Pendant la deuxième guerre mondiale, un projet complètement fou sortait de l’esprit de cet ingénieur autrichien : faire une jeep volante ! Cette Willys MB dotée d'une hélice, facile à installer/désinstaller, aurait pu se déployer derrière les lignes ennemies mais le Rotabuggy n’est jamais devenu opérationnel. Le Rotabuggy avait un poids brut de 1.411 kg. À vide, la Jeep accusait 964 kg sur la balance. Le rotor et l'empennage pesaient quant à eux 249 kg. Le Rotabuggy avait été étudié pour atteindre la vitesse maximale de 241 km/h. D'après les calculs, il devait pouvoir descendre vers le sol à une vitesse comprise entre 4,9 m/s et 10 m/s. Sa vitesse minimale de décollage et d'atterrissage était de 58 km/h. Au niveau de la mer, son rotor affichait une vitesse de rotation basique de 230 tr/min et une vitesse maximale de 260 tr/min. Pour des raisons de poids, la cabine était réalisée en contreplaqué, le pare-brise et les vitres étaient, eux, en plexiglas. L’un des deux occupants pilotait en vol grâce à un manche à balai, l’autre prenait le relais au volant une fois arrivé au sol. Un prototype a volé Les premiers essais relatifs au développement du Rotabuggy ont consisté à charger une Jeep, ou plus précisément une Willys MB 4x4, de blocs de béton et de la lâcher depuis une hauteur maximale de 2,35 mètres afin de s'assurer qu'elle pouvait absorber un certain nombre de g. sans être endommagée. Ces tests ont permis de constater qu'elle pouvait supporter une contrainte de 11 g. Un prototype fut alors équipé d'un rotor à deux pales de 12,40 mètres de diamètre, d'un carénage arrière profilé, d'un empennage et de deux dérives (pas de gouvernail), ainsi que d'un bras de contrôle flottant, d'un tachymètre de rotor et d'instruments de navigation de planeur. Le Rotabuggy fut d'abord remorqué à haute vitesse sur le tarmac derrière une Bentley 4.51 turbo, atteignant finalement une vitesse de 105 km/h qui devait lui permettre de s'envoler. Il s'éleva dans les airs pour la première fois le 16 novembre 1943. Ces essais se déroulèrent à Sherburn-in-Elmet, près de Leeds. C'est de cette base que le Rotabuggy s'envola par la suite, treuillé par un bombardier Whitley, avec un bras de contrôle flottant qui battait dans tous les sens et un pilote devant faire preuve de tout son talent pour en conserver le contrôle. Sueurs froides au début Alors que le pilote maintenait en place le bras de contrôle flottant et que le conducteur se cramponnait à son volant, cette Jeep effectua une série de mouvements de balancier. Les observateurs espéraient évidemment que le véhicule s'arrêterait plutôt dans une phase descendante qu'une phase ascendante. Et c'est heureusement ce qu'il fit. Le conducteur fut contraint de rouler à fond derrière le Whitley, auquel la Jeep était toujours attachée. Quand il s'arrêta, il fallut un certain temps pour que le conducteur puisse s'en extraire. Il fut aidé et allongé sur la piste pour retrouver ses esprits. Apparemment, il était exténué d'avoir essayé de contrôler le joystick de commande, qui avait bougé dans tous les sens durant l'intégralité du vol. Ça marche ! Les problèmes initiaux furent progressivement résolus. Le comportement général et les qualités du Rotabuggy en vol furent finalement considérés officiellement comme « très satisfaisants ». Le 11 septembre 1944, le Chef d’escadrille I.M.D. Little parvint même à contrôler l’engin en vol durant dix minutes, à 100 km/h et à une altitude de 120 m. En raison du développement des planeurs d’invasion capables d’emporter des véhicules en soute, il ne fut plus nécessaire de poursuivre les travaux.

Source : DaimlerChrysler