Ainsi donc la Scenic II (essai publié sur Vroom.be en 2003) a une grande sœur. On la reconnaît à la fenêtre plus grande à l'arrière. Quasi de la taille d’une Espace première génération, le Grand Scenic a, évidemment, pas mal de coffre : 1920 dm³. Mais surtout, il reste encore 230 dm³ en configuration 7 places. Cela change de la concurrence où il est parfois difficile d’y laisser les vestes et les parapluies pour tout l’équipage. Et si on enlève tous les sièges de la deuxième rangée et qu’on rabat le siège passager avant, on a une longueur maximale de chargement de 2,75 m. Ce qui n’est pas mal. On l’a compris, le Grand Scenic s’adresse aux familles. Pourtant, il ne faut pas se leurrer les deux sièges de la troisième rangée sont surtout réservés aux enfants ou aux adultes de taille moyenne. On s’y est risqué lors de l’essai. Déjà, il faut que ceux de la deuxième rangée acceptent d’avancer leur siège au maximum, sinon autant s’asseoir les pieds sur le coussin. Toutefois, ces sièges sont relativement confortables à condition d’accepter de placer les jambes sur le côté et de risquer de toucher le plafond avec la tête. L’accès est cependant facilité par le basculement d’un des sièges latéraux de deuxième rang. Pas de banquette en deuxième rangée mais des sièges indépendants. Un accès enfin facilité et non réservé aux alpinistes et acrobates en herbe.

Pas tout à fait pareil

Malgré sa vocation familiale, la position haute des sièges impose une belle gymnastique pour les enfants qui souhaitent y accéder. Exercice parfois périlleux aussi pour les adultes de petite taille, à l’avant comme à l’arrière. L’adjonction de la troisième rangée diminue légèrement la modularité du Grand Scenic mais elle reste remarquable et convient à tous les types de situations que l’on peut rencontrer : week-end avec papy et mammy (avec une malle sur le toit), excursion avec le vélo de la petite dans le coffre, coup de main pour le déménagement du cousin, descente sur la Côte d’Azur à quatre avec armes et bagages, transport de la nouvelle machine à laver, shopping avec le toutou, pique-nique improvisé aux abords d’une départementale, etc., etc.

Les mêmes défauts

Il fallait s’y attendre, le Grand Scenic a les mêmes défauts que sa petite sœur : position de conduite désagréable par rapport à celle d’une berline, genou qui cogne sur la colonne de direction, vibration du rétroviseur gauche sur autoroute, commande de clignotant qui a des sautes d’humeur et freins bruyants. Elle en a aussi la quasi-panoplie des qualités : habitacle très agréable à vivre, accoudoir/rangement central qui coulisse, multiples aides électroniques à la conduite et au confort, espaces de rangement en nombre, contrôle du comportement routier via l’ESP, contrôle du sous-virage, hauteur de chargement divine, luminosité agréable... Néanmoins, on a pointé une différence de taille ! Les suspensions sont plus primesautières. Il semble que le porte-à-faux et le poids ont une influence néfaste sur le comportement de la caisse. On a été quelque fois gênés par un mouvement de pompage horripilant. Les irrégularités de la route était parfois suivies d’une danse étrange d’autant plus embêtante qu’elle a perturbé l’un de nos tests de freinage d’urgence. Un renfoncement dans le macadam a fait jouer du soufflet à la suspension. Ce mouvement a brouillé l’antiblocage qui a cessé de fonctionner quelques dixièmes de secondes. Dommage ! Le roulis est relativement bien contrecarré compte tenu de la hauteur du monovolume mais il vaut mieux éviter de rouler le couteau entre les dents. De toute façon le Grand Scenic n’est pas fait pour ça malgré une solide motorisation. Si papa veut s’amuser tout seul, qu’il prenne une autre auto ou qu’il se décide à passer son permis moto.

Adaptation de la motorisation

Exit les petits moteurs de la Scenic II, le 1.4 essence et le 1.5 Diesel de 82 chevaux ne sont pas au catalogue du Grand Scenic. On a donc le choix en essence entre le 1.6 16V et le 2.0 16V, pour le Diesel ce sont les 1.5 dCi de 100 ch et les 1.9 dCi de 115 ch (ou 120 ch) qui sont sous le capot. Et vraiment sous le capot, car le bloc est quasi intouchable car plongé sous l’habitacle. Le véhicule essayé était monté avec le 1.9 dCi de 115 chevaux (85 kW). Un bon moteur Diesel à la fois sobre et efficace. Le bruit aurait pu être mieux maîtrisé. Cette version nous offre aussi la possibilité de passer la sixième. Les rapports de boîte ont d’ailleurs été adaptés spécifiquement au Grand Scenic. Le dCi remplit sa tâche avec conviction et permet d’enrouler les kilomètres sereinement tout en étant efficace sur petites routes et en relance. Pour preuve : le couple s'élève à 300 Nm dès 2000 tours minute. Le 1870 cm³ pointe à 188 km/h et passe de 0 à 100 km/h en 12,7 secondes. Le tout pour une consommation moyenne mixte de 6 litres ce qui lui donne une autonomie de 1000 km ! Si les moteurs essence sont Euro IV, les Diesel en sont encore à l'Euro III.

Le GPS pas toujours futé

Chez Renault, le GPS est badgé Car�minat. Il faut bien avouer que, parfois, il manque de précision… Néanmoins celui monté sur le véhicule d’essai semblait être meilleur que ceux déjà testés. Il faut dire qu’ici on avait l’écran avec carte qui permet de « corriger » le système qui se fait étrangement muet ou trop bavard. Ce problème est commun à tous les systèmes de navigation et n’est pas typique à celui de Renault. Par contre, si on apprécie les informations vocales du TMC (système automatique d’informations trafic pour la navigation), on ne peut malheureusement pas sélectionner le diffuseur. Car autant le TMC nous a sauvé la mise en Flandre et aux Pays-Bas, autant cela ne marche plus à l’approche de Bruxelles et en Wallonie. La faute à la RTBF (et au centre Perex) qui a dû oublier d’acheter le mode d’emploi avec le TMC ou d’engager quelqu’un pour encoder les infos. Sur beaucoup de modèles on peut demander au GPS de se brancher sur Radio 2 (VRT) plutôt que Classic 21 pour recevoir les infos TMC sur la carte et ainsi être prévenu des bouchons, travaux, accidents et autres problèmes reçus automatiquement via les ondes radio. Sur notre Renault c’était plus que des infos sur carte, c’était carrément la « gentille madame » qui nous prévenait et nous proposait de faire un détour pour éviter le problème. Génial ! Malheureusement, impossible de demander à notre Grand Scenic de rester branché le plus longtemps possible sur la VRT. Cette andouille était toute contente de capter la RTBF à la première occasion… et anéantissait tout espoir d’info routière. Et puis il y « le code »... Pourquoi les ingénieurs de Renault nous frustrent avec cette clé d’accès à certaines fonctions ? Je m’explique : pour entrer dans le menu des réglages, disons « expert », il faut un code, évidemment inconnu. Serait-ce un secret défense ? Ah ! la technologie…

© Olivier Duquesne