différents modes de conduite, du Confort au Dynamic, en passant par le mode Auto ou Individual. Le Drive Select joue sur les paramètres du moteur, de la boîte, des suspensions, de la direction, des différentiels, de l’échappement, pour ne citer que les éléments les plus importants.

Après avoir exploité les remarquables compétences de ce break pressé sur les petites routes de montagne en nous demandant comment préserver notre permis avec un tel engin, il est temps de remettre le cap sur notre port d’attache, en plein centre-ville. Fini de faire les zazous, maintenant ! Mode Confort, un filet de gaz, le lion rugissant se fait chaton ronronnant… Allez, on pourra peut-être le garder, notre permis !