Yeelen Möller

3 JUL 2024

Essai : Lotus Emeya, une athlète de 2,5 tonnes !

Lotus cible clairement Porsche avec cette « Hyper-GT » électrique. Avec plus de 900 ch, l'Emeya peut-elle faire le poids face à la Taycan ?

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Les nostalgiques devront se faire une raison : l'Emeya ne respecte plus vraiment la philosophie maison. Mais c'est une vraie supercar qui peut bousculer les références !"

Au cas où vous ne le sauriez pas encore : Lotus abandonne progressivement le segment des petites sportives légères pour devenir un constructeur premium. L'Emira fait donc figure de dernier dinosaure, en tant que sportive old-school à moteur thermique. Après cette dernière, Lotus ne commercialisera plus que des voitures électriques ! Cette Emeya est d’ailleurs la troisième du genre, après l'hypercar Evija et le SUV Eletre qui, soit dit en passant, est très populaire en Belgique. Avec cette gamme renouvelée, Lotus espère produire jusqu'à 150.000 voitures par an. Voilà qui tranche avec les 576 voitures assemblées par la marque en 2022 !

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Design

Quasiment un an jour pour jour après le lancement de l'Eletre à la presse, nous avons pu essayer la petite sœur, l'Emeya. Il s'agit d'une "Hyper-GT" à quatre portes qui repose sur la même plate-forme « EPA » que l'Eletre, mais aux dimensions adaptées. Avec ses 5,139 m de long, l'Emeya est plus longue de 4 cm et repose sur un empattement allongé de 6 cm (3,069 m). Mais la plus grande différence se situe bien sûr au niveau de la hauteur, avec 1,459 m pour la berline contre 1,636 m pour le SUV.

Au premier coup d’œil, il est évident que les deux modèles partagent un air de famille, avec un pare-chocs avant similaire et des phares en forme de boomerang, bien que ceux-ci soient doublés sur l'Emeya. A l'arrière, l'Emeya partage sa poupe pointue avec l'Eletre, dont l'effet est renforcé par le toit noir et le bandeau LED continu. Afin de mieux contrôler les flux d'air, l'Emeya est équipée de nombreux éléments aérodynamiques actifs, tant au niveau du pare-chocs avant que du diffuseur et du spoiler arrière. Lotus annonce d’ailleurs fièrement une belle finesse de ligne (0,21 Cd) et un appui aérodynamique allant jusqu'à 150 kilos.

Expérience

A bord, l'écran central OLED de 15,1 pouces domine le tableau de bord et sert de point de contrôle pour pratiquement toutes les fonctions du véhicule. Si les interrupteurs physiques (comme pour régler la climatisation) n’ont pas disparu, on ne relève aucun bouton pour le volume, qui se contrôle via l'écran... Quoi qu'il en soit, le système d'infodivertissement fonctionne de manière très fluide et rapide, tout en proposant de jolis graphiques. Android Auto et Apple CarPlay ne sont pas encore intégrés, mais ils le seront bientôt via une mise à jour logicielle. Et nous pouvons en attester : nos voitures d'essai en étaient déjà équipées !

Sous les yeux du conducteur, on retrouve un petit écran qui ne contient que les informations essentielles. Le passager avant profite lui aussi d’un écran similaire, mais qui se limite toutefois à l’affichage de l’heure et de la playlist musicale. Heureusement, l’instrumentation est complétée par un affichage tête haute pour le conducteur. Pour le reste, le choix des matériaux et la qualité de finition sont extrêmement soignés. Tout ce que vous touchez est non seulement beau, mais aussi solide et de grande qualité ! En outre, Lotus a prévu quelques équipements de haut standing, à l’instar du toit ouvrant électrochrome qui peut être obscurci, et d’un système audio phénoménal, signé KEF.

Limousine sportive

Avec un empattement aussi long (3,07 m), on s’attend bien sûr à retrouver une habitabilité franchement généreuse… Et c’est le cas : les passagers arrière profitent d’une très belle garde aux jambes ! En outre, il est possible de troquer la banquette arrière pouvant asseoir 3 personnes, contre des sièges individuels, plus largement réglables et séparés par un épais accoudoir abritant un espace de rangement et une tablette.

Si Lotus annonce un volume de 509 litres pour le coffre, il semble bien plus grand en réalité ! L'espace de chargement est non seulement profond, mais aussi très bas, surtout si vous laissez le cache-bagage en place. Lorsque les sièges arrière sont rabattus, vous disposez de 1.388 litres, un volume complété sous le capot par un « frunk » de 31 litres, juste suffisant pour vos câbles de recharge.

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Conduite

Au volant d’une Lotus, on s’attend surtout et avant tout à profiter d’une formidable expérience de conduite. A ce niveau, les chiffres s’annoncent prometteurs : l'Emeya est disponible avec 450 kW/612 ch (Emeya & Emeya S) ou avec 675 kW/918 ch (Emeya R). Dans les deux cas, vous disposez d'une transmission intégrale grâce à un moteur synchrone à aimants permanents sur chaque essieu. Si les versions de base atteignent déjà les 100 km/h en 4,2 secondes, l'Emeya R ne met que 2,8 secondes et franchit la barre des 200 km/h 7,2 secondes plus tard ! La vitesse de pointe est limitée à 250 (Emeya & Emeya S) ou 256 km/h (Emeya R), cette dernière disposant en outre d'une deuxième vitesse pour améliorer ses accélérations !

Plus fine que l’Eletre, l’Emeya se permet d’embarquer une batterie légèrement plus petite que le SUV : il reste tout de même 102 kWh dans ce cas, ce qui donne une autonomie de 610/540/435 km (Emeya/S/R). La batterie est également plus basse, ce qui permet d'abaisser la position de conduite... Pas assez, toutefois, car nous étions toujours assis un peu trop haut derrière le volant ! On ne va pas non plus trop se plaindre, car le volant tombe bien en main, avec une jante fine et des encoches idéales pour les pouces. Seul reproche : la finition Alcantara, qui rend le cerceau un peu trop glissant.

Un estomac solide est indispensable !

Avec ses 918 ch et 985 Nm, l'Emeya R demande un minimum de circonspection avant d’être utilisée : les accélérations sont foudroyantes, le freinage hyper brutal (disques en carbone-céramique pincés par 10 pistons), et l’inscription en courbe sidérante, surtout avec les pneus Pirelli P Zero Corsa (en option) qui collent au bitume. Les limites sont donc très repoussées, ce qui est particulièrement stupéfiant quand on se rappelle les 2,5 tonnes et les 5,14 mètres de long de l’engin !

Face à tant de brutalité, nous préférons l'Emeya S, une version quasiment identique d’un point de vue stylistique (un choix délibéré de Lotus, mais cela pourrait changer à l’avenir…). A bord de cette dernière, la puissance est toujours suffisante, tandis que les suspensions légèrement plus souples et le freinage plus facile à doser conviennent mieux dans le cadre d’une utilisation quotidienne. Les roues plus étroites profitent également à l’autonomie : lors de notre essai, nous avons relevé une moyenne de 20 à 25 kWh/100 km avec un style de conduite souple, en fonction des conditions. Vous pouvez donc tabler sur une autonomie réelle de 400 à 500 km… A la condition de savoir éduquer son pied droit !

Bonne nouvelle supplémentaire, la batterie encaisse des recharges allant jusqu’à plus de 400 kW, ce qui permet de passer de 10 à 80% de charge en seulement 14 minutes (si vous trouvez une station de charge qui le permet !). Durant notre pause dans une station Ionity, nous avons même vu la borne charger à plus de 350 kW, en dépit des 44% restants dans la batterie !

Prix

La Lotus Emeya est disponible en Belgique à partir de 109.490 euros. Pour l'Emeya S, mieux équipée, il faut débourser un minimum de 130.390 euros, tandis que l'Emeya R, plus rapide, réclame 154.890 euros. Bien entendu, la facture peut largement s’envoler avec quelques options extrêmement coûteuses, comme le pack carbone étendu (11.180 euros), l'intérieur beige en cuir Nappa (4.680 euros) ou le pack Executive pour les sièges arrière (7.630 euros). L'Emeya s’aligne donc sur la Porsche Taycan (de 103.200 € à 255.299,99 €) et se révèle plus chère que la Tesla Model S Plaid (108.970 €) qui ne peut toutefois pas rivaliser avec la finition et le comportement routier de l'Emeya.

Verdict

Il est peu probable que Lotus égale les ventes de Porsche dans les années à venir. Le constructeur britannique n'a ni l’image de marque, ni l'expérience des Allemands dans le segment du luxe sportif. Mais l’Emeya devrait néanmoins connaître une belle carrière et c’est tout ce que nous lui souhaitons : elle parvient en effet à combiner une technologie moderne, une très belle qualité de finition et des performances de tout premier plan !

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