Bruno Wouters

15 MAR 2010

Plus capuccino que ristretto!

Moto Guzzi retient vite la leçon et, comme Triumph le fit pour la Bonneville, décline la première variation de la V7 Classic, la Cafè Classic, une Truxton à l’Italienne. Le Café Racer connu son heure de gloire dans les années 50-60, époque bénie ou il suffisait de peu chose pour "coursifier" une moto: une paire de guidons bracelets et une selle "tape-cul" suffisaient à faire l’affaire!

La recette utilisée par Guzzi pour sa Cafè Classic n’a pas changé, puisque la Cafè Classic reprend intégralement les caractéristiques initiées par la V7 Classic, hormis les demi-guidons, la selle, les échappements relevés, et bien sûr les couleurs de l’habillage. La source d’inspiration n’a pas dû être cherchée bien loin: en 1969, Moto Guzzi présentait un modèle depuis devenu mythique: la V7 Sport. Ce modèle, dérivé de la routière V7 Spécial, bénéficiait d’un châssis spécifique particulièrement bas et élancé. Les premiers modèles construits bénéficiaient d’une combinaison chromatique plutôt particulière, mêlant le rouge du cadre en tube au chrome mobdylène au vert "Legnano" du réservoir et des caches latéraux. Cette magnifique moto possédait un des meilleurs châssis de l’époque qui, allié un moteur développant un bon 70 ch, donnait en finale un engin aussi désirable qu’efficace.

Héritage

La V7 Cafè Classic, qui se revendique ouvertement de cet héritage, nous laisse un peu sur notre faim avec ses 49 ch… Nous sommes loin des sensations que distillait son illustre ancêtre, qui pouvait atteindre les 200 km/h il y a quarante ans! Ceci posé, nous avions pris énormément de plaisir à nous promener au guidon de la V7 Classic et nous avons retrouvé le même bonheur aux commandes de la Cafè Classic. Le design, toujours aussi réussi, reprend avec finesse tous les ingrédients qui faisaient le charme des anciennes. Roues à rayons, compteur cerclé de chrome, demi-guidons, selle joliment travaillée avec le logo Moto Guzzi estampé dans le simili cuir, échappements chromés relevés, nombreuses touches de chrome habillement disséminées (phare, clignoteurs, rétroviseurs, amortisseurs, poignées de maintien passager – au fait, où sont passés les reposes-pieds passager de notre modèle d’essai?...).

Café pas trop serré

L’ensemble, remarquable d’équilibre et d’homogénéité, préserve des proportions menues, rendant cette belle moto accessible à tous. Facile à prendre en main, grace à ses dimensions et son poids mesuré, la Cafè Classic ne fait pas payer trop cher sa définition Café Racer. Le guidon plus bas et plus resserré que sur la V7 Classic n’impose en effet pas une position radicale. Certes, l’appui sur les poignets est plus marqué, mais rien de rhédibitoire, et la selle creusée se marie bien avec cette nouvelle ergonomie. Le petit V-Twin a gardé le même caractère enjoué et, s’il ne faut pas espérer de grands débordements de violence, il donne à la Cafè Classic suffisamment de caractère pour la rendre particulièrement attractive en ville ou sur les petites routes de campagne. Le moteur fait preuve d’une belle souplesse et donne le meilleur de lui même dans les mi-régimes, entre 3.500 et 5.500 tr/min.

Arôme

Ses mensurations réduites et son poids mesuré la rendent particulièrement vive et maniable dans les embarras de la circulation, et nous retrouvons avec plaisir les sensations des motos de moyenne cylindrée d’une époque sans doute révolue. En ville , la petite Guzzi offre l'aisance d’un scoot, le "chic" en prime! Le charme des balades tranquilles sur les petites routes se redécouvre avec le même bonheur, les qualités révélées par la Cafè Classic dans la cité gardent ici la même pertinence, et ce n’est que plaisir d’enrouler courbes et virages sur le couple. Le châssis de la Cafè, somme toute plutôt basique face à la majorité des motos actuelles, lui donne un comportement tout à fait sain et rigoureux, au prix sans doute d’une suspension plutôt raide. Le freinage, confié à un disque flottant de 320 mm pincé par un étrier à quatre pistons à l’avant et un disque de 260mm à l’arrière, suffit amplement à la tâche, avec un bon feeling et un mordant suffisant.

Café salé

La boîte cinq n’appelle aucune remarque, hormis sa commande. Un levier trop long engendre une course importante, qui nuit à la précision lors des passages de vitesses. La V7 Cafè Classic a gardé intactes les qualités et le charme distillés par son aînée, la V7 Classic. Elle apporte en prime un style légèrement différent, plus sportif, et c’est sans doute pour cette raison que nous aurions aimé quelques chevaux supplémentaires, même si elle ne manque à aucun moment d’agrément. Dommage que l’addition soit aussi salée pour un "Café": 8.490 euros, soit 500 euros de plus que la Classic.

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