François Piette

30 OCT 2006

Mamy fait de la résistance

La nouvelle mouture de la Bandit présentée à Cologne nous donne l’occasion de revenir sur 1200 S, encore au catalogue.

Apparue déshabillée en 96 et toute de «S» vêtue en 97, la 1200 Bandit fait mieux que se défendre pour 2006. Revue pour ce millésime, la Bandit 1200 S bénéficie d’une ligne allégée (selle, réservoir, carénage), d’un tableau de bord modernisé avec compteur de vitesse numérique (fort agréable à l’usage, surtout face à l’éclosion des radars…), sans compter de nombreuses modifications techniques: nouvelle fourche de 43mm de diamètre, des jantes de 3,5 et 5,5 à l’arrière, un bras oscillant alu 45mm plus long, des axes de roues plus épais, des étriers de frein à quatre pistons au lieu de six à l’avant. Du classique La Bandit ne change pas fondamentalement pour un œil non exercé. Elle garde, et ça devient rare, les bons vieux carbus et la commande de starter. On perd l’habitude… La ligne classique commence à dater, même, face à la banale CBF 1000, sa concurrente désignée. Elle fait plus imposante: il est vrai que 1200cc, ce n’est pas rien. Suzuki propose ici aussi la possibilité de régler la hauteur de selle et la position du guidon. La position de conduite a subtilement évolué, grâce à la ligne redessinée: selle plus étroite, réservoir plus court. Le résultat ne se fait guère attendre: le pilote y trouve immédiatement ses marques et, même si elle paraît un peu moins intuitive que la CBF 1000, elle n’en n’est pas moins rassurante. Le moteur, une vieille connaissance, a de beaux restes et dispose d’une allonge impressionnante, sans jamais forcer ou faire peur. C’est dans les vieux pots… Souple et coupleux, on mesure ici la justification de la cylindrée pour un quatre pattes. D’où l’équation gros quatre pattes égal gros plaisir! Dès 1500 à 2000 tr/min, il reprend avec bonne volonté, mais distille hélas un peu de vibrations entre 4000 et 5000 tr/min, soit entre 120 et 140 en cinquième. Pas trop gênant, sauf peut-être sur de longues étapes autoroutières. Développant 98 ch, ce qui peut paraître modeste, il n’en fait pas moins preuve d’une fameuse santé, tractant avec vigueur la belle jusqu’à des vitesses stratosphériques (plus de 260 quand même) avec l’aide très efficace du petit tête de fourche. La Bandit 1200 S, comme toutes ses concurrentes ainsi équipées, rejoint le meilleur de différents mondes. Certes pas aussi à l’aise qu’une grosse GT sur long parcours, elle fera toutefois parfaitement l’affaire pour les vacances, une fois munie de la bagagerie généralement proposée en option. La base éprouvée et la technologie amortie préservent un prix très compétitif, permettant de goûter à la grosse cylindrée sans se faire complètement plumer. Et la définition «roadster» laisse augurer une moto alerte et joueuse. GT De fait, le poids de 215 kg à sec et de 239 kg tous pleins faits, reste contenu et plutôt raisonnable pour une moto de cette cylindrée, mais les premiers kilomètres sont malgré tout un peu intimidants en venant d’une plus petite cylindrée. Une fois habitué au gabarit, la Suzuki se laisse aisément mener, et montre sa bonne volonté dans tous les contextes. Alerte et confortable sur autoroute, stable à toutes les vitesses, elle se laisse aisément balancer sur des itinéraires plus variés. La ville ne lui fait pas peur non plus, même si elle ne témoigne pas de l’aisance d’un scoot 125. Toutes les commandes se manient avec douceur, comme sur toute japonaise qui se respecte, la boîte cinq ne demande pas de sixième, comme au bon vieux temps… Le moteur rappelle d’ailleurs aussi furieusement le bon vieux temps. Rappelez-vous, les GSX de la fin des années ’80, avec leurs blocs refroidis par eau et huile, bloc aileté donc, et dépourvu de disgracieuses durites d’eau, proche d’aspect des premiers et mythiques blocs quatre cylindres japonais des années 70. C’était le bon temps La Bandit a ce côté rassurant de ce qu’on connaît depuis longtemps, une simplicité délicieusement rétro, mais non dénuée de qualités. Le moteur, on l’a vu, a «ce qu’il faut où il faut», le châssis, tout aussi classique avec ses tubes d’acier bien visibles, ne prête pas non plus le flanc à la critique. La moto reste saine et abordable ou plus grand nombre en toutes circonstances. Fourche classique et mono amortisseur remplissent correctement leur office, conciliant tenue de route et relatif confort. Le freinage, moins tapageur d’aspect avec les étriers quatre pistons au lieu de six précédemment, manque un peu de mordant à l’attaque, mais il suffit de tirer sur le levier pour obtenir un excellent freinage, facilement dosable qui plus est. Nous n’avons pu essayer la version munie de l’ABS, mais cette option vaut la peine d’être envisagée pour la tranquillité d’esprit qu’elle apporte en toutes circonstances au pilote. La Bandit n’ameute pas (plus ?) les foules, mais fait partie de ces motos qui s’apprécient au quotidien, à l’usage. Techniquement plutôt simple, donc rassurante, facile, donc rassurante là encore, on se sent prêt à parcourir pas mal de kilomètres à son guidon. Sa position de conduite naturelle et son excellente protection au vent (nous profitions sur notre moto d’essai de la bulle touring avec réflecteur réglable), la bonne santé de son moteur et son comportement sain sont une invitation au voyage. Suzuki profite de la présentation des nouvelles 1250 pour brader les 1200. La 1200 S s’affiche à 7 400 euros, la version ABS à 7 900 euros. A ce tarif là, c’est une aubaine ! © Bruno Wouters
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