La C6, c’est la nouvelle voiture de Jacques Chirac. Il pourra alors goûter au confort du siège arrière et aux trajets feutrés. Car ce qui frappe à bord de la C6 c’est son silence de fonctionnement et la sensation d’être assis sur un tapis volant. Citroën a évidemment opté pour une suspension hydraulique. Mais cette fois-ci, les triangles sont superposés à l’avant et l’arrière utilise un train multibras. Ces liaisons au sol travaillent de concert avec une suspension active à flexibilité et amortissement pilotés. Cette suspension se modifie en fonction du type de route, pavé, etc. et adapte la voiture. Ce que nous avons effectivement testé. Planante Explications : la suspension fait appel à des vérins et à de l’azote jouant le rôle de coussin d’air. L’amortissement est variable selon 16 états gérés indépendamment sur les quatre roues jusqu’à 400 fois par seconde. Le calculateur répond selon deux logiques : le Skyhook et le Roadhook. En clair, le Skyhook est le modèle pour le confort où la voiture reste fixe par rapport à un repère à hauteur constante. Lors de sollicitations plus importantes, c’est le Roadhook qui prend le relais en privilégiant la tenue de route. Il existe aussi des modules particuliers : percussions et rebond de roue. Ceux-ci se chargent de préparer la voiture à absorber un nid de poule ou à rester zen sur un axe dégradé. Et ça marche. Très bien même. Enfin, le conducteur peut choisir de régler sa voiture sur un mode Sport soi-disant plus ferme. Vaisseau amiral Sous le capot, on a le choix entre un moteur essence 3.0i V6 de 215 ch et un V6 HDi FAP 2.7 de 208 ch. Lors de l’essai entre Paris et Reims, nous avons préféré la version Diesel grâce à son couple phénoménal de 440 Nm disponible dès 1900 tr/min. Là où l’essence ne peut développer que 290 Nm, à 3750 tr/min encore bien. C’est d’office une boîte automatique à six rapports que nous propose la C6. Logique dans ce segment. Les deux blocs sont tout aussi discrets. Le moteur essence a reçu une ligne d’échappement dotée d’un silencieux bimode actif pilotant les gaz pour améliorer l’acoustique. Pour le Diesel de 2720 cm³, on peut compter sur l’injection directe à rampe commune à multi-injection et deux turbocompresseurs à géométrie variable. Tout cela permet à la C6 de passer de 0 à 100 km/h en 9,4 s avec le 3.0i et en 8,9 s avec le HDi. La C6 peut croiser à la vitesse maximale de 230 km/h. Tout cela en souplesse et dans un univers sans bruit grâce à une excellente insonorisation et au contrôle des vibrations. L’isolation acoustique est aussi liée à l’utilisation d’un vitrage latéral feuilleté. Stable Outre la stabilité générée par la suspension, la C6 est séduisante aussi par son aérodynamisme. Ajoutons à cela que la caisse s’abaisse à partir de 110 km/h et qu’un déflecteur se déploie sur le coffre à partir de 65 km/h et voit son inclinaison augmenter dès 125 km/h. Il n’y a pas dans ce choix qu’un seul souci de tenue de route. La C6 se met ainsi à son avantage pour pénétrer dans l’air, et diminue donc sa consommation. Citroën nous annonce un cycle mixte de 11,2 litres en essence et 8,7 litres en Diesel, pour 100 km. Ce n’est pas Byzance, non plus. Pour tenir le cap, on profite d’une direction hydraulique précise asservie à la vitesse. Mais on aurait préféré une assistance moins poussée. Sûre La C6 est aussi la première voiture à réussir un 4 étoiles, soit le maximum, pour la protection piéton aux tests EuroNCAP. Elle le doit à son capot actif. Une première dans le marché automobile. En cas de choc avec un piéton, le capot se soulève de 65 mm en 40 ms pour éviter que la tête de la victime ne heurte des zones chaudes ou rigides. Elle offre aussi l’AFIL qui secoue le conducteur qui change de voie sans clignotant à plus de 80 km/h. Un système découvert sur la C4 et la C5. Pour le reste, celle qui partage sa plateforme avec la C5 navigue dans le plus classique. Elle est également équipée de 9 airbags, dont un réservé aux genoux, d’appuie-tête actifs et de l’électronique ESP et ABS. La Citroën peut compter sur quatre freins à disque ventilés de 300 mm à l’avant et 302 mm à l’arrière. D’autres équipements favorisent aussi une conduite plus sereine : le Bluetooth de série pour passer automatiquement en mains libres tout en laissant le téléphone dans la poche, et l’affichage tête haute. C6 est le premier véhicule français à adopter la lecture tête haute (mais en monochrome). L’éclairage xénon bifonction à projecteurs directionnels est au catalogue des options. Ergonomie à revoir L’intérieur est cosy avec des matériaux nobles dans un ensemble plutôt austère car très sombre. On note aussi des sérieuses lacunes de finition pour une limousine à cause de vis apparentes. Les modèles essayés étaient des versions équipées du pack Lounge (sièges arrières chauffants et réglables électriquement). Ce pack phagocyte presque 20 litres dans le coffre pour faire passer son volume de 488 à 470 litres. Ce n’est pas fameux pour le segment. Les sièges sont réglables dans tous les sens. Par contre, les commandes pour le chauffage des assises sont très mal placées. Question ergonomie c’est, là, un zéro pointé. Cette molette est tellement mal disposée qu’avec une main de taille normale, on ne sait même pas la glisser entre la porte et le siège. Une fois arrivé en forçant et en se déchiquetant la peau on arrive à tourner cette molette avant que ne surgisse un autre problème : impossible de savoir sur quelle position nous sommes, ni même de savoir si le chauffage est éteint ou fermé. D’après un ingénieur de Citroën, ce problème va être réglé dans les futures versions. Ohé Pour une voiture haut de gamme, le constructeur français aurait pu proposer des clignotants automatiques et un démarrage clé en poche. On ne trouve pas non plus de store arrière électrique (probablement dû à la forme bombée de la lunette arrière), et pas de store de porte non plus (dû à l’absence de cadre). Néanmoins, le bruit de la porte qui ferme, l’air conditionné à diffusion douce et l’espace à bord (empattement de 2,90 m) nous réconcilie avec l’image haut de gamme que se donne la C6. Et puis surtout, quelle confort de roulage. Cette voiture stable et silencieuse a aussi une sacrée gueule avec son long capot, sa ligne élancée et sa lunette arrière. P.-S. : depuis, Citroën a fait annuler tous les essais routiers prévus en Belgique. Apparemment, les modèles présentés à Reims et Paris souffraient de quelques imperfections. Pour notre part, nous laissons cet essai en ligne car il correspond à ce que nous avons effectivement constaté en France lors de la présentation faite à la presse... Rendez-vous plus tard pour un essai qui risque d'être revu et corrigé si, effectivement, Citroën revoit sa finition et d'autres détails pour les modèles qui seront commercialisés. Affaire à suivre donc. © Lionel Hermans & Olivier Duquesne © Photos : Lionel Hermans | Vroom.be