Jean-Francois Christiaens

15 MAI 2024

Essai : Omoda E5, figure de proue

Le géant chinois Chery aussi veut croquer dans le gâteau européen avec son blason Omoda. Une nouvelle marque qui débute son offensive avec ce SUV électrique E5. Mais de (nombreux) autres suivront !

"L’Omoda E5 ne séduira pas les férus de conduite. Mais les clients qui cherchent un SUV électrique original au rapport qualité/prix intéressant pourront y trouver leur compte."

Un nouvel acteur chinois de plus qui s’apprête à pousser les portes du marché européen ? Oui. Mais Chery n’a rien d’un petit blason chétif qui tente sa chance sur la pointe des pieds. Avec 1,2 million de véhicules produits par an, il faut plutôt le classer dans la catégorie des géants groupes chinois, à l’instar de BYD ou Geely, qui entendent monter en puissance aussi de ce côté du monde. Chery a prévu de passer à l’offensive chez nous avec deux de ses blasons : Omoda et Jaecoo. Notons d’ailleurs que Chery sera le premier constructeur automobile chinois à produire ses voitures sur le sol européen. En l’occurrence à Barcelone, sur le site de l’ancienne usine Nissan fermée en 2021. Dès la fin de cette année 2024, Chery produira à Barcelone ce SUV électrique Omoda E5. Le premier d’une longue lignée de nouveaux modèles qui seront proposés en Europe.

PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Design

Techniquement, ce modèle n’est pas charpenté sur des entrailles exclusivement électriques. Il faut plutôt le voir comme une version électrifiée d’un SUV thermique existant : l’Omoda 5. Sur le marché belge, les clients auront d’ailleurs le choix entre les deux versions. Dans sa version thermique animée par un 1.6 l turbo essence de 185 ch / 275 Nm, l’Omoda 5 affiche une calandre béante assez sportive. Sa déclinaison électrique Omoda E5 dispose d’une face avant spécifique, à la calandre close et intégrant la connectique de recharge. On remarque aussi assez nettement la mutation technique au niveau des bras de suspension arrière, plutôt saillants, ainsi que du module de batterie dépassant sous le plancher.

Poupe fuyante

Le style général du modèle tire vers l’univers du SUV coupé, avec une poupe fuyante et l’illusion d’un pavillon flottant. Ses lignes se veulent plutôt élégantes mais l’allure générale laisse tout de même une impression de déjà-vu. Sur un plan plus objectif, notons que l’Omoda E5 s’étend sur 4,40 m. Soit un encombrement le situant entre le Hyundai Kona Electric (4,36 m) et le BYD Atto 3 (4,46 m).

Détails « chipés »

A l’intérieur aussi, l’Omoda tente de soigner sa présentation. Il faut tout de même composer avec certains détails qui sentent l’« inspiration », pour ne pas dire la « copie ». L’habillage des contre-portes ou le sélecteur de rapport sur le volant rappellent en tous les cas furieusement l’univers Mercedes-Benz… Mais certains petits détails plus originaux égayent tout de même l’ambiance générale, comme l’imitation « smartphone » de l’éclairage dédié au passager avant ou encore la sérigraphie lumineuse intégrée à la planche de bord.

 

Expérience

Sur le plan de l’info-divertissement, l’Omoda E5 dispose de deux dalles de 12,5 pouces qui se prolongent en long format paysage. Celle devant les yeux du conducteur manque un peu de possibilité de personnalisation mais se montre plutôt lisible. La centrale se montre, de son côté, parfois un peu lente et pas toujours très ergonomique à l’usage (avec des touches à sélectionner un peu petites, comme pour la climatisation par exemple). La navigation intégrée n’était pas fonctionnelle sous nos latitudes sur le modèle mis à notre disposition et nos deux langues nationales principales en Belgique n’étaient pas plus disponibles. Mais ces « détails » devraient être réglés d’ici le lancement officiel prévu pour cet été. Heureusement, l’intégration d’Apple CarPlay / Android Auto sans fil était déjà fonctionnel. On trouve aussi une zone de recharge par induction et, sur la version haut de gamme, un système de caméra 360° plutôt efficace.

Stylé, mais plutôt spacieux

Aux places arrière, deux passagers peuvent s’installer assez confortablement même si la garde au toit sous le pavillon fuyant pourrait gêner les plus grands échalas. Le coffre arrière se montre aussi suffisamment vaste pour un usage courant malgré la poupe fuyante. Il ne sera, en outre, pas encombré par le câble de recharge qui peut trouver sa place sous le capot avant grâce à un petit rangement dédié.

Autre petit détail pratique à noter : l’Omoda E5 est compatible avec la fonction « V2L » (Vehicle to load) pour alimenter ses appareils électriques nomades en cas de besoin (jusqu’à 3,3 kW).

 

PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Conduite

Motricité perfectible…

L’Omoda E5 dispose d’une batterie de type LFP (lithium-phosphate de fer) d’une capacité de 61 kWh. De quoi lui permettre de prétendre à une autonomie WLTP de 430 km. Le moteur électrique anime, quant à lui, exclusivement les roues avant et développe 150 kW (204 ch) / 340 Nm de couple. C’est « trop » pour le train avant qui digère assez mal ce couple lors des démarrages appuyés. La motricité est clairement perfectible et le retour de couple dans la direction assez marqué.

Mais en conduite coulée, l’Omoda E5 se montre plus agréable. Autant juste éviter d’essayer d’accrocher les 100 km/h en 7,6 s dès la moindre occasion. Globalement, l’Omoda E5 roule de manière assez convaincante, avec un réglage d’amortissement visant autant que possible le meilleur compromis possible entre confort/dynamisme. Mais les vrais amateurs de conduite regretteront le rendu assez artificiel de sa direction et un comportement dynamique manquant un peu de finesse. Dommage également qu’on ne puisse pas facilement moduler son freinage régénératif en roulant (il faut naviguer dans la tablette tactile). En revanche, l’Omoda E5 se montre assez frugale en conduite coulée. Nous avons relevé une consommation moyenne de 16 kWh/100 km durant notre essai. Ce qui laisse espérer une autonomie réelle d’environ 350 km. Le chargeur intégré digère le courant triphasé jusqu’à la puissance de 11 kW. L’Omoda E5 n’accepte en revanche les recharges rapides en courant continu que jusqu’à 110 kW au maximum. Ce qui est plutôt « moyen » de nos jours. Durant notre essai, nous avons patienté +- 30 minutes pour récupérer de 30 % à 80 % de charge sur une borne rapide.

Prix

Prix Omoda E5 2024

Omoda lancera officiellement son E5 sur notre marché durant l’été et confirmera alors sa liste de prix. Pour l’heure, on sait juste que l’Omoda E5 sera proposé en deux niveaux d’exécution (Comfort et Luxury) et que sa version d’accès devrait rester sous la barre des 40.000 €. Ce qui n’en fait pas un véhicule chinois « bon marché » comme la BYD Dolphin, par exemple (proposée à partir de 29.990 €). Mais au vu de l’équipement de série et des prestations générales offertes, on peut tout de même parler de rapport qualité/prix intéressant. On devrait évoluer dans les tarifs des BYD Atto 3 (à partir de 38.740 €) et BYD Seal U (à partir de 42.740 €).

Omoda offre une garantie de 7 ans /150 000 km.

 

Verdict

L’Omoda E5 constitue une première entrée en matière intéressante pour le groupe Chery en Europe. Son agrément de conduite et quelques éléments d’équipement ou de style manquent encore un peu de finesse. Mais l’offre globale est convaincante. Voilà qui donne déjà le ton quant à la suite de l’offensive…

PUBLICITÉ
PUBLICITÉ