Nous sommes au lendemain de la guerre. Comme de nombreux constructeurs européens, Alfa Romeo a rapidement compris que l’avenir n’est plus aux voitures de prestige, mais bien aux plus petites voitures populaires. Ainsi, il dévoile assez rapidement une gamme de petites voitures : une berline et un coupé compact dotés d’un moteur de 1,3 litre. Voilà qui change des monstres à 8 cylindres d’avant-guerre ! Mais cette lignée, dotée d’un formidable concentré technologique, est promise à une longue carrière.
1963
Au début des années 1960, les lignes arrondies des Giulietta Sprint (devenues par la suite Giulia Sprint), deviennent assez désuètes. Alfa Romeo fait donc appel à Bertone pour dessiner une nouvelle carrosserie. C’est le tout jeune Giorgetto Giugiaro qui tient le pinceau : il a 22 ans à peine, mais il est formidablement talentueux et il dessine une carrosserie résolument moderne et remarquablement proportionnée.
En 1963, la voiture est présentée au public : elle s’appelle Giulia Sprint GT, possède des lignes tendues et un moteur hérité de l’ancien modèle. A savoir, un 4 cylindres tout alliage à double arbre à cames en tête, d’une cylindrée de 1,6 litre et promettant 103 chevaux. Le reste est à l’avenant : 4 freins à disques, monocoque, boîte à 5 vitesses. Petit à petit, la voiture évolue avec en 1965, la commercialisation d’un confidentiel cabriolet (GTC, 1024 exemplaires entre 1965 et 1966) et en 1966, une version Veloce qui gagne une poignée de chevaux et un intérieur plus luxueux.
Evolutions
Autant dire qu’elles furent nombreuses, les évolutions, sur une carrière longue de plus de treize ans ! Notons tout d’abord l’arrivée des versions Junior, au moteur de 1,3 litre et à l’équipement simplifié. En 1967, les Sprint GT et Sprint GT Veloce disparaissent au profit de la nouvelle GT 1750 Veloce. La calandre perd sa « boîte aux lettres » caractéristique (une prise d’air formée par l’interstice entre le capot et la calandre), mais gagne un duo de phares supplémentaires. Mais surtout, sous le capot, c’est l’apothéose avec un moteur de 1,75 l qui promet 118 chevaux et un caractère volcanique.
Les années 70
Pendant ce temps, le reste de la gamme évolue : la Junior se voit également proposée avec le moteur 1,6 l, la GT 1750 Veloce profite de quelques remises à jour en 1969 et, enfin, en 1971, la GT 2000 Veloce remplace cette dernière. Le moteur, d’une cylindrée de 2 litres, annonce cette fois 132 chevaux et il transmet sa fougue sur un pont arrière doté d’un autobloquant. Les feux arrière sont agrandis, le tableau de bord est remanié pour la quatrième fois et l’équipement propose même la climatisation en option !
Les versions spéciales
Ce serait réducteur de ne traiter le modèle qu’en ne parlant que des versions traditionnelles : la Junior Z fût dévoilée en 1969. Il s’agissait d’une version dessinée par Zagato, à l’allure méchante au possible ! Disponible avec le 1,3 ou le 1,6 litre, cette voiture fût produite à 1.510 exemplaires jusqu’en 1974. Pointons également les rarissimes et très désirables versions GTA et GTAm, des modèles dérivés pour la compétition (SA) ou pour l’homologation (Stradale). Dans tous les cas, les voitures se distinguaient par des panneaux de carrosserie en aluminium, un moteur à double allumage et un allègement conséquent. Utilisant les moteurs 1,3 et 1,6 l, elles développaient entre 110 et 220 chevaux, selon la cylindrée et la version.
Au volant
Votre serviteur garde un souvenir ému de l’essai de quelques exemplaires. Tous les modèles sont vraiment séduisants et ils chantent tous d’une même voix métallique, grave à bas régimes et rageuse dans les tours. Le 1.3 l est vaillant mais manque d’un peu de coffre, le 1.6 l est un bon compromis, le 1.75 l est rageur à souhait et le 2 l offre du couple à revendre. Si elle est bien réglée, la direction ne doit pas présenter trop de jeu. Le comportement, très équilibré, fait preuve d’une belle harmonie dans les courbes et constitue l’un des points forts du modèle.
Que surveiller ?
La carrosserie ! La rouille est l’ennemi numéro un de toutes les voitures des années 60 et plus particulièrement de celle-ci ! Inspectez le modèle convoité sous toutes ses coutures et n’hésitez pas à la mettre sur un pont pour en vérifier les dessous. Les moteurs sont solides (surtout le 2 litres, le 1,75 l peut avoir des problèmes de vilebrequin) s’ils ont été entretenus et utilisés à bon escient (temps de chauffe à respecter impérativement), mais vérifiez qu’il s’agit du bon moteur dans la bonne voiture. Un 2 litres dans un Junior 1.3 l, c’est courant mais les assurances n’apprécient pas. La sellerie est fragile, le synchro de deuxième aussi mais pour le reste, la voiture est plutôt bien née.
Quel modèle choisir ?
Là est toute la question. Dans une optique plus « collection », les premières versions dites « boîte aux lettres » sont les plus indiquées mais elles se négocient à prix d’or. Pour un premier budget, une Junior 1,3 l est une bonne alternative, mais le moteur peut sembler un peu terne pour les sportifs. Pour les plus sportifs, une 1750 est une alternative de choix, avec le moteur le plus rageur. Mais les prix de ces dernières se sont envolés pour de bon ! Pointons également la 2 litres, certes moins fine esthétiquement, mais plus gratifiante avec son moteur fort en couple et son pont autobloquant. C’est aussi la plus fiable du lot. Une excellente alternative ? La 1.6 l. Le moteur est performant, chante juste et les prix restent encore relativement raisonnables.
A quel prix ?
Tout démarre à 20.000 € pour un bel exemplaire, doté du moteur de 1,3 l. Comptez un minimum de 5.000 € supplémentaires pour le 1,6 l et de 10.000 € de plus pour une 2 litres. Une GT 1750 Veloce s’échange régulièrement au-delà des 45.000 € ! C’est le prix pour une Junior Z. Si c’est la rarissime GTC qui vous tente, appelez votre banquier : rien à moins de 100.000 € ! Quant à une GTA, suivant pedigree, il faudra encore rajouter 100.000 € à ce dernier budget…