Jean-Francois Christiaens

29 JUN 2021

Essai : Ford Mustang Shelby GT500, catapulte sauvage !

Avec son gargantuesque V8 gavé d’air frais via compresseur, cette Shelby GT500 n’est autre que la Mustang de route la plus puissante de l’histoire. Une sacrée catapulte de plus de 750 ch !

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Si le nom Mustang évoque déjà à lui seul d’enivrantes cavalcades sauvages, quand on lui associe la mythique étiquette Shelby, le tempo du voyage s’accélère instantanément. Quand on a du sans-plomb qui coule dans les veines, découvrir la Mustang Shelby GT500, soit la version de pointe de la mythique sportive américaine virilisée directement par Ford Performance, ne peut que donner le sourire. D’autant plus que Ford avait, pour l’occasion, aussi réuni quelques devancières de la mythique lignée lancée en 1967 par Carroll Shelby…

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Holiday on ice !

Seul bémol du jour : le déluge s’abat sur notre terrain de jeu, la piste d’essai de Ford située à Lommel ! Quand on s’apprête à faire transiter au sol près de 850 Nm sur deux roues postérieures, voilà qui s’annonce a priori plutôt délicat…

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Sous le capot de la Bête, on retrouve une solide évolution du V8 installé sous le capot de la Shelby GT350. Gavé en air frais par un volumineux compresseur Roots, le V8 5.2 l en aluminium assemblé à la main (ce qu’une plaquette signée rappelle fièrement quand on soulève le capot) développe alors ici 760 ch à 7.300 tr/min et le couple impressionnant de 847 Nm à 5.000 tr/min. De quoi permettre au bolide de prétendre au prestigieux titre de « Mustang homologuée pour la route la plus puissante de l’histoire ».

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Sacrilège ?

Mais ce qui distingue surtout cette nouvelle génération de GT500, c’est la disparition du « bon vieux » levier de vitesses manuelle. Pour transmettre la fougue de son V8 aux jambes arrière de son Mustang, Ford Performance a opté pour une toute nouvelle boîte de vitesses à double embrayage fournie par Tremec… et développée en Belgique ! Elle compte 7 rapports et quasiment autant de modes sélectionnables pour lui offrir de nombreux visages. Du plus doux, pour un usage routier, au plus explosif lui permettant d’enquiller les rapports en moins de 100 millisecondes pour briller lors des « drag races » si populaires aux Etats-Unis.

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Intérieur « sobre »

À côté de la robe extérieure plutôt voyante de cette Shelby, et on ne parle pas seulement de sa couleur mais bien aussi de ses nombreux appendices aérodynamiques spécifiques (bien que notre modèle d’essai ne soit pas équipé du pack Carbon Fiber Track optionnel qui ajoute notamment un aileron arrière encore plus impressionnant issu de la Mustang GT4 de compétition !), la présentation intérieure semble plus sobre.

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Hormis la disparition du logo Ford au profit de cobra de Shelby, la présentation reste en effet assez proche de celle d’une Mustang conventionnelle.

Briseuse de cervicales

Mais la comparaison s’arrête là. Quand on donne vie au V8 et qu’on le laisse chanter librement grâce à l’échappement piloté, on sent qu’on se trouve aux commandes d’un étalon très spécial. Ce qui va d’ailleurs se confirmer très rapidement puisque Ford nous invite d’emblée à découvrir cette GT500 par une série d’accélérations départ arrêté. Configurée en mode « Drag », la Shelby est prête à bondir ; le launch Control n’attendant plus qu’on lève notre pied gauche de la pédale de frein pour lui lâcher la bride.

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Comme on s’en doutait, sur notre piste détrempée, la débauche de couple malmène les deux 315/30 R20 (Michelin Pilot sport 4S en série ; Pilot Sport Cup avec le pack Track) au décollage. Une bonne nouvelle pour nos cervicales certainement… Car, ensuite, dès que les gommes retrouvent un peu de motricité, la poussée devient vite assez impressionnante. Et les changements de rapports de la boîte Tremec d’une rapidité sidérante. En mode Drag, la boîte va même jusqu’à donner des à-coups assez brutaux pour assurer le meilleur chrono possible. Officiellement, dans de bonnes conditions, la Mustang Shelby GT500 peut alors boucler le traditionnel exercice du « ¼ de mile », l’équivalent de notre 400 m départ arrêté, en moins de 11 secondes. Le « 0-60 mph » (0 à 97 km/h) est donné quant à lui pour seulement +- 3,5 s.

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Mais dans ces conditions dantesques, force est de reconnaître que les changements éclairs de la boîte déstabilisent la poupe de la Shelby. La GT500 dandine alors à chaque « claque » de la boîte Tremec et réclame toute l’attention de son conducteur pour rester en ligne au fur et à mesure que le tachymètre s’affole ! Garder son pied « soudé » quand la Shelby rue brutalement à l’approche des 200 km/h, voilà qui demande en effet d’être bien réveillé !

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On pointera aussi l’incroyable efficacité des freins Brembo. Les gigantesques disques (420 mm) pincés par six pistons tempèrent facilement les ardeurs de la GT500 en bout de piste.

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Dosage délicat

Le deuxième exercice préparé par Ford pour notre découverte de cet intimidant jouet va mettre encore davantage en exergue le délicat équilibre à trouver pour le dompter. Sur le circuit improvisé sur la vaste plane dégagée du centre de Lommel, il faut en effet quelques tours pour apprendre à doser finement la pédale de gaz. Une fois toutes ses aides électroniques déconnectées, en mode Track, la GT500 rue en effet brusquement en sortie de courbe dès la remise des gaz compte tenu de l’arrivée brutale du couple dès les plus basses rotations. Tête-à-queue en série assurés…

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Mais si l’on dose l’accélérateur avec subtilité, le plaisir distillé par ce « cheval sauvage » en piste est indéniable. Avec, en prime, des commandes parfaitement calibrées. Outre des liaisons au sol recalibrées, cette GT500 bénéficie en effet notamment d’une direction spécifique. De quoi offrir des sensations proches de celles de nos sportives européennes de référence.

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Facile à vivre au quotidien ?

Explosive lors des départs arrêtés, agile en piste (une fois qu’on a trouvé le mode d’emploi…), la Mustang GT500 se montre aussi incroyablement docile en usage routier. C’est du moins l’impression qu’elle nous a laissée lors de notre petite boucle de refroidissement menée sur la partie routière du centre de Lommel. Configuré en mode normal, le loup se transforme alors en agneau. L’amortissement piloté MagneRide devient conciliant, le moteur très souple, l’échappement discret et la boîte d’une fluidité impressionnante.

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Combien ça coûte ?

Aux Etats-Unis, on peut considérer que cette GT500 est une « affaire ». Elle est en effet proposée à seulement 72.900 $. Au taux de change actuel, cela correspondrait à un peu plus de 61.000 €… Mais bien sûr, n’espérez pas jouir de ce bolide de ce côté du monde pour si peu ! D’ailleurs n’espérez pas pouvoir en jouir du tout… Ford n’importe pas officiellement cette Shelby GT500 en Europe. Si le cœur vous en dit, il faudra vous orienter vers un réseau parallèle d’importation (ou vous lancer vous-même dans l’aventure) pour jouir de cette Mustang de tous les superlatifs.

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Notre verdict

Le rapport prix/prestation affiché (aux Etats-Unis…) par cette Mustang magnifiée par Ford Performance est tout simplement bluffant. Mais ne soyons pas trop tristes de ne pas pouvoir en jouir officiellement de ce côté du monde. Soyons en effet déjà heureux de pouvoir commander les simples Mustang GT (48.850 €) ou Mustang Mach 1 (61.150 €) plus « utilisables » et fleurant déjà bon l’Amérique !
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