Comme chaque fois, les évolutions se jouent en douceur, en piochant une base dans la gamme existante et en mixant quelques éléments issus des tendances observées. La Blackline, apparue le 20 janvier au salon de Bruxelles, apporte une nouvelle orientation à la gamme déjà très variée des Softails. Rappelons que les Softails se caractérisent avant tout par un cadre de type "hard-tail", qui donne l'illusion des anciens cadres rigides en cachant astucieusement ses suspensions sous le moteur, avec pour résultat un style particulièrement original rappelant les anciennes Harley.

Softail égale Hardtail!

Cette base, née en 1984, a connu d'infinies déclinaisons dont les plus célèbres restent sans doute l'Heritage Softail Classic ou la Fatboy. N’oublions pas les modèles "Springer", abandonnant le principe de la fourche télescopique pour revenir aux anciennes fourches à balancier, toujours au catalogue avec la Crossbones. Le châssis Softail est mis avec la Blackline à la sauce "custom", avec au premier coup d'œil un résultat plutôt probant. Fi des fioritures souvent accumulées sur d'autres modèles, la Blackline va droit à l'essentiel: un moteur, deux roues, un réservoir, une bonne dose de noir, et basta! Ca commence avec une jante avant étroite de 21 pouces, au profil joliment arrondi fini en noir satiné, encadrée par des fourreaux de fourche et un garde boue laqués noir. La fourche Wide-Glide encadre un phare minimaliste de 146mm de diamètre, mêlant noir brillant et chrome.

Custom

Il est surmonté par un guidon Split Drag noir brillant qui enserre un simple compteur. Le réservoir Softail de 18,9 litres fait l'impasse sur la jauge, se contentant d'un bouchon abaissé placé sur la droite. La bande Blackline posée sur le réservoir cache les connexions et raccords de la pompe à essence. La selle biplace surbaissée (660mm) surplombe un garde-boue arrière étroit, puisqu'il enveloppe un pneu arrière d'un diamètre de 16 pouces et large de seulement 144mm. Tout le reste se joue dans des jeux subtils de noirs, oscillant entre le mat, le brillant et le satiné: cadre, support de garde-boue arrière et bloc moteur noir mat, réservoir d'huile, carter et culasse noir brillant, agrémentés de chrome avec les échappement superposés, le filtre à air ovale et quelques pièces moteur. Seule touche de couleur, le dessus du réservoir, Cool Blue Pearl, ou Sedona Orange sur notre moto. Mais si vous aimez le noir, vous pouvez aussi choisir le Vivid Black, pour un véritable "dark custom"!

Du noir!

Harley maîtrise son sujet et propose depuis le printemps une moto au look parfaitement abouti et sans fausse note, hormis quelques boulons malheureux de-ci, de-là, et plus particulièrement au niveau des échappements. Dommage, mais peut-être est-ce pour pousser à l'achat d'accessoires et de pièces détachées, un fameux business pour la firme américaine! Avec sa selle basse, la Harley se laisse facilement dominer malgré une position de conduite perfectible, bras et jambes rejetés en avant, avec pour corollaire le dos arrondi, la pire des positions pour absorber les irrégularités de la route. Ceci dit, la Blackline ne s'en tire pas trop mal, avec des débattements de suspensions plutôt corrects. Nous en avons connues de nettement moins confortables! Une Harley, c'est avant tout un moteur, et si le V twin de la FXS se contente du 96ci (1584cc) à balancier d'équilibrage, il n'en montre pas moins un tempérament tout à fait attachant, et on se délecte de le faire tourner dans les bas régimes (enfin, pas trop bas, sinon ça cogne!), et de reprendre sur le couple sans rentrer de rapports.

Boîte virile

Heureusement, car les boîtes Harley ne brillent pas par leur rapidité et la douceur de leurs commandes. Rien de rédhibitoire, mais bien loin de ce que la concurrence offre en matière d'onctuosité, avec aussi un point mort pas toujours facile à dompter. Les vibrations, toujours bien présentes malgré l'équilibrage, participe à la construction du mythe, et, il faut bien l'avouer, au plaisir! Le comportement routier de la Blackline offre largement de quoi rendre les balades agréables, même si l'empattement long et l'angle de chasse ne lui permettent pas toutes les fantaisies. La garde au sol n'a rien de particulièrement exceptionnel dans l'absolu, mais la Blackline racle moins vite que plusieurs membres de sa famille, et on trouve énormément de plaisir à parcourir les kilomètres à son guidon, sans avoir envie de forcer le rythme. Une fois de plus, Harley nous prouve qu'il y a moyen, au guidon des machines américaines, de parcourir avec beaucoup de satisfaction les kilomètres à un rythme paisible, sans s'embêter une minute, un plaisir rarement distillé par la majorité des motos au guidon desquelles respecter les limitations de vitesses tient plus de la torture que d'un quelconque bonheur! Les prix? 17.295 € en Vivid Black, 18.020 en deux tons.