Un cri suraigu se répercute à travers la vallée. Au loin, le chant menaçant se fait de plus en plus prenant et s’accompagne d’un épais nuage de poussière. Le hurlement s’intensifie et voilà qu’une frêle petite chose surgit d’un virage, semblant opérer une vraie chorégraphie de virages en virages. Glissant gracieusement au travers des courbes, la Stratos contribuait largement à l’ambiance sonore des rallyes des années 70, avec son chant cristallin et rageur. Une véritable légende qui se négocie aujourd’hui à prix d’or.

Conçue pour la course !

Si elle a d’abord été conçue pour la compétition, la Stratos n’en reste pas moins un chef d’œuvre de design. Cette beauté sculpturale, elle est due à Nuccio Bertone, qui, au firmament de son inspiration, jeta les bases d’un dessin spectaculaire avec son concept Stratos 0, dévoilé au salon de Turin de 1970. Une audace stylistique inouïe, d’un incroyable futurisme et résolument taillée à la serpe. La version définitive s’en éloigna quelque peu, mais l’esprit était similaire : une auto compacte, dessinée avec des arrêtes vives et quelques courbes pour lui donner une musculature impressionnante. Conçue pour dominer la compétition, la Stratos dû d’abord se faire homologuer, raison de sa mise en production…

La version de série

Ainsi donc, 401 exemplaires furent produits à partir de 1973 et délaissèrent le V4 Lancia initialement prévu sous le capot du prototype. En lieu et place, Lancia se tourna vers le très musical et performant V6 Dino, conçu par l’équipe Ferrari. Un moteur compact et offrant une puissance spécifique spectaculaire. Equipant les Fiat Dino et Dino 246 GT, ce moteur, d’une cylindrée de 2.4 l, offrait la respectable puissance de 190 chevaux. Les montées en régimes jusqu’à 8.000 tr/min étaient son pain quotidien et elles étaient accompagnées d’une musique digne d’un opéra de Verdi : grave et sourde à bas régimes, puis progressivement rageuse et de plus en plus aigue au fur et à mesure de la montée en régimes. Un timbre unique !

En rallye !

Une fois l’homologation dans la poche, Lancia se tourna vers le Rallye, la raison d’être de son bolide. Et les résultats ne se firent pas attendre : de 1974 à 1976, le bolide transalpin rafla les championnats du monde, aux mains du pilote italien Sandro Munari. Pour son entrée dans le Groupe 5, Lancia équipa sa Stratos d’une paire de turbocompresseurs : près de 500 chevaux au banc ! Mais, hélas, une fiabilité aléatoire… La Stratos s’essaya également au circuit, avec une victoire au Tour d’Italie.

Aujourd’hui

Avec, au total, moins de 500 exemplaires fabriqués, la Stratos est une bête rare et… chère ! Pour ne pas dire hors de portée du commun des mortels, avec des exemplaires s’échangeant contre plusieurs centaines de milliers d’euros. Toutefois, si votre bourse ne vous permet pas une telle acquisition, sachez que certaines firmes sont spécialisées dans les répliques, généralement en polyester. Question moteur, c’est vous qui voyez, mais les 4 cylindres Fiat de 124 et V6 Alfa sont les motorisations les plus souvent rencontrées.