Jean-Francois Christiaens

4 DÉC 2023

Essai : BMW i5 M60 xDrive, l’athlète complet

La BMW Série 5 se convertit à son tour à la mobilité électrique en i5. Avec, pour marquer le coup, une variante explosive frappée M60 xDrive. De quoi transformer la berline d’affaires aussi en sprinteuse ?

PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Les points forts

    Les points faibles

      BMW poursuit son offensive électrique en déclinant sa berline d’affaires Série 5 aussi en i5 à l’occasion de son changement de génération. Contrairement à Mercedes, l’éternel rival, qui opte pour une différenciation plus marquée entre ses modèles électriques EQ et ses modèles thermiques, en l’occurrence les EQE et Classe E dans ce même segment, BMW articule ses Série 5 et i5 sur la même base technique. Esthétiquement, qu’elle soit alimentée par des moteurs thermiques, hybrides rechargeables ou entièrement électriques, la « 5 » de BMW conserve donc la même apparence extérieure.

      La folie des grandeurs

      Et, du coup, le même encombrement XXL ! Pour son changement de génération, la Bavaroise d’affaires n’a en effet pas lésiné sur les centimètres. Elle gagne quasiment 10 cm d’un coup (+97 mm) pour dorénavant dépasser largement la barre symbolique des 5 mètres : 5,06 m. Soit un gabarit plutôt réservé à la Série 7… avant qu’elle-même ne succombe aussi à la folie des grandeurs en poussant jusqu’à 5,39 m pour sa nouvelle vie. Voilà en tous les cas qui permet à l’i5 de prendre ses distances par rapport à la Mercedes EQE qui se contente de 4,95 m de carrosserie. Dans la pratique, il faudra s’habituer à ces nouvelles mensurations (avec 1,90 m, elle gagne aussi 32 mm en largeur par rapport à la précédente Série 5). Mais bien sûr, les caméras et autres aides électroniques modernes (parking à distance, etc.) veillent au grain. Sans compter la possibilité de jouir de roues arrières directrices, en série sur l’i5 M60 xDrive, pour réduire le rayon de braquage.

      Iconic Glow

      Esthétiquement, l’i5 opte pour une robe moins clivante que sa grande sœur i7 ciblant nettement moins la clientèle européenne. Mais sa petite touche pour se démarquer, c’est la calandre Iconic Glow. C’est comme si l’i5 soulignait sa grande bouche d’un rouge à lèvres lumineux. Par-ci par-là, on note aussi d’autres petits détails stylistiques spécifiques à cette nouvelle génération, comme les « 5 » apposés derrière les vitres de custode ou les jupes noires latérales qui se prolongent « en vagues » sur le pare-chocs arrière.



      Habitabilité généreuse

      Les nouvelles mensurations de la Série 5 ne la rendent pas seulement plus encombrante lors des manœuvres ! L’empattement qui atteint dorénavant presque 3 mètres (2.995 mm) et le pavillon qui s’élève aussi de près de 4 cm (36 mm) libèrent un espace habitable généreux à l’arrière. Comme souvent dans le segment, ce sont toutefois surtout les passagers latéraux arrière qui sont choyés, la place centrale étant davantage sacrifiée. Il faut dire que l’i5 conserve le tunnel de transmission des variantes thermiques…

      Côté coffre, l’i5 présente un volume appréciable de 490 l à l’ouverture généreuse et ménage un petit rangement sous le double plancher pour ranger les câbles de recharge. En revanche, l’i5 n’offre aucun coffre supplémentaire sous son capot avant.

      Démonstration technologique

      Côté design intérieur, la BMW i5 mélange innovations bienvenues et détails parfois irritants. Les poignées pour ouvrir les portières, par exemple, imposent de se tordre le poignet pour les actionner. La structure du menu pour le fonctionnement du combiné chauffage / climatisation est aussi plutôt complexe. Il est d’ailleurs aussi visiblement impossible d’allumer en même temps les sièges chauffants du conducteur et du passager. Si on clique sur l’icône du siège de son côté de l’écran, le « pop-up » qui permet d’activer la fonction du côté du passager disparaît et vice versa. Le petit jeu peut durer longtemps quand on pénètre à deux dans un habitacle glacé…

      Mais au-delà de ces « détails » auxquels on s’habituera rapidement à l’usage, on soulignera l’excellente finition de l’ensemble et la qualité des matériaux utilisés (un intérieur végan est proposé, une première chez BMW) et le côté haut de gamme souligné notamment par la « BMW Interaction Bar » offerte en série sur l’i5. Soit une barre rétroéclairée multicolore, comprenant des commandes tactiles, qui s'étend sur toute la largeur du tableau de bord.

      Bureau… ou salle de jeux

      Epuré, l’habitacle ne laisse que peu de place aux boutons physiques. BMW ne rentre toutefois pas dans le course de l’Hyperscreen format XXL de Mercedes ni même vers le triple écran, dont un réservé au passager, qu’on peut aussi retrouver chez Porsche. L’i5 se contente du double écran incurvé qui se multiplie dans les habitacles BMW ces derniers temps. Il combine un écran d'informations de 12,3 pouces et un écran de contrôle de 14,9 pouces. Cet iDrive intégrant le système d’exploitation OS 8.5 offre une connectivité de pointe et une ergonomie globalement intuitive (hormis les quelques couacs mentionnés) grâce à sa fonction « QuickSelect » qui réduit l’obligation de naviguer dans des sous-menus via des raccourcis.

      En bonne berline d’affaires, l’i5 peut également se transformer en bureau mobile. Mais aussi en « salle de jeux » ! Pour tuer le temps lors des recharges, par exemple, il est possible de se connecter facilement à l’application AirConsole. On a testé et la manœuvre est enfantine : les occupants du véhicule scannent le code QR qui s’affiche à l’écran et leur smartphone se transforme immédiatement en manette de jeu.



      81,2 kWh nets

      Côté technique, l’i5 démarre sa carrière en deux variantes : l’eDrive40 (propulsion de 250 kW / 340 ch et 430 Nm) et la version sportive testée ici griffée « M ». Cette i5 M60 xDrive s’offre deux moteurs électriques lui assurant une transmission intégrale et une cavalerie totale portée à 442 kW / 601 ch et jusqu’à 820 Nm ! Dans les deux cas, on retrouve une batterie lithium-ion de 83,8 kWh bruts / 81,2 kWh nets. L’eDrive 40 avance alors 582 km d’autonomie WLTP contre 511 km pour la M60 xDrive. 

      Dans la pratique, nous avons relevé en conditions hivernales une consommation réelle de 21,1 kWh/100 km en mode « navetteur », soit en conduite stabilisée sur autoroute. Ce qui laisse présager un rayon d’action tirant plutôt vers les 380 km. Mais, on s’en doute, l’i5 M60 xDrive incite aussi à profiter davantage de ses 820 Nm à l’occasion ! La consommation moyenne pourra alors tirer vers les 25 voire 30 kWh/100 km.

      Sportive complète…

      Mais la bonne nouvelle, c’est que cette i5 M60 xDrive est loin d’être uniquement une catapulte à pile en ligne droite. Car si on trouve dorénavant plusieurs « pseudo-sportives » électriques sur le marché annonçant des accélérations tonitruantes, rares sont celles qui se montrent aussi convaincantes que cette Bavaroise survoltée en conduite dynamique. Les accélérations sont, ici aussi, explosives (0 à 100 km/h en 3,8 s) mais l’amortissement piloté, les freins, les quatre roues directrices, les béquilles électroniques, etc. fonctionnent aussi de concert à merveille pour livrer une excellente partition. Certes, le « bestiau » pèse tout de même 2.380 kg, ce qui se ressent parfois sur certains freinages. Mais globalement, ce poids est efficacement gommé par l’efficacité du châssis et de la transmission.

      … et confortable

      L’autre bonne nouvelle, c’est qu’en véritable Dr. Jekyll & Mr. Hyde, l’i5 M60 xDrive ne sacrifie pas sa polyvalence sur l’autel du sport. Sans être « moelleux », son amortissement calibré en mode confort reste plutôt prévenant. Le freinage régénérateur fonctionne parfaitement en mode automatique. Et, surtout, l’insonorisation générale est excellente ce qui permet d’envisager de longs déplacements sans fatigue. Pour les voyages au long cours, la recharge rapide atteint jusqu’à 205 kW. On a testé sur une borne Ionity et on a récupéré de 19 à 60 % en exactement 18 minutes. Le chargeur intégré digère, quant à lui, du courant alternatif jusqu’à 22 kW.

      Prix BMW i5 M60 xDrive

      Si l’i5 démarre à partir de 73.700 €, la version M60 à deux moteurs porte l’addition minimale près de la barre des 110.000 € : 109.300 €. Certes, cette version marie à merveille trois univers de BMW : celui de la « 5 », celui de la mobilité électrique « i » et celui des sportives « M ». Mais cet heureux mariage se paie… D’autant plus que si l’équipement de série est alors déjà généreux, les « petites options alléchantes » restent nombreuses et chères. Notre modèle d’essai affichait un prix catalogue final de 132.460 €.

      Notre verdict

      L’i5 M60 xDrive est une berline indéniablement surdouée qui excelle dans de nombreux domaines. Un athlète complet. Mais si on n’a pas nécessairement besoin d’une telle cavalerie sous le pied droit, la « simple » i5 eDrive40 avance un tarif sensiblement moins dissuasif.

      ?

      PUBLICITÉ
      PUBLICITÉ
      PUBLICITÉ