Ces trois voitures ont des qualités intrinsèques très différentes et un fabuleux point commun : un très bon rapport qualité-prix. La plus aboutie étant sans conteste la Nubira. Dessinée par Pininfarina, la berline coréenne a été épatante, notamment compte tenu de la mauvaise réputation du modèle précédent. GM a insufflé son savoir-faire et sa rigueur dans le développement de cette familiale. La suspension, par exemple, a été « recalibrée » pour les modèles du Vieux continent. Finies les suspensions souples inadaptées à nos routes sinueuses parfois chaotiques et au style de conduite plus sportif des Européens. Au cours de son développement, la Nubira a effectué plus de 1,8 millions de kilomètres sur les quatre continents. Après de longs essais au Royaume-Uni, GM Daewoo a notamment effectué un tarage spécifique des amortisseurs pour les raffermir. Certes, on le sent un peu car parfois la caisse de la Nubira a de drôles de tressautements sur certaines irrégularités. Tout comme elle a une fâcheuse tendance à sous-virer. Au moins ce défaut oblige quiconque à lever le pied en virage. Sinon, la finition est très satisfaisante et on note un bel effort d’ergonomie. Mais c’est le niveau d’équipement surtout qui est intéressant. Il suffit de choisir entre SE, SX et CDX pour bénéficier d’un peu de trucs sympas à beaucoup plus de choses chouettes, sans se ruiner et sans devoir feuilleter une encyclopédie d’options. Certes, la Nubira n’est qu’aux normes Euro III et sa consommation n’est pas la meilleure de sa catégorie (6 à 10 litres) mais chez la concurrence, pour le même prix, on a bien souvent une voiture plus petite et moins équipée. En plus, elle est habillée avec goût. Le volant de la version CDX est vraiment très réussi avec ses inserts métalliques sur les branches. Donc, si l’écusson de la calandre n’est pas la motivation première lors de l’achat, il ne faut pas négliger la Nubira. Une des rares voitures que l’on peut qualifier d’achat rationnel ! Elle est agile en ville et peut engloutir des kilomètres. La version CDX a une direction assistée sensible à la vitesse, indisponible sur les versions SE et SX... Ce qui interdit alors toute conduite musclée. La CDX bénéficie aussi des commandes électriques des vitres, des rétroviseurs, d’un autoradio CD avec chargeur intégré à la console centrale et d’un détecteur de pluie. Toutes les versions ont droit à une banquette arrière rabattable et d’un coffre généreux. La position de conduite se trouve assez aisément car le volant et le siège sont réglables en hauteur. Les vide-poches et espaces de rangement sont futés et nombreux dès la finition SX, avec notamment un tiroir sous les sièges avant ! On regrettera juste une climatisation automatique paresseuse au démarrage sur la version CDX essayée. Le moteur 1800 de la CDX n’est pas sans intérêt. Il offre des performances dignes de sa cylindrée, pointe même à 194 km/h et avale le 0 à 100 en 9,5 secondes. Le 1600 n’est pas pour autant mauvais puisqu’il accélère de 0 à 100 en moins de 11 secondes ! L’Evanda, la « grosse » GM Daewoo a été plus décevante. L’absence de freins suffisamment puissants à l’arrière et son poids font ressentir une différence de mordant lors d’un freinage appuyé. L’avant pique du nez et doit beaucoup trop travailler par rapport à l’arrière. Paradoxalement, le niveau d’équipement est plus serré que chez sa petite sœur et c’est bien dommage pour une voiture de ce gabarit. Mais bon, vu de l’extérieur vous avez une voiture aussi grosse que celle du patron et presque aussi confortable... pour quasiment 2 fois moins cher. À condition d’être très vigilant lors des marches arrières et des créneaux. La voiture n’étant pas équipé d’aide au parking, les petits coups sur les pare-chocs vont vite altérer l’image de marque du conducteur. Mais Daewoo peut vous équiper de cette aide indispensable, via un accessoire. L’essai de l’Evanda a aussi été l’occasion de tester la boîte automatique. À quatre rapports, cette BVA de ZF montre vite ses limites. Chez GM Daewoo, pour garder un niveau de prix compétitif, on se contente d’implémenter des techniques déjà bien éprouvées. Pas de haute technologie ni d’ingénierie spécifique. Dommage, car le kick down est bruyant, un peu long à la détente et le moteur semble étranglé. Développée avant l’intégration dans le groupe GM, l’Evanda souffre de certains maux typiques de certaines asiatiques : suspensions trop souples et performances étouffées. Et puis on a dû lutter contre de petits défauts mesquins. L’espace de rangement sous l’accoudoir central est juste trop petit pour ranger les CD, le double porte-gobelet à l’avant est trop grand pour une canette d’un côté et trop petit de l’autre ! De même, lorsque l’on rabat la banquette arrière on découvre que la chasse des roues phagocyte une partie de l’ouverture. Franchement, autant choisir la Nubira nettement meilleure... ou la Kalos. Cette dernière a pas mal d’arguments. Pas aussi marquée « Daewoo nouvelle génération », la Kalos était déjà presque terminée quand GM a repris les rennes. Elle a cependant bénéficié de quelques améliorations. On pourrait presque croire que cette historique a influencé le réglage des rétroviseurs : manuel à gauche et électrique à droite… Avant – après ! C’est une voiture, toujours bon marché, avec quelques bonnes qualités. Un coffre pas ridicule, un confort suffisant pour toute une famille et une conduite agréable. La direction assistée est d’origine sur toutes les versions ainsi que le réglage en hauteur de la colonne de direction. D’autant qu’elle a d’la gueule ! Giugiaro a dessiné une asiatique aux angles latins. On regrettera quelques fautes de mauvais goûts dans le choix de certaines décorations, mais on lui pardonne car elle est bien sympathique la Kalos. D’autant que celle essayée profitait d’un des points forts de GM Daewoo : le LPG. Directement intégré par le constructeur, le réservoir au gaz n’encombrait pas trop le coffre, son fonctionnement est sûr et efficace et fait diminuer drastiquement la consommation. Quel plaisir de ne payer que 10 euros à la caisse après avoir fait le plein... L’alimentation gazeuse n’altère pas trop les performances de la voiture qui offre un silence de fonctionnement déroutant au point qu’on a parfois l’impression d’avoir calé aux feux. La boîte manque malheureusement de précision, le passage de vitesse a parfois nécessité une certaine concentration pour ne pas en sauter une. Dommage aussi qu’au soleil la console centrale montée sur le tableau de bord devienne illisible. Car, franchement, cette voiture a de bons atouts et peut plaire à beaucoup d’automobilistes. La Kalos et la Nubira prouvent que GM Daewoo a fortement progressé et propose des produits économiquement attractifs et de bonne qualité. Bref, ce constructeur pourrait encore nous réserver de bonnes surprises dans les mois à venir avec l’appui technique et marketing de General Motors. On attend, par exemple, l’arrivée – enfin ! - d’un moteur diesel en 2005 pour la Nubira, certainement originaire de chez Opel. Note : la check-list reprend les cotations pour la Daewoo Nubira. Cotation globale pour la Kalos : 7/10. Cotation globale pour l’Evanda : 6/10 © Olivier Duquesne