Bruno Wouters

7 MAR 2012

Billet d'humeur : La place du mort et l'obsolescence programmée du motard

Tout le monde a pu lire dans la presse les mauvais chiffres de la sécurité routière, en hausse pour 2011. Les analyses vont bon train, la météo est invoquée, c'est évident qu'elle tient un rôle, l'état des routes n'échappe pas à la sagacité des observateurs, et, bien sûr, les motards sont stigmatisés.

Les commentaires vont bon train (ah, le poids des forums où s'exprime la vox populi!) et, hormis le fait que beaucoup d'intervenants se contentent d'une orthographe plus qu'approximative, nous ne sortons guère des sentiers battus, avec quelques motards très vexés de se sentir cloués au pilori, et de (très!) nombreux automobilistes sentencieux malgré (ou à cause de?) leur parfaite méconnaissance de la pratique motocycliste. Une moto ne se conduit pas comme une voiture, elle ne possède pas la même empreinte au sol, ses accélérations ne sont pas comparables. Le code de la route et les aménagements routiers ne tiennent en général pas compte des spécificités des deux-roues… Dommage qu'on ne puisse imposer à tous les automobilistes une expérience motocycliste qui leur permettrait d'en prendre la mesure.

Alors, certes, certains motards prennent des risques, mais dans quel pourcentage? Pour la majorité des accidents impliquant des motos, l'automobiliste est responsable, c'est confirmé. Les comportements dangereux à moto se limitent souvent à la mise en danger de son conducteur, ce qui est loin d'être le cas pour les voitures: dépassements hasardeux qui se terminent par un choc frontal coûtant la vie à plusieurs occupants dans chaque véhicule, pertes de contrôle fauchant des groupes de piétons ou de cyclistes, le tribut est souvent plus cher payé en voiture.

Oui, on peut durcir les conditions d'obtention du permis moto, avec toutes les bonnes intentions possibles. Cela suffira-t-il? Combien de gosses pratiquent le cyclomoteur à seize ans? Regardez devant les écoles: quelques scoots, et la messe est dite, alors qu'il faudrait encourager cette pratique dès quatorze ans, donner aux jeunes le goût de ce mode de locomotion, qui semble une des pistes idéales pour la mobilité du futur: voyez l'intérêt de nombreux constructeurs automobiles pour le deux-roues: BMW, Honda, Peugeot, Mini, Smart… Ca ferait autant d'automobilistes connaissant les deux mondes, et qui en tiendraient compte dans leur comportement sur la route.

La pratique de la moto comporte bien plus de risques que celle de l'automobile, pourquoi le nier, et le problème réside justement dans l'acceptation du risque dans notre société. La pratique de la moto est-elle encore acceptable dans une société qui s'enfonce dans une bureaucratie galopante, et qui trouve dorénavant normal de porter plainte contre une école parce que la cour de récréation est couverte de neige ou qui ouvre son journal télévisé sur une panne d'un réseau social?… O tempora, o mores…

PUBLICITÉ
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ