François Piette

6 JUL 2016

Coûts à l’usage : Dodge Viper, un monstre encore abordable

C’est une bête rare et exclusive. Pourtant, elle reste infiniment plus abordable que ses prestigieuses rivales italiennes, surtout à l’entretien. Et à bord, les sensations ne manquent pas… Nous traitons ici la première génération, commercialisée de 1992 à 2002 !

Bob Lutz, charismatique patron américain, a longtemps désiré la Viper. Pour lui, il fallait une authentique voiture de sport pour redorer l’image de Chrysler et faire étinceler celle de Dodge. Histoire de ne pas manquer une arrivée qu’il voulait spectaculaire sur le marché, Bob s’adjoint les services du légendaire Carroll Shelby et de… Lamborghini pour le développement de cette sportive.

Le monstre dans les chiffres…

Arrivée sur le marché en 1992, la Viper est une sportive typiquement américaine. Comprenez qu’elle est du genre brute de fonderie, affiche une gueule racoleuse au possible, est finie « au marteau » et que sous son capot se cache un énorme moteur peu poussé. Dérivé d’un bloc de… camion, ce V10 de 8 litres de cylindrée (sic) développe plus de 400 chevaux. Une puissance colossale dans l’absolu, mais dérisoire en rapport avec la cylindrée du moteur. Le tout est accouplé à une boîte manuelle à 6 rapports et la puissance se voit renvoyée sur les roues arrière.

Bridée pour l’Europe

Dodge étant inconnu en Europe, Chrysler exporte sa sportive chez nous sous le badge... Chrysler. Les réglementations sévères du Vieux Continent ont d’ailleurs eu raison de ses échappements latéraux et de la voix gutturale qui s’en échappaient. En débarquant sur le continent, la Viper a donc perdu sa sonorité et… une trentaine de chevaux. On vous rassure, avec environ 380 chevaux sous le pied droit, il y a toujours de quoi faire cirer les pneus arrière !

GTS

Roadster sanguinaire, la Viper a fini par connaître une version coupé mieux finie, plus performante et au comportement améliorée. La GTS est née et avec elle, le V10 développait environ 450 chevaux. Voilà qui explique pourquoi le coupé a la faveur des amateurs, par rapport au roadster.

A l’usage

La Viper, c’est une bête féroce à ne surtout pas mettre entre toutes les mains. Le V10 débite un couple camionesque (et pour cause) dès les plus basses rotations, ce qui met très facilement en péril le train arrière. Sous la pluie, mieux vaut donc la laisser au garage, d’autant que Dodge n’a pas jugé bon de doter sa sportive d’assistances électroniques : on n’y trouve en effet ni ABS, ni ESP, ni antipatinage… Bref, le rock ‘n roll est assuré, surtout que Dodge a oublié d’équiper sa voiture de vrais freins ! Quant à la finition, elle est tout simplement… déplorable !

Prix d’achat

Alors que les divas italiennes s’échangent volontiers contre des prix à 6 chiffres, une Viper paraît plus raisonnable à l’achat. On trouve des modèles à 30.000 €, mais il faut compter un grand minimum de 40.000 € pour un exemplaire en état correct. Tablez sur un supplément de 10.000 € pour une GTS.

Entretien

Alors que les prestigieuses GT européennes vous ruinent à l’entretien, une Viper reste étonnement douce avec votre portefeuille. En effet, hormis une quantité conséquente d’huile dans le carter, les pièces sont très peu onéreuses et le moteur, avec son unique arbre-à-cames central, est dénué de courroie de distribution.

Il est tout-à-fait possible de réaliser l’entretien soi-même à défaut de trouver un spécialiste, ce qui revient alors à environ 150-200 euros. Seul soucis : le prix des pièces de carrosserie. Un nouveau capot s’échange contre près de… 20.000 € ! De quoi tempérer la testostérone… D’autant que les pneus coûtent une fortune (près de 1.200 € pour une paire de pneus arrière) et que la consommation est à la hauteur de la cylindrée : entre 20 et 30 l/100 km !

Fiabilité

Equipement réduit et mécanique de camion forment un excellent duo : la Viper est quasi indestructible ! Evitez toutefois les modèles sauvagement préparés : cela fragilise la mécanique. De série, le V10 est en effet sous-exploité, ce qui garantit un couple tonitruant dès le ralenti et une fiabilité hors normes. L’embrayage ne tient toutefois pas longtemps la distance, surtout si vous aimez les démarrages « fumants », et le pont est plus fragile que le reste… Pour le reste, roulez !

Conclusion

Il y a peu, nous traitions la TVR Tuscan, une voiture à la philosophie finalement assez similaire à la Viper. Aucune ne pardonne les erreurs au volant et toutes deux se dédient à une utilisation parcimonieuse. Mais dans les deux cas, il est question de grosses sensations ! Et ce que la Viper perd en sophistication face à l’anglaise, elle le gagne en fiabilité. Avec elle, vous serez à l’abris des gros ennuis !

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