Ce fut d’abord la Scarver, dont les originalités déroutèrent le motard souvent « réactionnaire ». Ensuite la gamme des flats a évolué avec des produits originaux comme la « Rockster » ou des modèles remarquables tels que la 1200 GS. De nouvelles gammes sont apparues, comme la série K avec un quatre cylindres face à la route, dont la très attachante K 1200 R représente sans doute la déclinaison la plus audacieuse et la plus nouvelle pour BMW. Évolution La 1200 RT s’inscrit plutôt dans la veine de la 1200 GS : une évolution très réussie d’un produit qui ne l’était pas moins. La 1150 RT avait peu de défauts, la 1200 RT place la barre encore plus haut. Le flat BMW de 1170 cm³ reprend les caractéristiques du bloc apparu sur la 1200 GS, hormis les arbres à cames, les pistons, et le taux de compression un peu plus élevé, raison pour laquelle BMW préconise l’usage de la « 98 » alors que la 1200 GS se contente de la « 95 ». Le châssis est lui aussi directement dérivé de la 1200 GS, ainsi que le circuit électrique basé sur la technologie du multiplexage CAN. L’équipement est à la hauteur des attentes, même s’il faut parfois recourir à la longue (et coûteuse) liste des options. Notre moto était équipée du réglage électronique de suspension ESA, de la radio CD, de l’ordinateur de bord, du cruise control, de la selle et des poignées chauffantes… la dotation d’origine inclut les valises latérales, la bulle réglable électriquement, l’ABS intégral. La note grimpe vite, mais le plaisir et le confort sont au rendez-vous ! Trans-Europ-Express Nous avons eu l’occasion de tester la BMW sur un aller-retour Bruxelles-Paris à l’occasion de l’ouverture du Mondial de la Moto, le lendemain même d’un trajet identique effectué au guidon d’une de ces concurrentes, dont il faut retenir à sa décharge, que son évolution était présentée justement au salon de Paris. C’est là que nous avons pu mesurer combien les BMW sont pensées jusqu’au moindre détail pour « bouffer » du kilomètre. Certes, elle n’est pas la plus rapide ni la plus puissante (et c’est tant mieux pour préserver votre permis), mais elle tient des moyennes respectables avec une vitesse de croisière oscillant entre 140 et 160 km/heure dans un confort et une sérénité remarquable. L’ESA permet d’adapter immédiatement les réglages de suspension à vos envies ou au type de route, la position de conduite irréprochable permet d’apprécier une protection au vent et à la pluie très efficace. La bulle électrique, loin d’être un gadget, permet d’adapter immédiatement le niveau de protection à l’environnement. Autant la position haute de la bulle est agréable sur autoroute pour soulager le buste de la pression du vent, autant nous apprécions de pouvoir l’abaisser d’un doigt sur le bouton de commande pour mieux voir directement devant les roues de la moto pour nous faufiler en ville. Accessible Les vibrations du moteur remontent légèrement dans le guidon sans jamais devenir gênantes. En quittant l’autoroute pour rejoindre les nationales, l’équilibre de la partie cycle se confirme, et le poids malgré tout imposant de l’ensemble ne se fait pas réellement sentir, contrairement à sa devancière, la 1150 RT, qui pouvait parfois impressionner le néophyte. La position de conduite plus basse que la 1200 GS rend la moto plus facile à manœuvrer que cette dernière, malgré un poids plus important. La différence avec la 1150 RT est ici flagrante : autant la 1150 impressionnait lors de la prise en main, autant la 1200 se montre accessible. Bicylindre high tech Le flat twin BMW dans sa dernière évolution apparue sur la 1200 GS développe maintenant 110cv à 7500 tr/min avec un couple de 115Nm à 6000 tr/min. Très sophistiqué, avec injection séquentielle, régulation anti-cliquetis, sonde lambda pour chaque cylindre, il garde un côté très familier et rassurant par son architecture unique qui a fait l’image même du constructeur, son nombre de cylindres réduit et son refroidissement par air. On se sent moins face à une usine à gaz que devant des multicylindres disparaissant sous des cadres et des habillages sophistiqués. En puissance pure il est toutefois dépassé par les plus de 140cv d’une FJR ou d’une Pan. Puissance moins conséquente, certes, mais largement suffisante pour ne jamais manquer d’agrément. Le possesseur d’une RT ne ressentira jamais la moindre frustration à son guidon, et tout en éprouvant le sentiment de bien avancer, les vitesses atteintes resteront plus raisonnables qu’avec d’autres avec lesquelles vous arrivez 20 km/h plus vite sur l’obstacle ou dans le faisceau d’un radar… Cardan Partie cycle efficace en toute circonstances, alliant dans un même élan confort et tenue de route, moteur plein de bonne volonté, à la fois efficace et attachant, la 1200 RT avance donc de très solides arguments. Tout n’est pas parfait cependant. La boîte de vitesses, en progrès par rapport aux anciennes générations, ne fait pas encore le poids face à la concurrence japonaise, ainsi d’ailleurs que la transmission finale par cardan. Il est assez paradoxal que BMW, qui maîtrise cette technique depuis des décennies, se soit fait rattraper et dépasser pas les meilleurs réalisations japonaises, telles celles qui équipent ses concurrentes directes : Paneuropean ou FJR 1300. C’est sans doute son seul défaut, ou plus exactement le seul domaine dans lequel elle ne brille pas. Freinage haut de gamme, comme toutes les BM, avec l’ABS, le freinage couplé et l’assistance. Que du bon et du rassurant, avec plus de finesse que sur la 1150 RT, parfois décriée sur ce point. Gut, Helmut Notre aller-retour Bruxelles-Paris dans la journée au guidon de la 1200 RT participe au plaisir de découvrir les allées du Mondial et ses nouveautés, les quelques centaines de kilomètres encore parcourus à ses commandes ne firent que confirmer l’agrément de cette GT vraiment à l’aise partout, même en ville, une fois débarrassée de ses valises parfois un peu larges dans les embarras de la circulation. Belle finition, commandes intelligentes, on sent qu’on s’entendra bien avec cette bécane, et qu’on partagera des kilomètres avec plaisir, malgré les 16300€ nécessaires à son acquisition. Hélas, ce n’est qu’une moto d’essai et il nous faut la ramener à Bornem… © Bruno Wouters