Peu de véhicules amènent à repenser ce qu'une voiture peut ou devrait être capable de faire et la Tesla Model S Plaid en fait partie. Parce que sous ses airs de berline traditionnelle, presque vieillissante, se cache une fusée, un missile, une arme de destruction massive capable de mettre à mal même la plus radicale des supercar ! Il faut dire que la Model S, on la connait bien. Produite depuis 2012 aux États-Unis, elle a connu une première refonte extérieure en 2016 avant de recevoir une nouvelle mise à jour ainsi qu’une version Plaid en janvier 2021. On ne dirait peut-être pas, mais l’Américaine de 5 m de long et 1,45 m de haut affiche bien des pare-chocs avant et arrière différents alors qu’elle atteint désormais les 2 m de large.



Une Tesla Model S Plaid un brin différente

Si la seconde mise à jour avait principalement modifié sa carrosserie, cette fois, c’est son habitacle qui évolue. Il ne compte pas moins de 3 écrans avec comme pièce maîtresse un panel central inclinable latéralement de 17 pouces ! Non, il n’est pas encore possible de répliquer son smartphone via Android Auto ou Apple CarPlay, mais le système d’infodivertissement est toujours aussi complet, facile d’utilisation et surtout plus réactif que jamais. Les matériaux sont également de bonne qualité, mais leur assemblage laisse parfois à désirer. Le tableau de bord de notre exemplaire d’essai craquait déjà de temps à autre… Bref, l’expérience à bord est très proche de celle des autres modèles de la marque, si ce n'est qu’il y a ce fameux volant en forme de « yoke » sur lequel on reviendra plus tard.

Toujours aussi spacieuse 

Certaines choses évoluent à bord de l’Américaine, mais d’autres pas, comme son habitabilité. Le packaging proposé par Tesla est toujours aussi impressionnant. Grâce à son empattement de 2,96 m, la Model S déborde d’espace à la seconde rangée sans sacrifier son volume de chargement. Son coffre arrière atteint les 709 litres alors qu’elle dispose en prime d’un espace de 89 litres sous son capot pour afficher un total de 798 litres ! À titre de comparaison, c’est mieux qu’une Octavia et même qu’une Superb Combi. Pas mal pour une berline électrique qui affiche pourtant de meilleures performances que certaines supercar. 



Dragster expédiant le 0 à 100 km/h en 2,1 s ! 

Il est temps de passer aux choses sérieuses, avec la motorisation de la Model S de cet essai. Notre version Plaid dispose de 3 moteurs : 2 à l’arrière et un à l’avant qui développent ensemble un total de 1.020 ch et 1.450 Nm de couple ! Une cavalerie qui lui permet d’expédier le 0 à 100 km/h en 2,1 s (hors lancement et une fois le mode dragster activé) et atteindre une vitesse de pointe de 322 km/h avec le Track Package. Une chose est sûre, ça va fort, très fort, trop fort même… mais ça aussi, on y reviendra plus tard. Parce que malgré ces performances de super, voire d’hypercar, la Model S maîtrise à la perfection sa consommation. Lors d’un trajet varié où nous n’avons pas (trop) écrasé l’accélérateur, nous avons mesuré une moyenne de 18,2 kWh/100 km. Tesla ne communique pas officiellement la taille de sa batterie, mais annonce tout de même une autonomie maximale de 600 km. Dans la pratique, il est possible de dépasser les 500 km par charge. Pas mal. Surtout que la variante Plaid ne dispose pas de la meilleure autonomie. Il existe en effet une version « seulement » dual motor capable d’atteindre 634 km par charge tout en affichant 100 km/h en 3,2 s et 250 km/h en vitesse de pointe. À nos yeux, il s’agit d’ailleurs de la Model S pour laquelle opter. 



Trop puissante

Les accélérations de la Tesla Model S Plaid sont tout simplement stratosphériques ! Même dans ses mauvais jours, elle expédie le 0 à 100 km/h plus rapidement que pratiquement n’importe quelle super ou hypercar. Mais pour le reste en revanche, c’est une autre histoire… Sa direction est certes vive, mais pas spécialement précise et certainement pas communicative. Des défauts encore exacerbés par son volant « yoke ». Avec ce dernier et à hautes vitesses, on ne se sent pas pleinement en contrôle du véhicule. Et à basse vitesse, chaque manœuvre réclame un instant d’attention ne serait-ce que pour savoir où mettre les mains. Et l’on ne vous parle même pas des clignotants tous deux situés sur la gauche du volant qui sont un calvaire à utiliser. Ce yoke est véritablement difficile à prendre en main et puisqu’il s’agit désormais d’une option à 250 €, peut-être vaut-il mieux s’en passer.



Ce dont il ne faut en revanche pas se passer si l’on opte pour la Model S Plaid, c’est le Track Package et ses disques en carbone. Les freins d’origine sont en effet loin d’être suffisamment mordants pour arrêter les 2,2 tonnes de l’engin après que l’on ait écrasé la pédale de droite. Oui, les accélérations de la Tesla Model S Plaid sont impressionnantes, même pour nous qui essayons toutes sortes de véhicules. Mais elles ne devraient se faire que dans des conditions qu’il est tout simplement impossible de retrouver sur route ouverte. Osera-t-on le dire ? Oui : cette Tesla Model S Plaid est trop puissante au quotidien.



Cela dit, ne perdons pas de vue que la Model S n’est pas une supercar, mais bien une berline capable de parcourir confortablement de longues distances. Et ça, elle le fait brillamment grâce à son habitacle silencieux, pour autant que le tableau de bord de craque pas ou qu’un caillou ne heurte pas sur le soubassement, mais également grâce à sa suspension pneumatique. Cette dernière passe à la simple pression d’un bouton d’un réglage ferme éliminant une bonne partie des mouvements de caisse à un amortissement souple qui absorbe bien les défauts et aspérités de la route. Une suspension dont dispose déjà la Model S classique qui, avec un 0 à 100 km/h chronomètre en 3,2 s, est déjà capable de déposer une supercar. Elle va également plus loin et est surtout (beaucoup) moins chère.

Combien coûte une Tesla Model S ? 

Le prix de la Tesla Model S Plaid débute actuellement à un minium de 133.470 € en Belgique et flirte avec les 170.000 € une fois toutes les options, fonctionnalités de l’Autopilot et Track Package sélectionnés. Vaut-elle véritablement ce tarif ? Oui et non. Pour pouvoir expérimenter de telles accélérations, il n’y a incontestablement pas meilleur marché que cette Américaine. N’importe quel autre véhicule aux performances similaires réclame une somme considérablement plus élevée dépassant parfois le million d’euros. On pense notamment à la Bugatti Chiron ou à la Rimac Nevera. Mais d’un autre côté, la qualité d’assemblage et même de certains matériaux n’est pas à la hauteur d’une telle facture. Pour un tarif avoisinant les 100.000 € en revanche, pourquoi pas, et c’est justement ce que vaut la Model S classique qui affiche actuellement un prix de départ de 108.470 €. 

Notre verdict 

La Tesla Model S est impressionnante du fait de son packaging, sa technologie et ses performances, surtout en version Plaid. Malheureusement, sans le Track Package, elle ne se comporte absolument pas comme une sportive de haut niveau, ce qui la rend même dangereuse par moment. Elle a cependant plus d’une corde à son arc et est également excellente pour enchaîner confortablement les kilomètres. Chose que fait d’ailleurs tout aussi bien la Tesla Model S classique qui dispose d’une meilleure autonomie, est 25.000 € moins cher et est toujours capable de laisser sur place bon nombre de supercar. Un choix qui paraît donc plus intelligent. 

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