La Belgique a dépassé la plupart des pays voisins, la France y compris, dans la course au prix du carburant. Alors qu’il n’y a pas si longtemps que cela, seul le Luxembourg pouvait consoler un peu le portefeuille de l’automobiliste, du routier ou du motard, maintenant on peut presque ajouter tous les pays d’Europe à la liste. Et oui ! Le prix à la pompe n’a pas cessé d’augmenter chez nous…
Loi programme du 4 août 2003
Pourquoi en est-on arriver là ? Parce que lorsque les prix du pétrole étaient relativement bas, l’État belge en a profité pour augmenter les accises sur les carburants. De fait, le gouvernement a décidé d’utiliser les baisses de prix pour augmenter les accises à concurrence de la moitié de ces baisses, jusque fin 2007 ! Il faut encore ajouter à cela la TVA de 21 % sur le prix global (prix de base, plus les accises, plus la cotisation énergie, plus la marge et les coûts de distribution). Pur ceux que cela amuserait, tout cela est « clairement » expliqué dans la loi-programme du 4 août 2003. Il faut savoir que la cotisation sur l’énergie a été instaurée en 1993. Pour épargner l’industrie et les professionnels, le gasoil routier échappait à cette cotisation. Mais en 2003, la loi programme imposera aussi une cotisation sur le Diesel. Bingo !
Répartition
Pour mieux comprendre la hausse du prix, il faut aussi savoir ce que l’on paie vraiment. Prenons le cas d’un litre de Super 95 classique payé 1,337 euro à la pompe. Le total des taxes et accises s’élève à 0.824 euro réparti de la manière suivante : 0,592 euro de taxes et d’accises et 0,232 euro de TVA. Dans le prix payé par l’automobiliste, il faut savoir que le distributeur prend une marge (hors coûts de distribution) de 0,143 euro pour un prix de base hors taxe de 0,370 euro. Sur les 1,337 euro, les taxes concernent 61,63 % du prix. L’essence 95 à basse teneur en souffre (BTS) se paie 1,386 euro au litre à la pompe pour un prix de base de 0,411 euro. Les taxes de ce carburant s’élèvent, TVA comprise, à 0,833 euro (60,07 %). Pour le Diesel BTS payé 1,111 euro, on débourse, en taxes et TVA, 0,558 euro, soit 50,21 % du montant total. Car le prix de base du Diesel est plus élevé que celui de l’essence : 0,412 euro. Le problème de ce système des cliquets pour le montant des accises et, surtout, de la TVA en calcul final, c’est qu’une augmentation de 0,005 euro du prix de base au litre fait augmenter le prix final de plus de 0,005 euro… D’où la colère légitime de plus en plus de Belges.
Faire quelque chose ?
Y a-t-il moyen de lutter contre cette montée en flèche du prix du carburant ? Certes, le Gouvernement a appliqué une réduction d’accise après le dépassement du prix maximum, mais on peut qualifier celle-ci de « peanuts ». N’y aurait-il donc pas moyen de prévoir un système moins pernicieux avec un montant d’accises et de taxes, TVA comprise, fixe maximal. Une fois ce dernier atteint, seul le prix de base influerait encore sur le montant affiché sur la pompe. De telles revendications pourraient fonctionner si elles trouvaient une caisse de résonance. Cela pourrait être une action musclée de transporteurs, une manifestation de citoyens ou bien une pétition. On sent sur notre forum, et ailleurs, que cela bout de plus en plus dans les chaumières. L’essence est hors de prix, le mazout de chauffage itou. Et en plus, malgré les milliards engrangés, l’État n’est même pas capable de réparer convenablement les routes et d'offrir des alternatives de mobilité efficaces. C’est dire si les autorités politiques doivent se pencher sur la question avant que la marmite n’explose. Et franchement, on préfèrerait une solution bureaucratique, avec par exemple, des recommandations sur les biocarburants ou les carburants BTS, plutôt qu’un gros clash. Mais pour l’instant, ce dernier semble malheureusement inévitable vu l'inertie gouvernementale.
Tableau comparatif du prix des carburants en Europe
© Olivier Duquesne
Photo : © Mercedes-Benz
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Sources : Fédération Pétrolière Belge, FEBIAC, Automobile Club Luxembourgeois